Chapitre 4

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8 ans plus tard,

"Je t'aime". C'était le dernier mot que je prononçais à l'époque pour mon tout premier amour. Il était grand, très intimidant et doux. Je l'assimilais souvent avec une sorte de grand ours géant qui me donnait tout l'affection et le réconfort que j'avais besoin. Aujourd'hui, ce n'était plus le cas. 

- Gustave, le papier ne se mange pas.

Le fils de mon troisième frère rigola à sa bêtise. Alors que je m'amusais avec lui, son sourire fut rapidement disparue à la petite tape que lui donne le Duc de Villette sur le dos de la main. 

- On ne déchire pas les pages, ça coûte chère.

Et voilà que l'enfant pleure à chaude larme. Une colère s'agrémente en moi, mais je n'ai ni le droit de parole ni le droit d'afficher ce que je ressens lorsque mon père toussote pour me prévenir de rien dire du tout à mon futur époux. Sans que l'un deux ne réconforte l'enfant qui pleure dans les bras de la nourrice qui s'éloigne avec lui, le Duc remit son bras autour de ma taille en papotant avec mon père de la liste d'invités qu'ils ont organisés pour mes fiançailles. Ça me rend tellement nauséeuse d'en entendre parler que je met de la distance entre cet homme et moi en protestant avoir un mal de tête. 

À la tombée de la nuit, je me couchis avec une larme sur la joue. 

Ma malheureuse vie m'éteignait dans un profond sentiment de solitude, personne ne voulait me réconforter puisqu'il n'y avait pas lieu à que je sois triste d'épouser un homme avec autant de pouvoirs. Était-ce juste? 

La couturière, salua ma mère ainsi que moi avant de partir de la pièce. 

- Tu es magnifique Ingrid. 

Elle ajouta mes boucles blondes qu'elles dépose sur mes épaules dénudées par ma robe bleu nuit. 

- Ingrid, me rappelle d'une voix dure ma mère.

Ses yeux bleu me menaçant fortement à travers le miroir, je me force à sourire et elle fut satisfaite de cette fausse image de moi. 

- Nous serons en haut de la hiérarchie grâce au Duc Villette. Donc soit heureuse.

- Oui mère. 

Et nous quittions la chambre pour rejoindre le début de soirée. 

Un troisième verre de vin blanc en main, je n'écoute que d'une oreille les jeunes dames qui me félicitent pour ma bonne prise. Voyant mon futur-mari s'esclaffer de rire avec chevalier et le second prince de l'empire, j'eus que mépris pour lui. Comment mes parents ont pu me forcé à être avec un parfait idiot qui ne pense qu'à sa propre personne? Un souvenir de notre première rencontre me donne la chaire de poule. Il m'avait forcé à l'embrasser au milieu d'un jardin dès notre troisième rendez-vous car il soutenait le fait qu'il en avait le droit. Soudain, une envie de pleurer me monte aux yeux. Je m'excuse auprès des dames et pris un autre verre au passage d'un serveur pour disparaître dans la grande cour fleuri. 

Accroupit derrière un buisson de rose, je me mise à sangloter comme une enfant. 

- Une dame ne devrait pas se retrouver à terre et pleurante toute seule. 

- Fichez-moi la paix, dis-je me fichant du retour des rumeurs le lendemain pour ma mauvaise langue auprès de je ne sais qui. 

J'essuie nonchalamment mes joues mais un mouchoir en soie gris m'est tandis. Alors que mon humour était désastreux, je lève les yeux vers cet individu qui fait preuve de gentillesse. Il me fallu moins d'une minute pour le reconnaître. 

- Uda! crié-je de joie. 

Mon corps s'était élancé de lui-même à lui pour le prendre dans mes bras. Nos corps étalés sur le parterre, je continue de le serrer dans mes bras sans peur ni crainte. Pendant plusieurs seconde, je répète son nom, persuadé que j'hallucine. Mais sa main rugueuse qui se pose sur mon dos nue rompt les battements de mon coeur. 

- C'est moi Ingrid. 

Nous nous redressons après cette vague d'émotions. Ses yeux vert m'observant, il toucha ma joue puis mes lèvres avec le sentiment qu'il n'y croit pas non plus. 

- Tu as tellement changé...

J'aimerais dire la même chose à la vue de ces cheveux court, ce visage cicatrisé de ses blessures de guerre, et de ce costume français qu'il porte à ravir. 

- Je croyais que tu étais...

- Mort? sourit-il.

Il prit ma main pour la mettre à plat sur son torse. 

- Je suis bien vivant. Les anglais nous ont vaincus moi et mes frères mais j'ai eus la chance de survivre. 

Merci mon dieu...

- J'aimerais tout t'expliquer...

Je baisse les yeux à la raison de cette soirée qui se tenait derrière nous. Uda relève mon menton et se mit à me sourire tendrement. 

- Je voulais juste te revoir une dernière fois. 

Mes larmes se remettent à se déverser sur mes joues à ces mots. 

- N-ne pars pas, je t'en supplie.

- Ingrid...

Je me jette dans ses bras en l'embrassant avec cette même passion qu'au passé. Uda me repousse doucement mais mon état l'oblige à céder à mes caprices. Nos bouches liés, je soupire d'aise à sa main empoignant mes cuisses sous ma robe. Je le fais tomber sur le sol et remonte cette fichue robe pour l'avoir en moi lorsqu'il défait sa fermeture de pantalon. Sa main fut promptement plaquée sur ma bouche quand un gémissement m'échappe. Nos regards ne se lâchant pas, je fus désireuse à chaque instant de cet homme unique qui m'est volé mon coeur jadis. 

Derrière l'enceinte de la propriété dans les écuries, je ne cesse de m'accrocher à Uda qui devait partir au plus vite. 

- Je veux venir avec toi. 

- Ingrid c'est impossible. 

- Je me suis enfuis une fois et c'était la meilleure chose qu'il me soit arrivé. 

Uda prit une minute de réflexion jusqu'à se taire pour de bon. Je mordis mes lèvres à l'envie de pleurer. 

- Tu es cruel.

- C'est toi qui es parti. 

- J-je ne savais pas où cela m'aurait entraîné. 

- Vers une mort certaine. Tu es en sécurité ici auprès de ta famille. 

- Uda...

Il embrasse mon front d'une force qui me dit qu'il ne souhaite pas non plus notre séparation. Seulement, une chose le contraint à partir. 



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