Chapitre 2

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Six heures du matin. Joshua battit lentement des paupières en éteignant son réveil. Sa tête lui faisait énormément souffrir. La soirée de la veille avait mal tournée et il n'avait presque pas dormi. Forcé de raccompagner son fils à son domicile après sa crise d'angoisse, Ray l'avait disputé durant tout le trajet. Il ignorait comment un jeune homme plein de vie pouvait se pourrir la vie pour des broutilles. Entre eux, le conflit perdurait depuis des années. Joshua n'avait jamais digéré le divorce de ses parents et les nombreuses aventures de son père. De son côté, Ray restait indifférent aux faiblesses de son fils qu'il jugeait dérisoires.

Joshua abandonna ses couvertures. Il se planta face à son miroir mural, une grimace aux lèvres. Dans son état, difficile d'envisager une journée de travail sans s'effondrer ou se gaver de médicaments. En lui résonnaient encore les critiques gratuites, oppressantes et insupportables de Ray. Le pompier aimerait pourtant que leur relation s'améliore, qu'ils puissent enfin se réconcilier après tant de non-dits. Cela relevait du miracle.

Joshua porta son téléphone à sa vue puis y découvrit une multitude de SMS de sa mère. Contrairement à Ray, elle le surprotégeait depuis toujours. Trouver un équilibre parmi ce contraste se révélait ardu.

Le pompier quitta ses cogitations à regret lorsqu'il entendit la porte d'entrée claquer. Il se précipita dans le salon sans même enfiler un pantalon. Il se présenta en boxer face à un Will tout juste rentré.

— Salut coloc'.

Exaspéré, le concerné croisa les bras sur sa poitrine. Son regard en révélait beaucoup sur son état d'esprit : le fait que son ami s'absente sans prévenir et délaisse ses tâches ménagères le rendait fou de rage.

— Toi, tu as mal dormi, je me trompe ?

Le grand blond de vingt-huit ans aux yeux azur se posta face à un Joshua amer. Il adorait le provoquer. Si d'habitude, le métis y répondait avec entrain, il maudissait son ironie, aujourd'hui. Et ça depuis...

— Tu veux un café ? poursuivit Will, la mine soucieuse.

— Non, merci. En revanche, j'aimerais que tu t'occupes du linge et de la vaisselle. C'est ton tour.

Will ricana. Son amusement agaça davantage Josh. Sa migraine gagnait du terrain, au même titre que son énervement.

— Relax, je vais m'en occuper !

— Très bien.

Joshua s'apprêtait à quitter la pièce quand son ami le retint en l'interrogeant sur son état.

— Tout va bien ?

— On ne peut mieux ! Pendant que tu t'envoyais en l'air, je me farcissais toutes les corvées ! J'en ai marre que tu ne penses qu'à toi !

— Tu es mal luné, ou quoi ? s'impatienta Will.

— Où étais-tu, hier ? l'agressa-t-il.

— En quoi ça te regarde ? rétorqua la victime, décontenancé.

Même déstabilisé, Will restait plus que séduisait. Il transpirait d'assurance, de confiance en lui et de classe. Tout ce que Joshua ne posséderait jamais, en somme. Ce constat l'anéantit.

— Réponds-moi ! s'enflamma-t-il.

Après un silence, Will cracha le morceau, la mort dans l'âme.

— Chez Lily.

— ...

Déjà, le pompier tournait les talons en direction de la salle de bains. Évoquer cette jeune barmaid avec son ami le rendait malade. Tous deux avaient craqué sur elle dès leur première rencontre, assis sur ce tabouret au bar où elle servait. Aujourd'hui, Will sortait avec elle et Josh contenait sa fureur.

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