Innocence 1

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Tout m'était pardonné, excusé. Qui pouvait m'en vouloir pour mes actes puisque pour eux j'en avais peu conscience. "C'est un enfant ,elle ne sait pas ce qu'elle fait" . Timide, je ne pense pas, plutôt calme et réserver je dirais. Mais pour eux « Elle est timide , elle est gênée » Ils m'ont toujours mis dans cette bulle là , cette boîte , qu'ils ont confectionner et poser à l'intérieur . Longtemps je cru , cru aux qualifications qu'ils me donnaient , oui j'étais timide oui , je suis gênée. Je ne connais pas ces sentiments, pourquoi je pleure , je m'étouffe , ils m'étouffent , ils m'empêchent de parler. Pourtant je les voulais prêt de moi , je n'avais pas le choix ils étaient près de moi. ils étaient mon humeur , j'étais leur poupée. Ils déteignent ? Ils déteignent sur moi ! Je ne veux pas , non. Laissez-moi! Mais ils ne peuvent pas ,ils ne veulent pas et moi non plus je ne pouvais pas .
...
Je ne sais pas ce que je faisais , je n'avais pas de besoin de savoir qui j'étais, mon nom suffisait .Voler, tuer, mentir, le mal , c'est ça .Les gens s 'embrassaient à la télé , souvent ils se déshabillaient ,je ne devais pas regarder , réserver pour les grands , mais quand ils ne étaient pas là je pouvait regarder. Pourquoi j'avais envie de pipi chaque fois qu'il y a ces scènes ?Je ne comprenais pas . Sortir en robe ou jupe pour sentir le vent frapper ma vulve ou même en pantalon ou en short pour sentir la friction entre mes jambes.
Quel genre d'enfants étais-je donc ?
Timide et gênée , eux disait ! Mais moi je ne pouvais me qualifier . Je ne me posais pas de question . J'étais un enfant .Sournoise , cachotière? Je ne me nommerai pas ainsi ,mais je n'étais pas loin.
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Peut-on questionner des enfants de 6 ans comme s'ils en avaient 16?
À six ans, avec la voisine de l'étage en dessous du même âge , même école primaire ,on s'amusait beaucoup ensemble . Nos parents se connaissaient et puisqu'on habitait proche elle était beaucoup chez moi et vice-versa.

On jouait à toutes sortes de jeux ensembles , dînettes ,marelles , docteur, servante , professeurs , plombière, tous .Une journée comme les autres où on jouait au docteur, toute seule .Ou était la nounou , nos parents ? Je sais pas . Le docteur de cette journée était plus qu'un jeu ,était-ce un jeu ? une découverte ? Flou.
Comment étions- nous en arriver là ? Qui l'a initié ?moi ?Elle ? Était-ce mutuel?
Nous étions nues. Que savaient des enfants sortis de la maternelle sur la nudité? Rien, c'est pour cela , on décida de s'explorer , le doigt de chacune dans l'autre .Quelquefois avec les seringues en plastique de notre jeu de docteur , à caresser cet endroit qu'on voyait  tous les jours mais ne connaissait guère. Un connu inconnu. Penser à se faire prendre à ce t'acte n'avait pas l'air d'être un souci.
Suite à ce jour , rien n'a jamais à notre façon de jouer ,plus d'une fois? Je ne sais pas , je ne pense pas qu'on avait rendu la découverte un de nos jeux favoris. On n'en parlait pas comme des adultes , on en rediscutait pas , c'était un jeu comme tout autre, ça ne se posait pas mille et une questions à six ans.
Trop jeune pour en parler et aujourd'hui trop vieille pour s'en rappeler.
Elle déménagea avec sa famille aux États-Unis et je n'en t'entendit plus jamais parler jusqu'à ce jour.
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À l'école primaire ,les enfants pouvaient être ce qu'ils n'étaient pas à la maison. Les timides étaient les plus agités dans la cours de récré et les agités les plus timides. Il y avait aussi ceux qui étaient les mêmes à la maison comme à l'école. Et je faisais partie de ce groupe d'enfants là. Ils m'intimidaient , les grandes personnes, ceux-là qui se disaient d'avoir tout le droit et pouvoir sur nous, pourquoi ? Parce qu'ils étaient plus grands que nous et savaient tous. Ils n'avaient tort , non?
Courir, sauter , crier ,oui dans la cour de l'école j'étais une gazelle avec mes amies. Mais je ne jouais pas avec une personne. Il était mignon et c'était tout mais je ne voulais pas jouer avec lui parce que j'étais gênée .Pleurer, était le seul sentiment que j'arrivais à réellement exprimer , et même à cela son expression était mauvaise. Joie, colère , tristesse tous figuraient en eau dégoulinante sur mes joues.

Les amourettes du primaire n'étaient rien à prendre au sérieux. On devenait l'adulte qu'on ne peut pas avec ses camarades de classe qui taille trois pommes comme nous.  Mon petit ami ici et là , j'aime un tel, une tel . Ta gueule , imbécile , tous les mots qu'on ne pouvait pas dire à la maison ou en présence d'une grande personne. En tout cas tant que personne n'allait le rapporter à un adulte.

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Lapider , sable dans les cheveux , frapper comme des moutons moi et mon frère ont rentraient de l'école presque tous les jours comme ça .Ce garçon qui nous attendait après la sortie de l'école pour nous battre et injurier sans aucune raison , on était faible mon frère et moi , donc oui à lui tout seul pouvait nous faire manger du sable. De façon répétitive , il n'arrêtait pas . On avait tout essayé , grand détour , s'excuser , même lui demander qu'est ce qu'on lui eût fait de mal . Frapper , ça l'amusait .Il connaissait même  le chemin pour se rentre à  notre maison, caché quelque part dans un coin à nous lancer des pierres et quand on ripostait , il nous battait encore plus .

WWE après l'école s'arrêta lorsque j'appris qu'il m'aimait bien , et c'était sa façon de l'énoncer.

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Au collège (système de France), l'approche est plus au moins différente. Sourire, attirer mon attention par des blagues, des compliments. Tous les gars au collège n'avaient pas cette même démarche mais Emmanuel lui avait décidé de m'aborder ainsi. Je fis la remarque lorsque ses amis prirent les rênes à sa place. Et vint me dire qu'il avait le béguin pour moi. Indifférente, je ne partageais point une telle appréciation particulière pour lui si ce n'était que de l'amitié. Lui, eu plus confiance à me parler ouvertement de ce qu'il avait dans le cœur. Lettres d'amour, dessins, mini poèmes, acheter la nourriture ,il ne manquait pas pour tout le temps me faire sourire. Je m'accommode. J'accepte d'être sa copine.

Bisous sur la joue, câlins, messages textes où les ''je t'aime'' interminables.

Ces mots étaient comme rajouter de l'eau du robinet à l'eau de mer. Sans valeur profonde, on se les connaissant ni leur sens, ni leur utilisation. Au collège , on reproduisait ce qu'on voyait à la télé, les actes et gestes de nos parents, notre entourage. On avait conscience de nos actions mais pas éduquer sur les conséquences.

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101 garçonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant