Chapitre 3

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Isaïah était assis dans le restaurant ouvert toute la nuit près de son appartement et lisait le dossier pour la quinzième fois tout en jouant avec sa nourriture. Les papiers avaient des empreintes graisseuses et quelques tâches non identifiables, mais le brun ne le remarquait pas, trop absorbé et fasciné dans sa lecture.

Ce qu'il regardait, étaient les données de l'affaire. C'était l'une des missions les plus fascinantes qu'il ait jamais lue, sans parler de celles auxquelles il avait participé. Les tueurs semblaient choisir leurs victimes à première vue au hasard, il n'y avait aucun type précis. Enfin c'était probablement ce qu'ils voulaient leur faire croire.

La méthode utilisée était plutôt aléatoire, et ils ne laissaient que très peu de preuves derrière eux. La croyance générale était que le peu de preuves qui avaient été recueillies étaient laissées intentionnellement et que les scènes de crime avaient été mises en scène. Les tueurs en séries étaient plutôt rares à Central, la plupart des crimes commis sont constitué par des crimes de masse ou des mission secrète qui requière un assassinat. Déjà neuf meurtres, et ce n'était pas fini.

Les trois meurtres qui n'avaient pas été mis en scène après leur mort, ou tués de façon créative, comme le pensait le brun, étaient les trois soldats d'élite de Central qui travaillaient sur les meurtres. Trois soldats bien entraînés, qui avaient une carrière exemplaire en tant que militaire, avaient été tués à bout portant dans leurs chambres d'hôtel sans qu'aucun d'eux n'ait pu se servir de son arme.

Et la seule raison pour laquelle la Base attribuait leur mort aux tueurs était parce qu'ils enquêtaient sur cette affaire, et l'armée de Central ne croyait pas aux coïncidences, surtout si les tueurs étaient des ennemis. En ce moment le Base était en effervescence, cette affaire rendait complètement dingue tout le monde et chacun voudrait avoir sa part du gâteau. Isaiäh secoua la tête et poussa un soupir, cette affaire n'allait pas être de tout repos, jetant un coup d'œil à sa montre.

– Putain, grogna-t-il, en fouillant dans ses poches pour laisser de l'argent sur la table tout en rassemblant les informations classées top-secret et les fourrant sans cérémonie sous sa veste.

Il avait des choses à faire demain, aujourd'hui, en fait, avant de s'envoler pour Reolin, la deuxième plus grande ville après Centralpolis très tôt lundi matin.

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Thaïs était assise à la table de sa salle à manger, un tas de dossiers photocopiés devant elle. Les détails de l'affaire, des rapports, des comptes-rendus d'autopsies, des photographies des scènes de crime, des preuves médico-légales... Il y avait tellement de choses, tellement de détails. Détails qui étaient capturés et filtrés par l'esprit d'analyse de la rousse.

Elle avait passée au crible les notes pendant des heures, essayant d'identifier un schéma, pas dans la mission elle-même, mais dans la structure générale de l'enquête : là où la procédure avait été suivie à la lettre, là où elle ne l'avait pas été, les différentes lacunes de l'enquête, là où il y avait beaucoup trop d'informations. Il y avait eu tellement de personnes sur cette affaire que c'était déjà la pagaille. Tout ça, pensa-t-elle en buvant un peu de sa boisson, n'était pas facile à suivre. Mais elle ne pouvait pas se laisser dépasser par les événements.

Elle avait déjà l'intention de poser quelques questions à des soldats expérimentés ; peut-être que Sebastian Hawkins, qui faisait partie de l'unité de l'analyse du comportement à Reolin, pourrait l'aider, elle pensa aussi à Nina. Elle voyait des meurtres et cadavres tout les jours, et puis cela lui donnerait des avis extérieurs. De plus, Sebastian lui devait une faveur.

Poussant un soupir, elle se détourna du tableau de comparaison qu'elle avait fait sur le rapport du médecin légiste, porta son verre dans l'évier de la cuisine, et le lava soigneusement avant d'essuyer le comptoir. Elle jeta un coup d'œil à l'horloge sur le mur, redressa les épaules et fit craquer son cou. Elle devrait se lever très tôt demain pour attraper l'avion de 5 heures 30. Et elle allait avoir besoin de toute sa patience et son courage pour pouvoir supporter ce qui allait arriver. Elle le sentait vraiment mal cette affaire.

En Eaux TroublesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant