Recueil d'OS

Hell's Roses

Charlie travaillait aux urgences de l'hôpital depuis quelques mois. C'était exaltant, il n'avait quasiment jamais une seconde de répit et c'était principalement ce qu'il adorait dans son métier. Il avait besoin que ça bouge et, dans la ville où il exerçait, on pouvait dire que c'était bien trop souvent le cas. Les urgences ne se reposaient jamais.

Les gangs s'affrontaient continuellement pour étendre leur pouvoir. Certains violemment, d'autres plus pacifiquement ou du moins en apparence. Il ne savait pas grand chose d'eux, juste qu'il fallait s'en tenir éloigné selon ses collègues, qu'il pouvait faire confiance aux Hell's Roses selon son voisin. Charlie ne savait qui croire et avait parfois l'impression de se trouver en plein milieu d'un épisode de Sons of Arnachy.

Malheureusement, ou heureusement il ne savait pas trop, il n'était jamais tombé face à face avec un mec aussi sexy que le héros de la série, Jax, l'était. Et puis, il n'était pas célibataire, donc il n'aurait rien pu faire d'autre que de se contenter de regarder. Il se disait aussi que les gangs n'employaient sans doute pas d'homme gay dans leurs rangs. Bref.

Il terminait avec son dernier patient, un petit garçon qui avait fait une mauvaise chute et se retrouvait désormais avec un bras plâtré, quand il entendit du grabuge. Il s'appliqua à finir sa tâche le plus vite possible, donna les recommandations d'usage et se rendit au bureau des admissions. Face à l'infirmière, effrayée, se tenaient trois hommes. Ou plutôt deux qui en soutenaient un visiblement mal en point.

— Quelqu'un dans ce foutu hôpital pourrait s'occuper de notre pote ? gronda celui qui paraissait le plus âgé et qui était aussi le plus impressionnant des trois.

Personne n'osait bouger et Charlie, qui avait reconnu le blouson de cuir du gang, s'avança avec courage. C'était celui des Hell's Roses, le gang à qui on pouvait faire confiance avait dit son voisin. Le moment était venu de voir s'il avait raison. Leur écusson représentait un crâne où se mêlait une rose. Il prenait toute la place dans le dos du cuir. Ça faisait vraiment Sons of Arnachy. Il ressentit une pointe d'excitation à l'idée de s'occuper de l'un d'eux puis secoua la tête en se rappelant qu'il n'était pas dans une putain de série télé. Si on lui posait la question, il aurait répondu que, d'après ses propres observations, les membres de ce groupe étaient sans doute les moins « méchants ». Ils étaient plutôt du genre à régler les choses en proposant une solution pacifiste sauf que si ça ne fonctionnait pas, ils passaient à l'attaque, sans la moindre hésitation. Il lui arrivait d'en croiser plus d'un quand il sortait d'une nuit de boulot et jamais il n'avait craint un passage à tabac comme d'autres gangs pouvaient le faire sans raison valable. L'insigne sur les blousons était sans doute juste une manière pour eux d'impressionner les gens alors qu'ils avaient tous l'air plus ou moins cools. Le voisin avait raison, ça allait bien se passer.

— Suivez-moi.

Il conduisit la petite troupe jusqu'à une salle d'examen et aida les deux montagnes humaines à installer le troisième homme qui n'avait toujours rien dit. Son visage était couvert de sang. Il grimaça. Il aurait certainement beaucoup de boulot avec celui-ci. Il regrettait presque son petit patient au bras cassé...

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda le médecin en commençant à remplir un dossier.

Aucun ne lui répondit.

— Je ne suis pas policier, juste médecin. Je veux juste savoir ce qui est arrivé à votre ami, OK ? Sinon, je ne pourrai pas m'occuper de lui correctement.

— On était en... mission, répondit celui qui avait crié dans le hall. Un autre gang s'est pointé. Ils lui sont tombés dessus.

— Bien. La police risque de venir ici ou pas ? interrogea Charlie tout en sortant le nécessaire pour nettoyer le visage de la victime.