Chapitre 2

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Le coup de fil n'aurait pas pu tomber à un pire moment. Le Major-général Isaïah Stride était toujours en colère et maudissait le mauvais timing deux jours plus tard, alors qu'il était assis tout seul dans son salon.

Quatre semaines d'infiltration, surveillance vingt-quatre heures sur vingt-quatre, écoutes téléphoniques, corruption d'informateurs, et quelques filatures à grande vitesse, tout ça à la poubelle parce qu'un imbécile de débutant avait oublié de laisser son téléphone personnel à la Base.

Des adolescents qui s'amusaient à jouer à qui va mourir d'un coma éthylique le plus rapidement possible dans la rue n'avaient pas pour sonnerie un air de Chopin, et malheureusement pour l'équipe de soldats de Central fatigués qui suivaient Alexandro Reyes, leur cible était au courant de ce fait. Il avait disparu aussi vite que les rats sur les trottoirs de Mindnight pendant qu'Isaïah et son équipe se précipitaient pour le tuer, sans avoir obtenu bien sûr des informations sur l'ennemi.

L'opération avait été annulée. Leur cible était maintenant encore plus protégée et inaccessible partant dans les territoires interdits de Drakma, et tous les éléments de la mission seraient annulés pour être mis aux oubliettes dans une boîte, dans un sous-sol, d'où ils ne sortiraient jamais.

Affalé sur son canapé, toujours recouvert de sueur après avoir essayé de vaincre sa frustration dans la salle de gym de la Base de Bulty, il regardait la ville à travers les grandes fenêtres situées de chaque côté de la télévision. Il pouvait voir son propre reflet dans l'écran plasma sur le mur opposé, et il avait l'air plus épuisé que ce qu'il était en réalité. Il avait besoin de repos, presque tout son beau visage était couvert d'une barbe de trois jours, et ses cheveux sombres méritaient une coupe. C'était un homme grand, pratiquement un mètre quatre-vingt-dix, il se déplaçait habituellement comme un grand chat, avec souplesse et agilité.

Ce soir-là, en revanche, ses larges épaules s'étaient affaissées. Il n'avait aucune intention de bouger dans un futur proche. Du moins jusqu'à ce que son téléphone se mette à sonner avec insistance. Avec un profond soupir, il le détacha de sa ceinture et l'ouvrit.

– Stride, répondit-il sèchement, son accent traînant de Réole toujours très prononcé après toutes ces années passées loin de chez lui.

– Major Général Stride, le Lieutenant-général Brown veut vous voir, l'informa une voix très professionnelle, presque robotique.

– Quand ? Demanda-t-il.

– Major Général, le Lieutenant-général de la Division des forces spéciales n'appelle pas pour prendre un rendez-vous. Il vous attend dans trente minutes.

– Trente minutes ! Bafouilla Isa. Est-ce que vous avez une idée de l'endroit où je me trouve ?

– Dans vos sous-vêtements sales, sans aucun doute. Soyez là dans trente minutes, répondit la voix sur le même ton plat et bureaucratique, avant de raccrocher.

Isaïah ferma les yeux et frappa mentalement quelque chose. Trente minutes pour aller en ville allaient requérir l'usage des lumières bleues de l'hélicoptère d'urgence. Et il détestait les lumières bleues.

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La secrétaire envoya à Isaïah un regard par-dessus ses lunettes en lui faisant clairement comprendre qu'elle ne l'appréciait pas, ce qui était peu habituel lorsqu'on savait que tout le monde appréciait celui-ci. Elle releva le menton et le détailla de haut en bas, plissant le nez devant son apparence.

– Vous êtes en avance pour une fois, dit-elle avec une touche de surprise dans la voix. Le brun la regarda également de haut en bas et pencha la tête sur le côté.

En Eaux TroublesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant