chapitre vingt-deux - un air de déjà vu

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Peu après que Silver soit repartie, Mélanie me proposa de sortir prendre l'air. Ayant grandement besoin de me dégourdir les jambes, j'acceptai sans aucune hésitation. Cependant je ne pouvais pas rester en débardeur et short, je pouvais attirer l'attention, ce que je ne souhaitai surtout pas.

" Mélanie, est-ce que vous auriez des vêtements pour moi? J'aimerais volontiers sortir dans le jardin auprès des enfants mais j'imagine que je risque d'avoir froid en ne me couvrant pas plus le corps " demandais-je.

La jeune femme me ramena de l'armoire une robe fleurie et une veste légère. Elle m'aida à me déshabiller et son regard s'arrêta sur mes sous-vêtements, quand j'eus remarqué sa façon de déposer ses yeux sur moi je me mis à rougir involontairement. La jolie rousse se mit à sourire, j'avais compris qu'elle me taquinait à sa manière.

" Dis donc, je vois que vos dessous sont élégants. Est-ce que c'est pour quelqu'un en particulier? " me sonda-t-elle avec un air coquin. Je devins de plus en plus gênée, ce n'était pourtant pas dans mon habitude de réagir de la sorte.

" Pour être honnête, oui c'est pour quelqu'un en particulier. " , mentais-je. Je me disais que peut-être elle arrêterait de me faire des avances si je lui disais que j'avais quelqu'un en tête, ce qui était certes vrai, mais entre nous je me faisais jolie avant tout pour moi-même.

La pauvre Mélanie était rouge de honte, elle n'osa rien dire pendant un long moment et demeura immobile. Elle se frappa un coup les joues comme pour se ressaisir et me tendit la robe. Je me rhabillai avec difficulté, mon bras droit me faisant encore mal. Voyant que j'avais de la peine à fermer mon habit, elle me donna un coup de main en nouant le derrière de ma robe. Une fois habillée, je me dirigeai vers l'entrée de la maison, tout en observant le salon et la salle à manger, les couleurs vives des décorations contrastait avec les teintes boisées des meubles ce qui rendait le tout vraiment chaleureux, je m'y sentai en sécurité. Lorsque j'atteignis enfin la porte, je me mis à la recherche une paire de chaussures à ma taille, ce n'est pas une tâche aisée lorsque vous chaussez du 43 comme moi, c'est toujours un casse-tête pour dénicher la bonne pointure. Heureusement que Mel savait mieux que moi où je devais chercher, grâce à son aide, je parvins à trouver mon bonheur sans perdre trop de temps. J'allais jeter mon dévolu sur une paire de bottines marron.

En sortant, je fus frappée par la taille du jardin qui était immense, tout autour de moi étaient alignées plusieurs rangées de fleurs multicolores. Les enfants eux étaient assis plus loin, je voyais à leurs côtés deux petits paniers en osier remplis de plantes, parmi celles que je reconnaissais ; ortie, menthe poivrée, verveine, thym, mélisse, romarin et sauge. Intriguée par ce qu'ils faisaient, je me rapprochai davantage pour les observer de plus près. Bien que je me sentai en sécurité, je n'oubliai pas pour autant que tout pouvait arriver d'un instant à l'autre. Après avoir ramassé ce dont on avait besoin, Mélanie indiqua aux enfants où ils devaient se rendre ensuite. Tout le groupe se mit en route immédiatement, je ne savais pas quelle était notre destination mais comme je leur faisais confiance, je suivis donc la petite famille sans me questionner plus que ça. Au bout d'une dizaine de minutes, j'aperçus une sorte d'abreuvoir un peu plus bas dans la vallée. "On va recueillir de l'eau pour les plantes." en déduisais-je.

En descendant la pente menant au puits, quelque chose ou plutôt quelqu'un attira mon attention. Une silhouette humaine était allongée dans l'herbe, ses vêtements étaient tâchés de sang. Au premier abord je ne m'inquiétai pas, je pensai juste à la secourir par quelconque moyen, mais au fur et à mesure que la distance entre moi et elle s'amenuisait, mon inquiétude augmentait. En effet, cette personne me semblait étrangement familière... Comment s'était-elle retrouvée là? Que s'était-il passé? Est-ce que je la connaissais réellement? Je ne comprenais plus rien... Imaginez quelle fut ma réaction lorsque je reconnus ... Yuko. Je ne pouvais pas rêver, c'était bien elle, juste devant moi. Je ne pouvais pas rester les bras croisés à rien faire, même si je ne l'aimais pas particulièrement, j'avais un coeur. Rivale ou pas, on ne laisse pas une amie mourante sans s'en préoccuper un minimum. Mon premier réflexe fut de vérifier son pouls et de lui parler pour voir si elle était consciente. Elle me répondit d'une voix faible.

" Candice... Où sommes-nous? " m'interrogea-t-elle.

" T'en fais pas, tu ne risques rien ici. Je suis arrivée un peu plus tôt dans la journée. Il parait qu'on se trouve à Adare, ne me demandes pas où c'est sur une carte, je l'ignore. " répondis-je à voix basse. En guise de réponse, elle me sourit mais je sentis bien qu'elle souffrait.

Je poursuivis. "Où as-tu mal? Tu me raconteras ce qu'il s'est passé quand tu iras un peu mieux. Là maintenant le plus important c'est que tu te reposes. " Elle me montra du doigt ce qui lui faisait mal, par précaution je la souleva doucement en évitant de toucher un endroit douloureux. Elle grimaça de douleur mais je tentai de la rassurer. Avec douceur, je parvins à la relever sur ses deux jambes.

"Est-ce que tu peux marcher? Sinon je peux te porter ou bien on peut t'aider à marcher"

" Je peux marcher mais pas longtemps, mes jambes sont lourdes... "

Aussitôt que j'eus connaissance de sa réponse, je me décidai de la porter jusqu'à la maison. Cela allait probablement me ralentir un peu, mais peu importait plus que l'urgence de la situation. "Mélanie et les enfants devaient sûrement être déjà rentrés", me dis-je. J'avais peur de me perdre dans l'épaisse forêt, Yuko et moi serions dans un état vulnérable. La nuit commençait à tomber... Heureusement, après une dizaine de minutes à traverser la forêt je réussis à me diriger dans la bonne direction. Un peu plus tard, nous discernâmes en haut de la colline une petite maison en bois. Bien que le ciel était devenu sombre, à travers les fenêtres on parvenait à distinguer des silhouettes et l'ombre du mobilier. Une femme tenait dans sa main une lampe à huile, il s'agissait sans aucun doute de Mélanie. "Comment allais-je ouvrir la porte? Ou alors je pourrai toquer? "

Toc, toc, toc.

Je m'annonçai juste après avoir frappé, pour prévenir que j'étais enfin arrivée. La maîtresse de maison m'ouvra la porte quelques secondes plus tard, elle semblait choquée de ne pas me voir rentrer seule... J'allais devoir tout lui expliquer, mais le temps me manquait. Mélanie m'aida à installer Yuko sur le canapé, les enfants amenèrent la trousse de secours. Avant même de prononcer le moindre mot, tout le monde s'occupa de la blessée. Chacun avait son rôle et je fis de mon mieux pour me rendre utile. Une fois qu'on avait fini d'effectuer les premiers soins, une grosse casserole fut apportée sur la table du salon. "On allait enfin pouvoir manger!", me réjouis-je. Une bonne soupe allait nous faire le plus grand bien! Il s'agissait d'un velouté de légumes, à la couleur plutôt verdâtre du mélange, il devait contenir en majorité des légumes verts. Bien que je n'étais pas particulièrement friande de ce genre de plats, il en demeurait pas moins que j'avais une faim de loup! Chacun se servit d'un bol de soupe, le repas était accompagné d'un peu de pain, qu'on pouvait mouiller dans la soupe ou alors qu'on était libre de manger séparément suivant notre envie. J'engloutis le tout avec appétit et je me surpris même de vouloir me servir un bol supplémentaire. Mon amie semblait trop faible pour être en mesure de se nourrir toute seule, donc je lui apporta le potage afin de l'aider moi-même. Il fallait qu'elle reprenne des forces pour se rétablir au plus vite, je supposai que nous n'allions pas tarder à retourner chez nous...

Les aventures de Candice, Yuko et Sakino - Tome 1 (2012-2013)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant