Le Nouveau

Chapitre 6

Mon père tout sourire, commence son histoire :

- Quand Julia était en 4ème, un garçon n'arrêtait jamais de la draguer au collège. Un jour, ils devaient faire un devoir ensemble. Je me rappellerai toujours ces mots qu'elle a prononcés en rentrant à la maison : "Papa, aujourd'hui le prof m'a mis avec le dragueur, nul sur pattes".

Je me tourne vers Scott et découvre qu'il sourit et qu'il est sur le point d'éclater de rire. Ca ne loupe pas, quelques secondes plus tard, il le fait.

- Quand je suis rentré du travail, le lendemain, ce gamin est venu à la maison pour bosser. Il est parti deux heures plus tard, et pour être polie, Julia l'a raccompagnée dehors. Il a essayé de l'embrasser mais ma chère fille ne s'est pas laissée faire. Quand il s'est penché, elle lui a donné un coup de genou dans ses petits bijoux de famille. Quand j'ai vu ça, j'ai été tellement fier d'elle et tellement mort de rire que j'en pleurais. C'est pour ça, que j'ai toujours voulu avoir une autre fille, pour les voir comment se défendre auprès des garçons qui les embêtent.

Scott tourne la tête et me regarde avec un regard rieur.

- C'est trop mignon ! me dit-il. 

- Quelle est la morale de l'histoire, Scott ? demande mon père.

- Je ne sais pas monsieur.

- Qu'il ne faut pas m'embrasser de force, sinon tu prends le risque de te faire castrer ! répondis-je en rigolant.

La fin du repas se déroule parfaitement bien, à part cette histoire le dîner se passe sans encombre. Le dessert se terminant, mon père invite Scott à regarder le match de foot qui passe à la télé. Lou, qui s'intéresse aux voitures plutôt qu'au foot, monte dans sa chambre, quant à moi je décide d'aider ma mère à débarrasser la table et finir de ranger la cuisine. Je suis en train de plonger mes mains dans l'eau bouillante de la vaisselle, quand ma mère me pose une question :

- Alors ta première journée de cours, ma chérie ?

- C'était trop bien ! Comme on fait tous un bac L, je suis avec Amber, Sarah, Tyler et Matt. Je suis dans le fond de la classe, à côté de Scott. Et mes profs sont géniaux.

- Donc si on résume tout, c'était une excellente journée, conclut-elle.

- Affirmatif ! lui répondis-je en hochant frénétiquement ma p'tite tête.

- Tant mieux alors, je suis contente pour toi !

- Merci maman, lui dis-je en lui faisant un bisous sur la joue. Et toi, ta journée s'est bien passée ?

- On peut dire ça, me répondis-t-elle avec une pointe d'appréhension.

- Tu veux en parler ?

- Non je ne veux pas t'embêter avec mes histoires.

Je laisse sortir un soupir d'exaspération.

- Maman, tu ne me dérange pas et tu le sais très bien.

Je m'inquiète pour elle, depuis l'histoire qu'il s'est passée en seconde, elle est plus distante avec moi. J'ai déjà essayé de lui demander pourquoi, mais soit elle faisait comme si elle n'entendait rien en changeant de sujet ou soit elle me disait que j'étais parano.

- Enfin bref, continue-t-elle, tu peux aller t'asseoir sur le canapé avec Scott et papa si tu veux, le rangement est bientôt fini et je peux le faire toute seule.

- Merci maman, me retournais-je pour lui adresser un sourire.

Quand j'arrive derrière le canapé, mon père et Scott sont en train de crier parce que Mbappé vient de marquer.

- Eh ! On se calme pas obligé de crier comme des dératés, c'est juste un but.

Ils se tournent tous les deux vers moi, ahuris que je puisse dire ça. Mon père reporte son attention sur l'écran plat non sans avoir roulé des yeux. Scott, quant à lui, me regarde toujours surpris.

- Arrête de me regarder comme ça, il n'y a pas mort d'homme non plus.

- Si Julia, ce but là n'était pas qu'un simple but, c'était le plus beau de la saison.

- Oh je vous en prie, excusez-moi, monsieur le grand sportif, lui répondis-je amusée.

Il comprend mon petit jeu donc décide de me suivre sur ma lancée.

- En effet, vous pouvez vous excuser madame Julia.

- Madame, moi je suis une madame ? dis-je faisant semblant d'être offusquée.

- Eh bien très chère, je peux vous confirmer que vous avez de très bonnes oreilles pour votre si petit corps.

- Alors, là tu vas me le payer Miller.

Je n'ai le temps de faire aucun mouvement, que déjà Scott enjambe le canapé et je me retrouve sur l'épaule de Scott, comme un vulgaire sac à patates. Je me mets à bouger dans tous les sens en balançant mes jambes.

- Julia, arrête de bouger sinon tu vas tomber.

En l'entendant dire ça, je m'arrête brusquement, ce qui le fait rire à gorge déployée. Vexée, qu'il rigole de ma situation, je me remets aussitôt à gesticuler comme une petite crevette emprisonnée dans ses bras musclé et incroyablement beau. Quoi ? Viens-je vraiment de dire que ces bras étaient beaux ? Ça doit être le sang qui me monte à la tête. Oui voilà, c'est sûrement ça. Scott est toujours en train de se taper son meilleur fou rire. Sans que je m'en rende compte, je le rejoins et nous rions à n'en plus s'arrêter. Cinq minutes plus tard, Scott me relâche, pour avoir ma petite vengeance je décide donc de le poursuivre partout dans la maison. Mes parents nous regardent assez amusés. Lou qui vient de descendre, attiré par mes cris, nous décrit comme des fous qui sortent d'un asile, après cette comparaison il se met à rire. Je m'arrête et regarde Scott, puis nous imitons mon frère. Scott s'étant tourné vers Lou, est maintenant dos à moi. Je m'approche discrètement derrière lui et lui saute sur le dos, enroulant mes jambes autour de son torse. Par réflexe, il me rattrape et me stabilise. Je rigole pour la énième fois de la soirée. Scott tourne la tête et me dévoile un sourire démoniaque. Je comprends ce qu'il va faire et m'accroche encore plus à lui.

- Miller tu fais ça, je te jure que...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il me lâche les jambes et surprise je me retrouve les fesses sur le carrelage de la salle à manger. Il se retourne pour me regarder et explose de rire accompagné de mon frère.

- Vous deux, je vous déteste ! dis-je en rigolant.

Ce qui fait rire les garçons de plus belle.

Trous du cul !

- Bon, moi je me casse, nous dit Lou en remontant les escaliers.

La chanson Blood in the water de Grandson commence à retentir dans la pièce. Je vois Scott sortir son téléphone de la poche arrière de son jean et marmonner un petit désolé. Je lui fais signe de la tête que ce n'est rien et qu'il faut qu'il réponde. Ce qu'il fait. Pour lui laisser un peu d'intimité, je me dirige vers le canapé et m'assois à côté de mon père, qui est bien trop absorbé par le match pour qu'il ne remarque ma présence. Quelques minutes plus tard, c'est au tour de Scott de s'asseoir à côté de moi.

- C'était mon père.

- Et qu'est-ce qu'il t'a dit, sans indiscrétion ?

Il me sourit et se lève. Je me demande ce qu'il fait quand il me tend la main, je l'accepte et nous nous dirigeons vers les escaliers pour monter dans ma chambre.