Opération "attraction glaciale" [SWANQUEEN]

❄ - Chapitre 10 - ❄

3 décembre 2021 – Bordeaux – Emma,

Je lâche un juron entre mes dents serrées. Ma mâchoire est contractée si fort qu'elle pourrait craquer à tout instant. Bon sang ! Cette garce ne cessera jamais de me pourrir la vie. Nous nous croisons déjà assez ; pourquoi a-t-elle accepté cette invitation ? Comment mes parents ont-ils pu lui proposer une chose pareille ? Ils insistent toujours pour améliorer notre entente mais c'est inutile. Ce genre de femme prétentieuse et orgueilleuse est à fuir comme la peste donc c'est ce que je fais : je l'évite au maximum. De toute manière, nous nous détestons depuis notre rencontre. Ce n'est pas un dîner qui y changera quoi que ce soit. Encore moins le soir du réveillon de Noël. Elle va juste gâcher un agréable moment en famille avec ses piques et ses remarques déplacées.

Un large sourire sur la figure, Neal court vers notre mère qui lui tend la main. Mes parents et mon frère avancent de quelques pas afin de continuer notre promenade de fin de journée. Je les suis sans broncher sauf lorsque je passe devant madame Mills. Une vague de chaleur inexpliquée me submerge durant une fraction de secondes. Mes sourcils se froncent d'incompréhension. Pourquoi mes hormones se réveillent dès que nos corps se frôlent ? Mon cerveau me crie de marcher dans la direction opposée mais mes jambes ne bougent pas. Elles sont figées, incapables de répondre aux demandes incessantes de mes neurones. Des neurones qui doivent être grillés vu la pression fulgurante qui m'étouffe.

Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Pourquoi mes bras tremblent comme une feuille de papier en plein vent ? Pourquoi un long frisson me parcourt la colonne vertébrale ? Parce que quelqu'un vient d'attraper ton poignet, Swan, hurle mon subconscient sous l'évidence de la situation. En effet. Des doigts m'enveloppent fermement sans me faire mal pour autant. Et je sais très bien à qui ils appartiennent.

Dès que mes muscles reprennent le contrôle, je me retourne. Puis je dégringole d'une trentaine d'étages d'une traite. Notre proximité soudaine me prend par surprise ; je l'imaginais un peu plus loin. Son regard marron m'électrise de la tête aux pieds. Elle se tient si près de moi que je peux y apercevoir différentes teintes de brun dont certaines qui tirent vers le noir. Elle se tient si près de moi qu'il serait impossible de l'être plus, c'est juste... Je déglutis. Ma pensée reste en suspens car elle vient de l'évincer en approchant son visage du mien. Encore un peu plus.

— Ne soyez pas déçue, Mademoiselle Swan. Vous savez, je peux être un excellent cadeau de Noël, chuchote-t-elle d'un ton mielleux.

Et beaucoup trop séducteur à mon goût. À quoi elle joue ? Si cette imbécile hautaine croit pouvoir m'attraper dans ses filets, elle se trompe. Même si je lui reconnais un charme et des atouts indiscutables, je ne suis pas de celles qui craquent aussi vite. Autant qu'elle abandonne dès maintenant.

Ses lèvres bordeaux se pincent l'une contre l'autre avant de former un rictus. Son habituel rictus provocateur qui me donne envie de lui arracher les membres un par un. À commencer par sa bouche arrondie et son cou mis à nu par sa tenue plus que légère pour la saison. Malgré moi, sa silhouette avantageuse franchit les barrières de mon esprit. Je cligne des paupières pour chasser cet absurde fantasme. Il faut que j'arrête de divaguer sur tout et n'importe quoi.

Hélas, mon interlocutrice au décolleté hypnotisant ne semble pas de cet avis. Pour continuer de m'achever, celle-ci m'adresse un clin d'œil à la fois discret et aguicheur. La seconde suivante, madame Mills me tourne le dos et s'éloigne avec Henry. J'ai l'impression que le monde entier me tombe dessus. Pourtant mon visage reste impassible et mes poings restent serrés. Mon corps stoïque ne décolère pas.

Même si cacher les picotements qui m'envahissent devient de plus en plus dur, je ne faiblis pas. Il ne faut pas que je baisse ma garde ; cela lui plairait bien trop. Je détache donc mes yeux de ses formes généreuses – qu'elle ondule exagérément – afin de ne pas succomber. À la place, je me concentre sur son comportement immature, son attitude irrespectueuse et son caractère invivable. C'est tout ce dont je dois me souvenir à son sujet.