Chapitre 7 - La rencontre muette

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Lorsqu'Agathe fut enfin libérée de cette réunion de voisins, elle eut envie de remercier le bon Dieu d'avoir eu pitié d'elle. Certes, de bonnes idées avaient été données, mais qu'est-ce qu'elle s'était fait chier. Non, il n'y avait vraiment aucun autre terme plus poli qui pouvait résumer son ressenti du moment.

— Tenez, lâcha Cédric en tendant un petit bout de papier à plusieurs de ces voisins. Comme convenu, j'ai noté mon mail pro. Envoyez moi un simple message avec votre nom, comme ça, je vous mettrai dans la liste de la copropriété et lors de la prochaine réunion, je ferai le compte-rendu.

— Oui enfin, si votre propriétaire vous permet d'assister à la réunion, le reprit Huguette.

— Argumenter pour qu'il accepte ? Aucun souci, vous pouvez partir du fait que c'est dans la boite.

Alors que Cédric venait de lui tendre son petit papier, Agathe se contenta d'attraper ce dernier, le regard posé sur une chevelure brune à quelques mètres d'elle. Qu'est-ce que faisait cette gosse dans le hall de la résidence ? La jeune femme ne l'avait jamais vue auparavant. Il faut dire que des bouclettes aussi parfaites, ça ne courrait pas les rues.

— Bonne journée ! lança Agathe pour faire bonne figure avant d'abandonner la petite troupe de voisins.

Doucement, la couturière s'avança vers la gamine. Elle devait avoir 8 ou 9 ans, à tout casser. En tout cas, c'était ce que sa taille et sa morphologie semblaient vouloir dire.

— Bonjour, souffla Agathe en se baissant pour être à la hauteur de l'enfant. Tu es perdue ? Tu attends quelqu'un ?

Le sursaut de la brunette fit comprendre à la jeune femme qu'elle n'avait pas remarqué sa présence. Des yeux couleur menthe à l'eau se tournèrent vers Agathe et cette dernière en eut le souffle coupé. Elle avait déjà vu des personnes avec des iris surprenantes, mais là c'était encore un level au-dessus.

— Pardon trésor, je ne voulais pas te faire peur. Tes parents habitent ici ? Tu attends quelqu'un peut-être ?

Agathe avait remarqué que la gamine avait fait les cents pas devant les boites aux lettres. Peut-être cherchait-elle quelqu'un ? A moins que... Non, c'était complètement ridicule, pourquoi une enfant qu'elle ne connaissait pas serait la postière de l'admirateur secret ? Décidément, cette affaire de démasquage lui retournait trop le cerveau.

La preuve : elle avait même songé à la possibilité que Cédric soit le poète secret, surtout à la sortie de l'appartement de Josiane, lorsque celui-ci avait déclaré vouloir donner son mail à tous les gens de la réunion. Et dans un moment de faiblesse, elle avait aussi pensé à Simon et s'était dit que ça serait le pire scénario. Non pas à cause du physique de son voisin, physique qui était dans la moyenne d'ailleurs, mais plutôt parce qu'elle ne pouvait pas se le blairer.

Ouais, avoir un admirateur secret avec qui on s'entendrait bien, une fois les présentations faites, c'était quand même préférable.

— Tu me dis comment tu t'appelles ?

Les grands yeux clairs de la brune se plantèrent dans ceux d'Agathe et sous la surprise de cette dernière, l'enfante commença à signer. La couturière regarda les petites mains de la fille faire des gestes à la vitesse de l'éclair et sentit la gêne la gagner.

— Mince, souffla Agathe qui avait désormais envie de reculer.

Elle avait toujours trouvé idiot le fait qu'elle ne sache pas parler la langue des signes ou qu'elle n'ait pas au moins quelques bases. Et souvent, lorsqu'elle se retrouvait face à des personnes malentendantes, elle se sentait mal à l'aise. Mais face à une enfant, c'était pire encore. Elle n'aurait su dire pourquoi, c'était ainsi. Son cerveau évaluait les choses de la sorte.

C'est un signe ! (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant