Chapitre 7

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Ce jour-là, Adèle se rendit à la boulangerie, revigorée de sa conversation de la veille avec sa grand-mère. La vieille femme avait su apaiser et conseiller la jeune fille, l'aider à reprendre confiance en elle. Adèle se sentait toujours mieux après une conversation avec sa grand-mère. Aussi, c'est avec conviction et détermination que la jeune fille ouvrit la porte de la boulangerie. Le bonjour qu'elle s'apprêtait à dire mourut sur ses lèvres en même temps que son sourire se figea. Assis à sa table, le menton négligemment posé sur sa main dans une attitude qui se voulait décontractée, Alexandre était là. Lorsqu'il remarqua la jeune fille, il lui adressa un sourire accompagné d'un clin d'œil. Il l'attendait. Un frisson parcouru Adèle, mais elle se força à agir normalement. Puisqu'il était là, parfait, elle allait lui dire clairement et une bonne fois pour toutes ce qu'il ne comprenait encore pas depuis plusieurs jours. Elle s'avança donc, comme à son habitude, vers le comptoir afin de commander son croissant. Peut-être était-elle un peu plus froide que d'habitude, peut-être que son sourire forcé et son attitude faussement confiante ne bernaient personne, ou peut-être qu'elle n'était pas la seule que les coups d'œil répéter d'Alexandre dérangeaient. Dans tous les cas, il y a eu quelque chose qui a inquiété le jeune boulanger, suffisamment pour qu'il lui pose la question.

— Mademoiselle, est-ce que tout va bien ? Demanda le jeune homme.

Adèle hésita une fraction de seconde.

— Tout va bien, assura-t-elle pourtant.

Le jeune boulanger fronça les sourcils, apparemment loin d'être convaincue. Il hocha cependant la tête en ajoutant :

— Si jamais il y a un problème, quoi que ce soit, n'hésitez à me demander de l'aide, ok ?

Le regard que le jeune boulanger avait à ce moment-là était impressionnant de détermination et de confiance, si bien que la jeune fille sentie un immense poids d'appréhension quitter ses épaules. Elle se sentit plus légère, plus rassurée, en sécurité. C'est avec un sourire confiant qu'elle acquiesça, avant d'emporter son plateau de déjeuner à sa table.

— Adèle, comment vas-tu ? demanda avec un grand sourire Alexandre.

— Bien. Je ne m'attendais pas à te voir ici.

— Tu n'as pas répondu à mes messages d'hier, je me suis dit que le plus simple pour te voir était de venir ici.

— Au lieu de m'attendre à l'université ? releva sèchement la jeune fille.

— Que veux-tu, je n'ai plus aucune patience lorsqu'il s'agit de toi, répondit le jeune homme avec un sourire.

Adèle ne répondit pas immédiatement. Plus elle y réfléchissait, et moins elle souhaitait parler à Alexandre. Il était clairement l'un des plus populaires de la Fac, pourquoi s'était-il mis, du jour au lendemain, à s'intéresser à elle ? Et, surtout, Adèle ne pouvais pas ignorer les rumeurs qui couraient sur le jeune homme. C'est une chose d'être populaire, c'en est une autre d'être accusé d'agression. Mais, bien sûr, personne n'a jamais osé confronter directement le jeune homme. Ce ne sont que des rumeurs. La jeune fille soupira.

— Écoute, Alexandre, commença-t-elle, tu as été vraiment gentil avec moi, mais là... C'est trop. Tu ne peux pas m'envoyer une vingtaine de messages par jours en voyant que je n'y réponds pas. Tu ne peux pas venir exprès à l'endroit où je viens tous les jours pour me voir. J'ai essayé de te le dire, mais...

— Mais quoi ?

Le ton du jeune homme était glacial.

— Mais tu ne m'intéresses pas, repris Adèle, peut-être comme un ami, mais rien de plus.

Et voilà, c'était dit. Adèle leva les yeux vers Alexandre, et senti tout son corps se figer. Malgré le sourire qu'il essayait de garder, le jeune homme ne pouvait cacher la colère qui irradiait de lui.

— Un ami ? dit-il en détachant chaque syllabe, tu crois que je veux seulement être ton ami ? Tu penses que j'ai pris la peine de m'intéresser à toi, de passer du temps avec toi, tout ça pour être amis ?

Adèle était si choquée qu'elle ne trouva rien à répondre. Alexandre se leva, le regard noir de colère. À ce moment-là, Adèle ressentit vraiment de la crainte. Elle eut un vague remord. Elle ne désirait pas blesser ou vexer le jeune homme, mais elle ne voyait réellement plus comment clarifier les choses. Mais la réaction du jeune homme l'inquiéta. Elle ne sut plus quoi dire pour calmer Alexandre. Ce dernier s'approcha d'elle, le regard noir, alors que la jeune fille était clouée à sa chaise. Tandis que le jeune blond s'apprêtait à lui attraper le poignet, un corps vient s'interposer entre Adèle et Alexandre. D'un geste vif, Bastien bloqua le bras du jeune blond avant que celui-ci n'ait pu toucher la brune. Le jeune boulanger adressa à Alexandre un regard noir et froid.

— Je ne tolérerai pas plus longtemps que tu t'en prennes à Adèle.

Alexandre esquissa un sourire moqueur. De quoi se mêlait-il, le petit brun ?

— Tu comptes faire quoi, hein ? le nargua Alexandre, mon père est riche, ok ? Alors si tu me touches, il va tout simplement te virer. Comment tu feras après, si tu as pas ton petit travail minable ?

Bastien sentit sa colère augmenter. Il aurait voulu faire ravaler au blond son sourire narcissique. Mais une légère pression d'Adèle sur son épaule le ramena à la raison. Il ne pouvait pas se permettre de se laisser aller à la colère. C'était Adèle la priorité.

— Bon écoute, reprit calmement Bastien, à présent sûr de lui, je te vire de la boulangerie au vu du comportement violent et de l'agression faite envers ma cliente. Je ne veux plus te voir ici.

— Tu crois que tu peux me virer comme ça ?

— Oui, il peut, intervint une voix.

Les deux jeunes hommes tournèrent la tête pour voir M.Desmond. Le vieil homme s'approcha d'Alexandre, qui eut un mouvement de recul.

— Vous êtes allés trop loin jeune homme, reprit M.Desmond, maintenant ça suffit, laissez la jeune fille tranquille et partez.

Alexandre parut sur le point de protester, mais, finalement, devant l'autorité qu'affichait le jeune boulanger et le vieil homme, il se résignât. En serrant les poings, le jeune blond quitta la boulangerie, non sans un dernier regard vers Adèle.

Ce n'est que lorsque la porte se referma que Bastien se rendit compte de la tension qui régnait dans la pièce et dans son corps. Le jeune homme relâcha tout d'un coup, un léger soupir s'échappa de ses lèvres. D'un regard entendu, M.Desmond repartis s'assoir à sa table. Bastien s'apprêta à regagner sa place, lorsqu'on l'interpella.

— Attends !

— Oui ? dit Bastien en se retournant vers elle.

— Je... Merci, reprit Adèle, merci de m'avoir aidée.

Bastien ne répondit pas immédiatement. Il considéra la jeune fille qui le regardait, ses yeux couleur chocolat se posaient sur lui, ses joues légèrement rouges. Le jeune homme oublia instantanément toutes les incertitudes qui le tenaillaient depuis plusieurs jours. Finalement, il adressa à la jeune fille un sourire.

— Je t'avais dit que je serais là si tu avais besoin.

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