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Après une douche revigorante, je me suis allongée une petite heure avant de me rendre présentable pour le reste de la soirée. À peine la dernière touche de mascara posée, Bonnie s'invite dans mon salon grâce au double de clé que je lui ai confié, il y a quelques mois. Elle me saute à nouveau au cou et me serre dans ses bras. Visiblement, l'excitation de la journée n'est pas retombée !

De mon côté, j'ai retrouvé mon calme. J'ai eu le temps de réorganiser mes pensées, revivre à plusieurs reprises mon audition, allongée sur mon lit. J'ai réfléchi à mon choix, aux paroles de Catarina, de Samuel, de Zeal. Je revois son regard sombre s'ancrer au mien. J'ai senti à nouveau cette tension qu'il a ensuite chassée avec quelques mots d'un froid digne d'un Mister Freeze. Je me suis répété que je m'étais fait des idées. Des idées de quoi ? Pfff, je n'en sais rien.

— Avant toute chose, me lance mon amie avec une œillade mutine, pourquoi Zeal ? Vu tout le cinéma que Samuel t'a fait... un peu plus, et il se vautrait à tes pieds, quoi ! Catarina a été convaincante aussi, alors pourquoi lui ?

— Je ne le comprends pas moi-même, lui avoué-je dans un soupir. J'étais partie pour Catarina, quand elle m'a serrée dans ses bras, c'était réglé et pourtant... Je ne sais pas. Ce qu'il m'a dit m'a semblé sincère. Et puis, il y a eu quelque chose.

— C'est-à-dire ?

— Je ne sais pas ! Il me regardait tellement intensément. C'était... je ne sais pas.

— Le coup de foudre ? tente Bonnie avec des étoiles dans les yeux.

— Mais non ! Voyons, ne dis pas de bêtise. Ça n'a rien à voir ! On n'est pas dans un film, je te rappelle. Et je ne ressens rien de romantique pour lui.

C'était plus primaire, plus instinctif. Quelque chose que je suis incapable d'expliquer. Certes, le chanteur de Midgard Sun est beau, une aura mystérieuse et sombre l'entoure, et il en joue. C'est un peu le ronchon du quatuor de jurés, ce qui le rend séduisant, à sa façon. Certaines femmes aiment ce côté râleur qu'elles imaginent câliner dans l'espoir de lui arracher un sourire ou de provoquer un changement d'humeur.

Cela dit, selon les tabloïds, il peut être un sacré fêtard capable d'aller dans les excès. Je ne le suis pas plus que ça sur les réseaux, mais je lis les articles que je croise de temps en temps. Ce qui m'intéresse, c'est sa musique, celle de son groupe, sa voix.

— Hm hm, je vois. C'est ton corps qui a réagi ? C'est quand la dernière fois que tu t'es envoyée en l'air, rappelle-moi ?

— Oulala ! Quelques semaines ? C'est pas si long !

Depuis la fin de ma précédente relation, en gros. Elle n'a duré que quelques mois, mais elle a été plutôt chaotique. La jalousie et la possessivité de Tyler ont fini par m'étouffer. Au début, il a été adorable, attentionné, protecteur, mais j'ai vite déchanté quand je suis sortie sans lui, avec ma meilleure amie. J'ai eu droit à plusieurs crises avant de me rendre compte qu'il me suivait, ce dingo ! Après des excuses bidons pour expliquer son comportement, de nombreuses disputes, j'ai préféré mettre fin à toute l'histoire, car il est hors de question que je laisse quelqu'un diriger ma vie ou me surveiller.

C'est une décision que je ne regrette pas, même si je l'aime beaucoup, Ty. Son petit côté sauvage et son caractère de cochon que j'ai découvert à force de discuter avec lui m'ont séduite. Sa susceptibilité m'a beaucoup amusée, ses moues boudeuses m'ont attendrie. J'aurais peut-être été plus loin avec lui, avec le temps, mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu.

— Pas faux, pas faux. En tout cas, un regard, et ça lui a suffi pour t'attirer dans son équipe. Balaise, le Zeal !

— J'ai suivi mon instinct. Samuel m'a limite promis que si Zeal se débarrassait de moi au prochain tour, il serait au rendez-vous.

Bonnie s'immobilise devant son reflet puis m'observe à travers le miroir. Elle se retourne vivement pour me faire face, pose ses mains sur mes épaules et me secoue légèrement.

— Merde, mais tu les as ensorcelés, ma parole ! C'est dingue ! Au fait, tu as vu Bliss quand tu es montée sur scène ? Ils vont sans doute couper au montage, mais la tête qu'elle a tirée ! Prête pour Halloween, quoi !

— Pas à ce moment-là, mais plus tard, j'ai remarqué. Si elle fronçait du nez avant que j'ouvre la bouche, ce n'est pas ma prestation qui l'a gênée. J'imagine que je n'ai pas rempli ses critères de beauté avec mes cuisses et mon gros cul, ricané-je en haussant les épaules.

C'est vrai que lorsqu'elle crée son équipe, Bliss opte souvent pour des gravures de mode avec une voix qui s'accorde au visuel. Elle-même est absolument magnifique. Sa voix, cristalline et puissante, s'allie à son physique de rêve. Elle fait tourner les têtes, je peux comprendre pourquoi. Je suis juste déçue, en fait, d'avoir la confirmation de la part de Bonnie. Elle aussi semble dépitée, en colère, même.

— Barbie fera moins la maline quand tu élimineras les membres de son groupe. Elle ne sait pas ce qu'elle perd, mais elle le comprendra vite, ne t'en fais pas. Ce qui me rend dingue, c'est que personne ne remarque son vrai visage avec toute la magie de la télé, pfff !

— Heureusement que Kaya a rattrapé le coup, n'est-ce pas ? lancé-je pour alléger l'atmosphère.

Mon amie peut se mettre dans tous ses états quand on me critique ou parle dans mon dos. Elle sort les griffes en mode maman ours et elle mord, l'animal ! Cela dit, je suis pareille, prête à attaquer si on s'en prend à ma copine, même si, avec son caractère de feu, elle n'a pas besoin de mon aide.

— J'avoue. Elle est encore plus belle en vrai, c'est dingue ! Je ne t'ai pas dit, je lui ai filé mon numéro, et...

— Tu as quoi ? m'exclamé-je en criant à moitié. Bon', mais tu as attendu tout ce temps pour me l'annoncer ?

Elle ricane en me voyant si choquée. Elle l'espérait, la garce ! Elle a patienté pour me sortir l'information comme ça, en sachant pertinemment comment je réagirais.

— C'était ton moment de gloire, ma belle, je n'allais pas gâcher ça. Elle a juste accepté de le prendre. Bon, avec un petit clin d'œil encourageant, glousse la métisse avec une certaine fierté. Je n'ai plus qu'à attendre que mon charme opère à retardement. D'ici, allez...

Elle regarde sa montre et affiche un air pensif, avant de m'offrir une jolie prévision.

— La fin de la semaine, j'ai un message de sa part.

— Tu es optimiste !

Pourtant, rien n'est impossible avec Bonnie. Elle a quand même réussi à glisser son numéro pendant ma prestation, à l'insu de mes parents, trop concentrés sur l'écran et mon passage devant les coachs.

— Toujours. Je te dis, je le sens, elle me veut !

Je ris, admirative de la confiance de mon amie et de sa manière d'aborder si facilement quelqu'un comme Kaya. Moi, je me serais imaginé me prendre une belle veste et je n'aurais pas essayé ! Nous ne sommes pas du même monde avec la présentatrice, ça ne m'aurait pas traversé l'esprit. C'est aussi ça que j'aime chez elle. Sa spontanéité, sa sincérité et ce côté un peu candide, parfois.

— Je n'en reviens pas que tu m'aies caché ça !

— Je sais, je sais, mais je n'ai pas pu le garder pour moi bien longtemps. D'ailleurs, ça reste entre nous, d'accord ?

Je promets de tenir ma langue. Pas besoin d'accord de confidentialité, je garderai le silence tout en croisant les doigts pour que le téléphone de ma meilleure amie lui annonce une bonne nouvelle très bientôt. En retour, je lui fais jurer qu'en cas de réponse, elle m'en informe immédiatement, cette fois. Qu'importe l'heure du jour ou de la nuit !

Standing Ovation [édité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant