Chapitre 1

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Je me réveille d'un profond sommeil. Encore une fois, je n'ai pas réussi à m'endormir avant minuit. Je n'ai pas envie de bouger, mais mon réveil m'oblige à me lever. Je glisse mon doigt sur l'écran de mon téléphone et l'alarme se désactive, plongeant ma chambre dans le silence. Les oiseaux se remettent à chanter. Peut-être étaient-ils déjà en train de chanter et que je n'y prêtais pas attention. Je recommence à avoir mal à la tête en me rappelant quel jour on est. C'est la rentrée, il est six heures du matin et je n'ai encore rien préparé. J'enfile en vitesse un jeans noir et une pull gris. Un rapide coup d'œil par la fenêtre me confirme que c'est une bonne décision : Les arbres se plient sous la force du vent, faisant s'envoler les quelques feuilles déjà tombées.

On a eu un été pourri, il a plu presque tous les jours. Le seul fait de savoir qu'il va faire meilleur la semaine prochaine m'empêche d'avoir le moral à zéro, même si une seule goutte suffirait pour faire déborder le vase. Clairement, le vase ici, c'est moi.

En descendant les escalier, mon sac à la main, j'essaie de me rappeler mon rêve. Il se passait à l'école, ça j'en suis certain. Cela est surement du au fait que la rentrée était désormais inévitable. J'avais attendu mon prince charmant tout l'été. Il devait me délivrer de l'horreur que c'est d'être encore dans le placard et de mes longues journées d'été passée à envier tous les couples sur ma page des « pour toi » sur Tik Tok.

Six heure et demie. Dans une heure, je marche aux côtés de mes amis dans les couloirs de l'école. Une douce odeur de pain grillé me caresse les narines. Ma mère m'a préparé mon petit-déjeuner comme chaque année le premier jour d'école. À ma place attribuée à la table de la cuisine (en face de mon père et à côté de Nina et de ma mère) m'attendait une assiette de pancakes aux myrtilles, recouverts d'une généreuse couche de sirop d'érable.

Le déjeuner se déroule en silence. De temps en temps, on entend ma mère chuchoter au long de sa lecture des nouvelles sur la tablette familiale. C'était mieux ainsi, je réponds toujours de façon agacée le matin. Je dépose mon assiette et mes couverts dans l'évier et je monte me brosser les dents. Quelques minutes plus tard, mon sac à dos sur mes épaules, j'attends ma mère et ma sœur dans les escaliers. En les attendant, je me balade sur Instagram : des stars dans leurs nouvelles villas en train de célébrer un énième contrat avec Netflix – je devrais d'ailleurs regarder la nouvelle saison d'Élite – j'enchaîne les likes. La photo d'une chanteuse sur scène, like, la photo de Bella Daan, like... je reviens en arrière. Sur la photo de Bella se trouve le plus bel homme que j'ai jamais vu. Derek Van Droom. Ils se tiennent côtes à côtes au bord d'une piscine. On n'a jamais été dans la même classe tous les trois mais quelle différence cela ferait-elle ? Vu la proximité de leurs genoux, ils sont surement en couple. Je m'attarde encore quelques secondes sur son visage avant d'être interrompu

— Pousse-toi, proutsie.

C'est ma sœur, Nina qui dévale les escaliers. Elle manque de me marcher sur la main, mais je la retire en vitesse.

— C'est moi qui ai inventé ce mot. C'est toi la proutsie de toute manière.

— C'est tout ce que tu trouves à dire, s'esclaffe-t-elle.

Qu'est-ce qu'elle peut m'agacer. Elle a seize ans, seulement un an en moins que moi. Juste parce qu'elle est extravertie et moi introverti, elle se montre un peu trop envahissante et se permet de me lancer des piques à tout bout de champ. Je ne sais jamais répliquer bien sûr, je suis surement trop bête. Ma mère nous rejoint finalement et on embarque dans notre voiture.

Dans la voiture, je regarde le soleil se lever. Les arbres se transforment en épaisses masses vertes et floues et les maisons en taches brunes et blanches. Il ne nous faut pas longtemps pour traverser la ville et Nina et moi sommes vite débarqués sur le parking de l'école. La parking afflue d'élève et de professeurs, tous se dirigent vers l'entrée principale pour la rentrée. Dans le couloir, je rejoins mes amis avec un sentiment de soulagement. Je ne voulais pas rentrer seul dans la grande salle, trouver une place isolée et patienter en silence que ces deux longues heures de tortures passent.

Je fais la bise à tout le monde. Charli, Paige, Liam, Paige et enfin Amethyst – ma meilleure amie – qui me prend dans ses bras. Sa bonne humeur me rend joyeux. Je ne pense pas pouvoir survivre une année sans eux. J'espère à tout prix de me retrouver dans leur classe. Chaque année, des dizaines de personnes pleurent parce qu'elles sont séparées de leurs amis. Ce qui est compréhensible. On entre ensemble dans le réfectoire déjà bondé et on s'assied sur un banc libre. Mon regard parcourt instinctivement la foule. La première rangée est réservée aux professeurs de dernière année. Madame Pond, la prof de chimie, porte encore son tailleur noir et son chignon serré comme d'habitude. Derrière elle, discutent Bella, Derek et Christian. Derek et Christian, les deux footballeurs star de l'école. Notre école, dont le corps enseignant se compose de plus de deux cents professeurs et où sont inscrits près de mille-cinq-cents élèves possède une équipe de football. Ils sont plutôt bons de ce que j'ai pu voir. Je n'ai été qu'à deux de leurs matchs (je soutiens l'équipe à cent pourcent mais je déteste le sport). Le directeur s'avance sur l'estrade. Personne ne semble l'entendre jusqu'à ce qu'il attrape le micro et tapote sur la boule argentée. Le bruit strident sortant des baffles ramène l'attention sur lui.

— Bienvenue à tous pour cette nouvelle année à Beachdale...

Il commence alors un monologue sur les valeurs de l'école ainsi que le sujet dont tous les élèves attendent avec impatience : le voyage de fin d'année. Le silence s'installe dans la salle, le directeur sait qu'il a captivé son audience et affiche un petit sourire victorieux avant d'annoncer qu'il a été annulé. Cette nouvelle semble révolter les élèves qui gémissent en chœur. Certains osent même le ver la main pour demander des explications. Brittany Corneval ose même demander le motif de cette décision. Le directeur lui répond alors que les évènements survenus lors des voyages organisés l'année passée sont la raison de l'annulation de ceux de cette année.

Il faut avouer que l'année passée a été un total désastre. Les élèves avaient organisé des fêtes dans leurs chambres toutes les nuits mélangeant alcool et musique à fond. Sans compter le fait qu'ils avaient séquestrés les professeurs accompagnateurs dans leurs chambres pendant une partie de la nuit – aucun professeur n'a été blessé durant ces voyages, je tiens à le préciser. Son discours se termine par la formation des classes. Un par un, les élèves sont appelés et peuvent se diriger vers le local qui leur est attribué. J'attends nerveusement que mon nom soit cité jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une vingtaine d'élèves dans le réfectoire. De mon groupe d'amis, il ne reste plus qu'Amethyst et moi. Heureusement pour eux, Paige, Liam et Charli sont dans la même classe, mais heureusement pour moi, non seulement je suis avec Amethyst mais aussi avec Derek et Bella. En me levant, je me rends compte que cette année ne va pas être facile – non, pas parce que je vais tout le temps être distrait par Derek – tout simplement parce que notre titulaire est Madame Pond et que je suis convaincu qu'elle me déteste. Elle me donnait déjà cours il y a deux ans en sciences et j'oubliais continuellement mon manuel. En repensant au nombre de fois où on s'est fait exclure de son cours (Amethyst et moi), je ne peux m'empêcher de sourire – je vous l'accorde, sur celle-là, je l'ai un peu cherché.

En nous dirigeant vers notre classe, je discute avec Amethyst.

— Alors, comment se sont passée tes vacances ?

Ses tresses violettes balancent dans son dos à chacun de ses pas.

— C'était cool. Je ne suis pas parti en vacances pour travailler chez George.

— D'ailleurs on doit y aller vendredi !

Sans le vouloir, on se retrouvait tous ensemble chaque vendredi de rentrée depuis plusieurs années au centre commercial pour déguster les glaces de George. C'était maintenant devenu une sorte de rituel.

À peine avons-nous posé un pied dans la classe que Madame Pond nous interpelle.

— Les retardataires nous font enfin l'honneur de leur présence, nous crache notre professeure. Mademoiselle Mampino, asseyez-vous devant moi et Monsieur Demetrius aller à côté de Monsieur Van Droom.

— Comment cette sorcière a-t-elle fait pour arriver avant nous, me souffle Amethyst avant de se diriger vers sa place.

Je m'apprêtais à lui répondre qu'elle devait avoir volé sur son balai magique avant de remarquer que Madame Pond me regarde d'un mauvais œil. Je m'empresse d'aller m'assoir et de me fondre dans le décors. Avec un peu de chance, je serais invisible sur son radar pour le reste de l'heure.

Je déballe mes affaires en silence jusqu'à ce qu'une voix m'interpelle.

—Salut !

Tell Me You Are Mine (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant