Our Time

Chapitre 6

-Iris, on t'a suivi sans poser de question jusqu'au parc du centre ville, mais tu voudrais pas nous dire ce qu'on fait là maintenant...? demanda Zéphir.

-Vous voyez le garçon, là-bas ?

Iris désigna un jeune homme assis sur un banc, les jambes croisées, probablement étudiant au vu des 3 manuels posés à coté de lui. Il portait un bonnet gris qui laissait dépasser ses mèches vertes, un jean déchiré noir et une veste en faux cuir marron entrouverte sur un tee-shirt des Beatles. Le jeune garçon portait aussi de gants en tissu blanc avec une sorte de symbole brodé en rouge sur le dos de la main. Ces gants semblaient valoir leur pesant d'or.

-Ouais, il passe pas vraiment inaperçu vu son style. 

-C'est toujours mieux que ton semblant de tenue vestimentaire, sale nerd, cracha Lewis.

-Hé, parle mieux de ce noble art qu'est le street-wear ! enchaîna Zéphir en réajustant sa veste sur ses épaules.

-Fermez-là un peu, vous êtes trop bruyants, il va nous entendre, coupa court Iris. Vous voulez le faire décamper c'est ça ? Sur ces mots, elle leur cala un coup de coude à chacun, bien placé entre les côtes.

Pendant que les deux jeunes hommes se roulaient par terre de douleur, mais silencieusement, Iris leur expliqua le plan qui n'était pas très complexe... En résumé, ils allaient l'agresser.

Il était 18h30, quand Iris, Zéphir, Chester et Lewis «interpellèrent» Théo Dubois , la cinquième cible. Ils l'emmenèrent plus loin, derrière une vieille cabane en bois, on aurait vraiment dit une agression. Lewis retenait le malheureux par les bras pendant qu'Iris l'interrogeait et derrière elle, Chester essayait de ressembler à un délinquant en croisant les bras et en relevant la tête. C'était mignon à voir, cela ne lui allait pas du tout. Pendant ce temps Zéphir montait la garde à coté d'eux.

-Salut, moi c'est Iris. J'ai pas le temps de tout t'expliquer, mais j'ai besoin de ton pouvoir.

-Hein ? De quel pouvoir ? répondit le jeune homme, mauvais menteur.

-Joue pas au petit malin, Lewis t'a déjà vu t'en servir.

-Ah, ce pouvoir là... Dit Théo, craignant pour sa vie, malgré la piètre prestation de ses agresseurs.

-Utilise ton pouvoir sur cette clope, et raconte-nous ce que tu auras vu, ordonna Iris.

-Bon, d'accord, mais vous me laisserez partir après, hein ?

-Juré. Maintenant, dépêche.»

Lewis lâcha les bras du jeune homme pour lui permettre de saisir la cigarette. Ce dernier ôta l'un de ses gants et avec sa main nue, pris la cigarette qu'Iris lui tendait. Ses yeux virèrent au blanc, et il commença à trembler légèrement. Quelques secondes plus tard, il lâcha brusquement la cigarette et repris bruyamment son souffle.

Théo possède un pouvoir Spatial, lui permettant de visualiser des évènements ou des personne liés à un objet. Son pouvoir, comme celui de Chester, ne s'active qu'au contact direct de la peau et il doit porter des gants pour stopper les effets de son pouvoir. En effet, ses visions n'apparaissent pas quand il touche des êtres vivants, animaux comme plantes, c'est pourquoi ses gants étaient totalement en tissu végétal, par souci éthique.

«-Alors, t'as vu quoi ? 

-Je vous ai d'abord vu ramasser la cigarette et parlé de l'enlèvement de votre prof, désolé pour ça d'ailleurs. Ensuite j'ai vu un homme brun avec des lunettes, une chemise à carreau jaune et un jean vert. Il se battait avec un homme en blouse blanche, je n'ai pas trop compris pourquoi mais l'homme en chemise jaune s'est évanoui... Et l'homme en blouse l'a traîné, en écrasant la cigarette au passage.

-Un homme qui s'habille aussi mal, c'est forcément Monsieur Rochat. Parle-moi plus en détail de l'homme en blouse, répondit Iris.

-L'homme en blouse avait l'air d'avoir la vingtaine, presque la trentaine. Il était brun, et avait une légère barbe de 3 jours. Il portait une blouse blanche, avec une tache de sang sur le coté droit de son torse. Ah, ses cheveux étaient attachés en arrière et il avait des cernes de malade, comme s'il n'avait pas dormi depuis des siècles ! Plus loin dans le flash, je l'ai aperçu à coté d'une usine, au téléphone. L'usine était grise, mais il y avait un logo de montagne en noir et blanc, dans un cercle bleu clair.

Le pouvoir de Théo, fonctionnait comme un film, il défilait le passé d'un objet devant ses yeux, en commençant par le plus récent évènement en allant jusqu'au plus ancien. S'il venait à rester des heures avec un objet dans la main, il pourrait remonter jusqu'à plusieurs siècles en arrière, mais les effets physiques que cela infligerait à son corps le tueraient bien avant.

-Je sais où c'est ! s'exclama Lewis qui était silencieux jusqu'à présent. C'est l'usine désaffectée près du Rhône ! On y faisait de la tannerie il y a 200ans.

-Comment t'as vu l'homme en blouse alors qu'il n'avait pas encore rencontré le prof ? Surtout qu'il n'avait pas la cigarette avec lui... questionna Chester, curieux.

-Ça arrive parfois que mes flashs voient plus loin que les évènements liés à un objet, ça peut s'étendre aux personnes l'ayant touché, en ayant parlé ou l'ayant possédé... Pour cette cigarette, l'homme l'avait accidentellement écrasé en partant avec votre prof, répondit-il tout en remettant son gant.

-Mais c'est qu'il est sympa ton pouvoir, dis donc ! Le rouquin tendit sa main gantée à son confrère. Moi c'est Chester, mais tu peux m'appeler Ches, je fouille dans les souvenirs !

Théo, enchanté... Le jeune garçon sourit en voyant les gants en cuir de Chester.

Un sourire que Chester lui rendit en lui serrant la main vigoureusement. Une telle attention n'échappa pas à Lewis, qui regarda Théo avec méfiance.

-Tu peux y aller, c'est bon, on te recontactera un prochain jour, j'aurai à te parler, conclut Iris.

Théo s'en alla, assez perturbé par cette rencontre, mais heureux d'apprendre que d'autres personnes possèdent aussi des pouvoirs, et d'avoir rencontré Chester, qui semblait avoir les mêmes contraintes que lui.