chapitre seize - drôle de réveil (jeudi 10)

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Lorsque j'entrouvris les yeux le lendemain, je fus enivrée par une douce odeur de prunier. Je me rendis assez rapidement compte que j'étais dans les bras de celle que j'aimais. Que s'était-il passé la veille entre Sakino et moi? Je n'en avais aucun souvenir... Je ne savais même pas comment je m'étais retrouvée là. Le sentiment de sa peau douce au contact de la mienne me ravissait, je souriais bêtement. Je déposai un chaste baiser sur son front et passai mes doigts dans ses longs cheveux. "Son visage encore endormi est vraiment irrésistible", pensais-je. Je me décidai à me lever et à rejoindre la salle de bain. Ainsi je rejoignis discrètement la salle... d'eau? Je constatai avec dépit l'absence de baignoire typique, je croyais en avoir vue une... Peut-être était-ce dans un de mes lointains rêves avec Sakino. J'avais saisi quelques uns de ses vêtements pour me couvrir, car je ne souhaitai pas qu'elle me surprenne dans un état aussi vulnérable. Une fois habillée, je pris le téléphone de Saki afin de pouvoir envoyer un message à mon frère, en effet on avait cours ce jour-là. Et je n'avais ni mon uniforme ni mon cartable.

J'envoyai le message suivant : "- Salut Éric, c'est Candice. Je suis désolée de te réveiller mais j'ai vraiment besoin de ton aide..."

"- Quel est le problème? J'espère vraiment que c'est important, car tu me réveilles à 6h00 du mat!" répondit mon frère.

"Tu peux me ramener mon uniforme et mon sac. Il m'est arrivé une sacrée mésaventure et j'ignore toujours ce qui s'est exactement produit..." rétorquai-je. Bien évidemment que maintenant j'avais compris où je m'étais retrouvée mais j'ignorais toujours pourquoi.

"Est-ce que c'est une blague?" me demanda-t-il.

"Non, c'est sérieux. Fais le plus vite possible stp. Je te revaudrai ça mais n'en parle pas aux parents. " j'osai espérer que mes parents ne s'étaient pas rendus compte de mon absence... je n'avais pas envie de les avoir inquiétés pour rien...

Une fois que mon frère avait répondu et que je lui avais indiqué le lieu où l'on se retrouverait, je pris soin d'effacer toute notre correspondance. Je ne souhaitai pas que Sakino sache que j'avais utilisé son téléphone portable sans sa permission. Puis, je me dirigeai vers la cuisine afin de préparer quelque chose pour le petit-déjeuner. Lorsque j'ouvris le réfrigérateur, un paquet de jambon ainsi qu'un carton plein d'oeufs attirèrent mon attention, je décidai alors de cuisiner une omelette. Il s'agissait d'un des rares plats que je savais plus ou moins faire, j'en profitai donc pour montrer à ma chère et tendre mon talent de cuisinière. Je surpris ma belle quelques minutes plus tard et je demeurai sans voix quand je croisai son regard. La pauvre semblait terrorisée de me voir là. "Elle doit être aussi perdue que moi", me dis-je.

En effet, la jeune fille ne tarda pas à me questionner.

"-Dis-moi, que fais-tu là de si bonne heure?" , m'interrogea-t-elle.

"- Pour être honnête avec toi, je n'en sais rien. Je me suis réveillée ici. " répondis-je. Je disais la vérité, vous vous en doutez. Cependant, Sakino ne me parut pas convaincue de ma réponse et elle haussa les épaules comme pour me signifier son incompréhension face à la situation.

"-C'est vraiment bizarre... Est-ce que tu te souviens de quelque chose?" me demanda-t-elle.

"- Non, je ne me souviens vraiment de rien... Il me semble par contre que j'ai dormi ici cette nuit." affirmai-je. Je la sentis affreusement gênée par ce que je venais de lui dévoiler. Cette fois, je pressentis qu'il s'était passé quelque chose entre nous la nuit dernière mais je ne savais pas vraiment ce que cela voulait dire. Je songeai au fait que je m'étais levée en tenue d'Ève et cette pensée me fit rougir jusqu'aux oreilles. À ce moment-là, elle comme moi nous étions mortes de honte et nous n'osions plus prononcer un seul mot... Elle se décida alors de mettre fin à ce silence qui devenait insupportable.

-"Attention, cela va brûler!" , s'écria-t-elle. Elle se précipita pour éteindre la cuisinière et je ne me rendis pas de suite compte que mon omelette avait cramée. Par chance la seconde omelette était encore mangeable, je proposai donc à mon amie qu'on la partage ce que Saki accepta sans aucune hésitation. Absorbée par mes pensées, je ne voyais pas le temps filer. Je jetais un oeil à l'horloge blanche accrochée au mur, je n'allais pas tarder à devoir rejoindre mon frère. "Oh non, il est déjà 6h45... J'aurais facilement pu passer des heures à contempler ma belle entrain de manger. ", pensais-je. Fort heureusement, le lieu de rendez-vous que l'on avait convenu n'était pas très loin, il se trouvait à quelques pâtés de maisons de là. 

Tout d'un coup, l'atmosphère changea. J'entendis une voix me murmurer quelque chose, mais dans un premier temps je n'arrivais à distinguer que des bribes de phrases... Elle devenait de plus en plus audible et elle répétait la même rengaine... "Ma chère Candice, entre elle et moi tu devras choisir. Je ne peux supporter te voir lui faire les yeux doux après la soirée qu'on a passé hier soir. Je le sais que trop bien que tu as adoré ça. "  À quoi la voix faisait-elle référence exactement? Je ne comprenais plus rien... La seule chose que je savais, c'est que la voix ne semblait pas plaisanter, j'en étais terrifiée. La sinistre voix s'en alla aussi vite qu'elle apparut et tout me semblait être redevenu comme avant. 

Sakino s'approcha dangereusement de moi,  je pouvais même sentir sa respiration. Mon rythme cardiaque s'était affolé suite à ce qu'il s'était passé quelques minutes auparavant, j'eus peur qu'elle se rende compte de quelque chose alors j'essayai de me ressaisir. Puis, elle entoura amoureusement mes épaules et déposa un baiser sur mon front, le calme revint. En guise de réponse, j'embrassai son cou et ses deux joues. Notre étreinte dura un peu plus longtemps, j'en étais ravie. Je guignai encore l'horloge, cette fois je devais vraiment partir... Je m'extirpai des bras de ma belle à contre coeur. 

"- Désolée, Saki-chan. Mais je dois y aller. Mon frère m'attend dehors pour que je récupère mes affaires. On se voit tout à l'heure en classe! " , m'exclamais-je.

La pauvre me semblait presque triste que je doive m'en aller... " - D'accord... J'ai déjà hâte qu'on se revoit tout à l'heure" , répondit-elle.

Sa réponse me fit sourire et je lui envoyai un baiser volant avant d'ouvrir la porte et de m'en aller. En partant je pus observer le quartier où Sakino vivait, cela changeait vraiment de ce que je connaissais. L'architecture minimaliste, épurée et harmonieuse me sautait aux yeux, j'étais comme transportée au Japon, ou du moins dans un paysage japonisant. L'aspect esthétique de l'ensemble dénotait vraiment du reste de la ville qui était plutôt construite dans la verticalité et dans un style plus moderne. Au fur et à mesure que j'avançais dans mon itinéraire, un temple aux décorations d'animaux attira mon attention. Je ne pouvais pas m'y attarder car le temps me manquait mais je me promis de m'y arrêter la prochaine fois. Je dus encore traverser une forêt de bambous avant d'atteindre enfin l'endroit où mon frère m'attendait. Éric était assis là sur un banc et me faisait un signe de la main. Je me mis à courir, ce qui ne manqua pas de faire rire mon frangin. 

"- Dis donc. Tu ne t'es pas pressée! ", dit-il en ricanant.

Essoufflée par ma course, je dus m'arrêter un coup. Mais voyant mon frère aîné mort de rire, je me pus m'empêcher de rire à mon tour. Le jeune adolescent redevint sérieux et regarda sa montre.

" Tiens donc tes affaires, si tu traînes trop tu vas être en retard! 

"- Tu as raison... Je vais devoir courir jusqu'au collège si je ne me dépêche pas!!!", répliquais-je toujours en riant. Cette remarque suscita encore des rires de la part d'Éric. Je me baissai pour saisir mon cartable, qui était parterre. Je le secoua un coup pour enlever la poussière qui s'était accumulée et je partis sans hâte. Cependant par politesse, je me retournai pour saluer mon frère .

"À ce soir!!!! Merci encore!!! ", m'écriais-je.


Les aventures de Candice, Yuko et Sakino - Tome 1 (2012-2013)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant