Eleanor :
Cette fille venait de franchir la porte du bar et ce fut comme si le monde autour de moi volait en éclats et se reconstituait autour d'elle. Elle était l'ange venu me soustraire de mon enfer personnel. Je pouvais sentir son sang et entendre son cœur battre d'ici et tout chez elle m'attirait. J'avais envie d'elle, dans tout les sens du terme. Je sentais que je pouvais tout faire pour elle. Je pouvais mourir pour elle, je pouvais vivre pour elle.
Je devais m'approcher d'elle. Je marchais sans m'en rendre compte, toute mon attention était focalisée sur l'étrange créature. Elle était assise avec des amis. Il me fallait une technique d'approche. Je devenais nerveuse et j'aimais cette nouvelle sensation. Ça faisait tellement longtemps que je n'avais plus rien ressentis que j'en avais presque le vertige. Son odeur attisait ma soif et le son de son cœur... Il était plus puissant que la musique. Je dus m'adosser au mur quelques instants. J'avais beau essayer de reprendre mon souffle, son odeur emplissait la pièce. J'allais suffoquer.
- Tu vas bien ? Tu as soif ?
- La fille, celle qui est assise avec les cheveux roux, tu la connais ?
- Non. Pourquoi ?
- Je ne sais pas. J'ai jamais ressenti ça. Elle m'attire.
- Tu n'es pas malade, j'espère ? Normalement, on n'est pas malade.
Je regardait Robert, il semblait très sérieux. Après tout, il avait raison. Les vampires ne tombent pas malades. Et pourtant, je sentais mon cœur battre. Battre à en casser mes côtes. Battre à s'envoler de ma poitrine. Cette fille lui avait donné des ailes et jamais il ne s'arrêtera de battre.
- Tu sais bien qu'on ne peut pas être malade, mais je sens son odeur jusqu'ici et je ressens des choses. Ecoute, je ne sais pas ce qu'il se passe, soufflais-je.
- T'es vraiment la vampire la plus bizarre que j'ai rencontré. Mais je te conseille de ne pas la tuer tant que tu ne sais pas ce qu'il se passe avec elle.
- C'est un ange Robert. Je ne peux pas tuer un ange. Regarde-la.
Robert devait sûrement me prendre pour une folle. Il ne comprenait pas. Je pris mon courage à deux mains et m'approchai de la fille. Les autres humains ne m'intéressaient plus.
- Bonsoir, j'ai vu que votre verre est vide. Vous me permettez de vous en reprendre un nouveau ?
Ce n'est pas la meilleure phrase d'approche que j'aie pu trouver, mais elle leva ses yeux vers moi. Ses yeux bleus transpercèrent mon âme et je su à cet instant que j'allais l'aimer jusqu'à la fin de mes jours.
- Euh bien sûr.
Je fis signe au serveur de nous remettre la même chose. Sa voix était une musique pour mes oreilles et je voulais l'entendre encore et encore.
- Quel est votre nom ? Demandais-je par pure politesse. J'avais entendu ses amis l'appeler Lyana tout à l'heure.
- A... Anastasia.
- On sait toutes les deux que ce n'est pas votre vrai nom.
Cela signifiait seulement deux choses. Soit elle avait utilisé une fausse identité pour rentrer dans le bar, soit elle ne voulait tout simplement pas me le donner. Je souris à cette éventualité. J'allais devoir ruser et utiliser de mon charme. Je repris confiance en moi.
- Je m'appelle Lyana. Comment le saviez-vous ?
- Une intuition. Je m'appelle Eleanor.
Je la vis froncer les yeux. Je ne devais pas être très convaincante. Ou alors elle devait me trouver bizarre.
- Donc je suppose que vous n'êtes pas majeur ?
- Non, pas vraiment, mais bientôt. J'ai 17 ans.
Mon sens de l'observation était toujours aussi performant. Elle avait seulement un an de moins que moi.
- Je peux vous tutoyer ?
- Bi... Bien sûr.
Ses hésitations étaient vraiment mignonnes. Que m'arrivait-il ?
- Alors que viens-tu faire ici ?
- On fête la réussite de... nos examens. Et toi ?
- Je n'ai pas de raison particulière. J'aime cet endroit. J'y viens souvent. Je ne t'y ai jamais vue auparavant.
La conversation était légère et je ne tenais pas à lui faire peur avec les milliers de questions qui jaillissaient dans ma tête. Quand je lui demandai de danser, je vis de nouveau son hésitation et tentai ma chance. Elle pris ma main tendue et je sentis un courant électrique passer de part en part de ma poitrine. Son corps m'attirait, irrésistiblement. Bien et mal. Paradis et enfer. Ces notions n'avaient plus de sens. Elle m'hypnotisait. Je l'attirais vers moi, le besoin de sentir sa peau se faisait de plus en plus grande. Je sentais mes canines s'allonger et me faire mal et j'étais à deux doigts de la mordre et d'abréger mes souffrances quand un homme trébucha sur elle et je repris immédiatement mes idées.
J'ai failli la mordre au beau milieu de la piste de danse. Je leva les yeux et vis Robert toujours adossé au mur. Il était tendu et prêt à intervenir au cas où. Je le remerciais d'un regard. Nous devions garder notre identité secrète et mordre une humaine dans un endroit public n'était pas vraiment la meilleure manière de garder le secret intact. J'avais déjà révélé par imprudence mon identité une fois et le traitement que les humains m'avaient réservé n'était pas des plus joyeux. Mais le temps ont changé. Si je dis que je suis une vampire à quelqu'un de cette époque, on ne me prendrait pas au sérieux.
Avant qu'elle ne s'en aille, je lui donnai ma carte de visite en espérant qu'elle me contacte le lendemain.
- Ok Eleanor... C'était quoi ce bordel ?
- Je te l'ai dit, cette fille est spéciale.
- Pour moi, c'est une humaine tout à fait normale.
- Je pense que c'est mon âme sœur.
Mes paroles ont dépassé ma pensée, mais après tout, c'était bien possible. N'entendait-on pas les humains en parler tous les jours ? Et si ça existait vraiment ?
- Je ne te pensais pas aussi romantique. Mais la prochaine fois que tu veux boire, ne le fais pas dans un bar.
- Merci Robert, mais je suis au courant. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris.
- Mais je pense que j'ai déjà entendu parler d'un truc pareil. Je pense que c'était pendant la guerre. Je me renseignerais.
- Ok. Je vais aller me chercher une humaine. Elle m'a donné soif.
Ce monde n'était peut-être pas si mauvais que ça si des anges venaient troubler mon âme.
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D'ailes et de flammes
ParanormalSes bras s'ouvrirent comme les ailes d'un ange, me sortant des ténèbres et me gardant près de son corps. A jamais.