Chapitre 5

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Quand nos lèvres s'étaient touchées, j'avais ressenti quelque chose. C'est comme si un courant électrique m'avait traversé et avait formé une boule dans mon ventre. Son baiser m'a laissé un sentiment de plénitude. L'ocytocine se répand dans mon corps et je suis absorbé hors de la réalité. Plus personne ne fait de bruit. En fait, plus personne existe.

Le jeu vient de se finir car Bella et Liam ont dû retourner en urgence à la maison à la suite d'une dispute qui avait résonné jusque dans le jardin privé. Tout le monde à part Derek et moi s'était séparé. Nous sommes les derniers dans la piscine avec pour seul compagnie le bruit de l'eau. Il me prend la main et me tire vers un des escaliers. Derek prend sa chemise et son short par terre et on sort dans le jardin.

Qui aurait cru que passer là changerait ma vie ? Certainement pas moi.

Amethyst et Charli étaient assise sur un banc et nous observèrent passer le long de la haie, dégoulinant d'eau chlorée. La fête bat toujours son plein. J'aperçois Paige en train de parler avec un garçon. Je suis content pour elle. Paige n'avait jamais eu de chance avec les garçons, à chaque fois que quelqu'un s'était intéressé à elle, elle avait découvert qu'il était déjà en couple. Deux, c'est une coïncidence, trois, ça devient un signe. Chaque fois lui faisait plus mal, même si elle ne voulait pas l'admettre.

— Où est-ce qu'on va, m'inquiété-je.

— Tu verras.

On marche dans l'herbe fraîchement tondue jusqu'à un trou dans la haie. Celui-est plus petit, aussi on doit s'abaisser tous les deux pour passer.

De l'autre côté de la haie, il y a un petit chemin en pierre menant vers un lac. Le ciel et d'un bleu nuit profond sauf à l'horizon, il est mauve clair. Dans quelques minutes il aura complètement disparu. Cette vue me fait me demander quelle heure il est. Le lac a la même couleur que le ciel, même les étoiles se reflètent sur sa la surface lisse de l'eau. C'est comme si une partie du ciel avait fondu est était tombé ici, formant ainsi le lac. Le chemin fait le tour du lac et s'arrête à un petit kioske. Il est presque entièrement recouvert de fleurs blanches. On s'assied sur les marches pour regarder le lac.

Aucun de nous deux ne parle pendant cinq minutes.

Si je lisais une histoire qui commence comme la nôtre, je ne pourrais pas m'empêcher de trouver ça stupide. Les personnages se connaissent à peine, ils n'ont visiblement pas beaucoup de points commun et avant même de s'être adressé plus de trente mots, ils s'embrassent. Néanmoins, cette histoire me paraît être la plus naturelle possible. C'était comme si on se connaissait depuis des années, que j'avais grandi avec lui. L'histoire et les souvenirs en moins.

Peut-être que c'est mieux qu'on ne se connaisse pas encore. Le passé nous retient parfois de vivre des choses, mais ce dont j'ai le plus peur au final, c'est de l'avenir. J'avance en terrain inconnu. Ça fait partie du jeu, j'en suis bien conscient. J'avance dans le noir complet, en attendant de trouver la lumière. Je ne sais pas si le chemin vers cette lumière est semé d'embûches, mais je sais qu'il en vaut la peine d'être vécu.

Au bout d'un moment, je fais quelque chose dont je ne me serais jamais cru capable de faire : je prends sa main et la tient, fermement.

— J'espère que je ne te brusque pas.

Il a dit ça d'un air coupable.

— Tu ne me brusque pas du tout. Au contraire, j'ai l'impression qu'on manque de temps.

Il pencha la tête vers moi, cherchant une explication que je m'empresse de lui fournir.

— Dans 8 mois, c'est la fin des cours. On va tous les deux partir de notre côté. Et si on ne se revoyait plus jamais ?

Tell Me You Are Mine (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant