Chapitre 20 - Le beau-parleur

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Le temps avait filé à une allure monstrueuse. 

Après la découverte de l'identité de son faux admirateur secret, Agathe avait eu l'impression d'être là sans l'être. Entre les appels de Rosaline qu'elle avait ignorés et l'absence de message de Grégoire, elle s'était sentie perdue.

Elle avait même pris du retard dans ses retouches. Des magasins l'avaient appelée pour l'incendier et elle leur avait raccroché au nez. Venait-elle de leur faire ouvertement un fuck ? Allaient-ils continuer leur partenariat ? À vrai dire, ce n'était pas ce qui tracassait le plus la jeune femme.

Tandis que nous étions à cinq jours du réveillon et que sa conscience lui criait que ses cadeaux n'étaient toujours pas prêts, ce fut une Agathe déterminée qui quitta son appartement. Oui, son cœur s'était emballé pour un poète fictif. Oui son ex-amie s'était foutu de sa gueule. Mais cela ne voulait pas dire que la vie s'arrêtait là.

Oui, Agathe la combattante avait décidé de montrer le bout de son nez : en allant voir Grégoire. En lui expliquant l'affaire. Et peut-être en passant quelques heures dans ses bras réconfortants.

La jeune femme traversa son couloir d'un air décidé. Aujourd'hui, il n'y avait pas de Benjamin, Simon ou bien encore le père d'Olivia. Aujourd'hui, il n'y avait que Grégoire. Oui, c'était cela. Ce n'était pas parce que Rosaline lui avait planté un couteau dans le dos qu'elle allait laisser tout lui filer entre ses mains.

Décidée, elle poussa la porte de son bâtiment. Elle descendit les deux petites marches et prit une grande inspiration. Une discussion. C'était ce qu'il fallait. Une bonne discussion avec...

Grégoire ?

Agathe se stoppa en voyant la voiture de ce dernier se garer. Elle ne s'était pas préparée à l'éventualité de le croiser avant d'arriver dans le couloir de sa résidence. Et elle s'était encore moins préparée à voir une jeune femme sortir du véhicule.

Talons hauts, pantalon mettant en valeur une silhouette fine, celle dont les cheveux détachés étaient coiffés à la mode, minauda et Grégoire lui sourit en retirant son blouson pour le poser sur ses épaules. Ce geste, qu'elle avait trouvé autrefois adorable, lui donna envie de gerber tout d'un coup.

— Je peux savoir qui c'est ?

Sa bouche avait prononcé les mots avant même qu'elle n'ait eu le temps de réfléchir.

À l'entente de sa voix, la demoiselle se retourna et Grégoire lui accorda un regard.

— Euh... Elle, c'est qui ? répliqua madame parfaite en la regardant de la tête aux pieds.

— Une voisine, enfin je crois.

La réponse de Grégoire laissa Agathe bouche bée. Est-ce qu'il venait vraiment de la présenter comme étant une inconnue ? OK, suite à leur date, elle ne lui avait pas envoyé de message. Mais lui non plus. Et seulement trois jours étaient passés !

— Je croyais... enfin j'avais cru comprendre que...

— Écoute mon cœur, tu veux bien aller ouvrir l'appartement ? J'en ai pour deux minutes. Promis, je te rejoins vite, dit Grégoire à l'attention de la miss-j'ai-la-rage.

— Ne me fais pas trop attendre, répondit-elle dans un sourire.

— Jamais.

Le baiser qu'il déposa sur sa joue, la lueur dans son regard, Agathe reconnaissait tout. Seulement cette fois-ci, elle n'était pas la destinataire. Et tandis que la nouvelle conquête de son voisin s'éloignait, elle vit Grégoire avancer vers elle.

— Je peux savoir ce qu'il te prend ? lâcha-t-il sur le ton de reproche.

— Pardon ? répliqua-t-elle, sur le cul.

C'est un signe ! (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant