25 novembre 2021 – Bordeaux – Emma,
— Je te jure, certaines personnes sont plus que mal élevées ! Je comprends qu'elle veuille offrir ce cadeau à son fils mais franchement, cette femme m'a vraiment traitée comme une moins que rien.
Je me tais un instant pour jeter un coup d'œil à mon père. Accoudé au comptoir de la cuisine, il porte une tasse fumante à ses lèvres. Assise face à lui, je l'imite. Mon chocolat chaud agrémenté d'une pincée de cannelle coule dans ma gorge et me procure un bien fou. Cette recette peu banale fait partie de notre arbre généalogique depuis plusieurs générations. Mes parents la tiennent de mes grands-parents, qui eux-mêmes l'ont connu grâce à mes arrière-grands-parents. Et ainsi de suite.
Ma famille a toujours occupé une place primordiale dans ma vie. Du haut de mes vingt-neuf ans, j'habite encore chez papa et maman et ne ressens pas le besoin de déménager. Nous vivons à quatre dans un petit loft qui n'est composé que d'un étage et d'une mezzanine. A l'étage, je partage ma chambre avec Neal, mon frère âgé de cinq ans. Les pièces sont étriquées, la place nous manque et parfois, l'intimité aussi. Pourtant aucun de nous ne s'en est jamais plaint.
J'ai grandi ici. J'ai passé des moments merveilleux entre ces murs. J'y ai vécu tant de choses. Des rires, des pleurs, des joies et des déceptions. Mes parents y ont instauré un cocon si agréable, enrobé par une énorme dose de tendresse. La force de leur amour est indestructible. Leur amour l'un envers l'autre, puis envers moi et Neal. Nous nous aimons démesurément ; c'est ce qui fait le charme de ce studio. Cet endroit respire la sérénité, le bonheur et le calme. Il m'apaise en un claquement de doigts. C'est chez moi et je crois que je serais incapable de vivre ailleurs. D'autant plus que rien ne m'y pousse pour le moment. Je suis célibataire et sans enfant. Le temps ne presse pas. Pourquoi est-ce que je quitterai mes proches ? Pour me morfondre seule dans un appartement pourri ? Non merci.
— Tu t'es disputée avec elle pour un jouet Buzz l'éclair ?
La voix de mon père ne trahit aucune surprise. Il me connaît. Il sait que quand il s'agit de ma famille, je me battrais s'il le faut. Il sait aussi que je peux avoir un sale caractère – surtout si l'on me cherche. La pimbêche hautaine que j'ai croisée à "Toys "R" us" a eu de la chance ; je n'étais pas d'humeur à marchander. Sinon, je n'aurais pas abandonné si vite. Je lui aurait tenu tête jusqu'au bout, quitte à lui taper dessus avec les jambes en plastique de ce ridicule ranger de l'espace. Les garces dans son genre ne méritent rien de plus.
— Elle m'a parlé comme si j'étais une gamine ! repris-je de plus belle. À l'entendre, la Terre allait exploser si son gosse ne reçoit pas de Buzz l'éclair à Noël. Quelle idiote ! Du coup, j'ai laissé tomber et Neal n'aura pas ce qu'il voulait. Il va être triste.
— Il appréciera tout autant ce que tu lui as acheté, ne t'inquiète pas. Le plus important, c'est que tu aies envie de lui faire plaisir. C'est tout ce qu'il en retiendra.
— Tu en es sûr ?
Il opine du menton, un large sourire aux lèvres. Je lui rends. Un poids se décharge de mes épaules. Espérons qu'il ait raison et que Neal s'amuse avec la valise remplie de dinette que je lui ai trouvée. Ce n'est pas un astronaute électronique qui tire des rayons lasers mais au moins, il pourra agrandir sa collection de futur cuisinier. Ce métier le passionne depuis si longtemps.
L'odeur du poulet rôti qui cuit dans le four me chatouille les narines. Mon ventre gargouille, ce qui me vaut un rire de mon père. Sa recette accompagnée de pommes de terre, de marrons et d'une excellente sauce chasseur me fait saliver d'avance. Les petits plats de mes parents sont toujours délicieux. Les miens, c'est une autre histoire. Je suis plutôt du style à créer un incendie en faisant bouillir une casserole d'eau. Un massacre.
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Opération "attraction glaciale" [SWANQUEEN]
FanfictionEmma est une amoureuse de l'amour. Pourtant du haut de ses vingt-neuf ans, elle ne partage sa vie avec personne. Quelques relations par-ci par-là, quelques cœurs brisés mais rien de concret. La méfiance est devenue sa meilleure alliée. Ainsi, les an...