Chapitre 9

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Adèle était stressée. La jeune fille jouait avec une mèche de cheveux bruns négligemment. Voilà dix minutes qu'elle était devant la porte d'un immeuble. Plusieurs fois déjà, elle avait envisagée de retourner voir Malik -le boulanger qui remplaçait Bastien- pour lui refuser la commande. Elle aurait pu prétexter avoir beaucoup de choses à faire, peu de temps, entre les devoirs, l'université, ses propres occupations... Mais, ça n'aurait été que des excuses pour camoufler la vérité : Adèle était effrayée à l'idée d'aller voir Bastien chez lui. La casanière qu'elle était détestée s'immiscer dans l'intimité des gens. Mais elle devait le faire. De toute façon, la boulangerie était déjà fermée, il était trop tard pour retourner voir Malik. Adèle souffla un bon coup, et avant de changer une nouvelle fois d'avis, elle ouvrit la porte.

En montant l'escalier pour atteindre le cinquième étage, Adèle essaya tant bien que mal de se calmer. Je viens juste apporter le carnet que Malik m'a demandé d'apporter à Bastien, se répéta-t-elle. Ce qui était la stricte vérité. La jeune fille avait pratiquement sursauté le matin, lorsque Malik avait interrompu son déjeuner pour lui tendre un carnet. Il avait juste indiqué "il faut que tu emmènes ça à Bastien, moi je peux pas le faire". Puis, il lui avait tendu un bout de papier sur lequel était inscrit l'adresse de Bastien. Adèle avait saisi cette occasion d'avoir des nouvelles du jeune homme, mais maintenant qu'elle se rapprochait, la timidité reprenait le dessus. Respire. Relax. Sonne. Elle appuya sur la sonnette.

Et si elle laissait le carnet devant la porte ? Peut-être qu'elle avait encore le temps de courir. Malheureusement, la porte s'ouvrit, et Adèle se sentit figée sur place. Bastien se tenait dans l'encadrement de la porte, ses mèches noires éparpillées sur son front, ses yeux foncés se sont légèrement écarquillés de surprise en voyant Adèle devant chez lui. Il avait troqué son habituel tablier de boulanger contre un pull à coule roulé marron foncé qui s'accordait incroyablement bien avec ses yeux couleur café. Tu divagues, se rabroua mentalement Adèle. Un long silence s'installa, avant que Bastien ne se décide à le rompre.

- Salut Adèle, ça va ? demanda le jeune homme.

La jeune fille mit du temps à réagir. Ce n'est que lorsque les yeux de Bastien se baissèrent sur le carnet qu'elle tenait à la main qu'elle se rappela la raison de sa visite.

- Tiens, dit-elle en lui tendant le carnet, Malik m'a demandé de te le ramener, j'imagine que tu as dû l'oublier.

- Merci, dit Bastien en souriant.

Maintenant qu'elle était là, la gêne avait totalement disparu, et Adèle décida d'obtenir des réponses aux questions.

- Au fait, pourquoi est-ce que tu n'étais pas là ce matin ? Tu as pris tes vacances ?

- Des vacances forcées, grimaça le jeune homme.

- Comment ça ?

- Eh bien... hésita le brun, il y a eu un appel, de la part de je-ne-sais-pas-qui, ordonnant mon licenciement immédiat, pour cause de comportement outrageant envers un...

- Quoi ?! s'exclama Adèle.

- Ouais j'ai eu la même réaction, reprit Bastien, mon patron, le boulanger, m'en a parlé, et il m'a demandé de faire mon choix. Il voulait bien me garder, malgré le risque que l'affaire s'aggrave.

 - Et alors ? s'inquiéta la jeune fille.

- Je... J'ai décidé de démissionner, avoua finalement Bastien.

Adèle garda le silence. Malgré le sourire qui se voulait rassurant, Bastien ne pu dissimuler sa tristesse. Finalement, le jeune homme jeta un coup d'œil derrière lui, puis sembla se raviser.

- Ça te dit qu'on aille faire un tour dehors ? proposa-t-il avec un sourire.

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