Chapitre 8

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Thaïs était assise à la table de sa chambre, les pieds posés sur l'air conditionné, un bloc-notes dans les mains en regardant la montagne de rapports. Il y en avait partout : sur la table, l'autre petite table ronde, par terre, sur le second lit, la commode ... Et même sur la télévision. Elle avait accroché des cartes sur le mur ainsi que des photos des scènes de crime. Pour l'instant, elles étaient classées dans l'ordre chronologique, mais elle les déplaçait au fur et à mesure que des idées lui venaient sur la façon dont elles pouvaient s'imbriquer. Même s'ils devaient se concentrer sur la mort des trois soldats d'élite, les tueurs en série étaient trop fascinants et frustrants pour les laisser de côté.

Elle réfléchit à propos des corps, des idées qu'Isaïah avait évoquées la veille. Elle avait dressé une simple liste sur la façon dont ils avaient été trouvés, et elle ne pouvait pas s'empêcher de penser que les tueurs suivaient en quelque sorte un scénario. Posant ses pieds par terre, elle se pencha sur le lit pour attraper les photos des séries de chiffres et nombres codés laissées sur chaque scène de crime.

Il y avait écrit la série suivante « 19.26.45.3 » sur le corps du jeune couple. Ensuite, viennent les chiffres et nombres « 18.45.375.3.1.5 », laissés près des deux colocataires dont il avait changé la couleur des cheveux. Le code suivant s'apparentait presque à une phrase disait « 18.87.21.10.6.17.4 » qui se trouvait dans le dressing de la première victime qui était mort d'un empoisonnement toujours pas identifier. La prostituée, déposée dans ses draps au milieu du cimetière, avait été aussi retrouvée par une phrase codée « 18.35.445.1.1.4.6.9 ».

La jeune rousse savait que tout cela avait un sens. Elle n'avait pas encore trouvé lequel, son impression première était qu'il s'agissait de citation, car chaque personne à un code qui lui était propre et qui avait une signification particulière, fallait juste trouver, il y avait tellement de citations. Elle se disait que, s'ils arrivaient à comprendre la signification derrière la mise en scène des crimes, ils pouvaient connaître cette série de chiffres et de nombres.

Le léger coup frappé à la porte l'interrompit dans sa réflexion et elle leva la tête, immédiatement sur ses gardes. En théorie, elle n'avait rien à craindre ; si quelqu'un était venu pour la tuer, il ne frapperait pas à la porte. Mais quand même sait-on jamais... Elle prit son arme sur la table et la tint dans son dos en se dirigeant vers la porte et regarda par le judas.

Isaïah se tenait dans le cercle légèrement déformé, la tête en arrière et les yeux fermés, se balançant doucement sur ses pieds en attendant qu'on lui ouvre. La Colonelle se recula et cligna des yeux, puis retira la chaîne de sûreté, et ouvrit la porte, enfouissant son arme dans son dos au niveau de la ceinture.

— Je suis réveillé, murmura celui-ci en signe de salut. La jeune femme pencha la tête et ouvrit la porte en grand, amusé par l'allure de son coéquipier.

— Vous en êtes sûr ?

— Non, grommela-t-il. Je n'ai pas pu fermer l'œil. Et toi ?

— Non, pas vraiment. Trop de choses à lire avant d'aller me coucher. Ma tête est trop remplie. Vous entrez ? J'ai du café.

— Je ne bois pas de café, grogna son équipier en restant dans le couloir. Des révélations ?

— À part le fait que je pense que ces gars sont des sortes de monstres de foire au génie créatif ? Non. Thaïs secoua la tête. Donnez-moi une minute pour être présentable. Elle se retourna et rentra dans la chambre, s'arrêtant près de la commode pour prendre son portefeuille et le mettre dans la poche arrière de son jean.

Ils n'avaient pas besoin de porter de costume pour cette mission, s'ils voulaient maintenir la façade qui leur était imposée, alors elle portait juste un pull en coton beige et un jean brut noir. Cela lui rappelait ses missions avant qu'on ne la rétrograde et qu'on l'envoie au service bionique. Elle remarqua avec amusement que son partenaire portait un jean délavé et un tee-shirt de camouflage sur lequel on pouvait lire : Tu Ne ME Vois Pas et Je Suis Juste Devant TOI en caractères jaunes. Il portait par-dessus la veste de toile verte qu'il avait négligée la nuit précédente. La rousse se demanda s'il s'habillait exprès pour ressembler à un plouc, ou s'il en était vraiment un.

En Eaux TroublesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant