Épilogue

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Je ne suis pas fou. Et nous ne nous trouvons pas dans un film à l'eau de rose dégoulinant de l'esprit de Noël. Je n'ai pas tout lâché du jour au lendemain pour suivre un inconnu. Ça ne me ressemble pas de suivre aveuglément mes impulsions, c'était même totalement inenvisageable.

Suite à ma décision, nous avons passé les dernières vingt-quatre heures qui nous restaient dans mon lit. Et dans mon salon. Et dans ma cuisine. Nous avons vécu vingt-quatre heures comme si rien d'autre que nous n'existait. Nous nous sommes embrassés plus de fois que je n'ai jamais embrassé dans toute ma vie. Je connais tous les recoins de son corps à force de l'avoir parcouru, de l'avoir caressé, de l'avoir câliné. Je pourrais créer un parfum rien qu'avec le souvenir de son odeur. Puis lorsque l'heure de nous quitter est arrivée, je l'ai emmené à l'aéroport, nous nous sommes enlacés une dernière fois, et il est parti. Sans moi.

Mais nous n'avons pas passé un seul jour sans nous parler, et ça n'a pas duré longtemps avant que je ne le rejoigne. Juste le temps de mettre deux-trois choses en ordre, de rendre mon appartement, de réussir à récupérer l'argent que Roger me devait et de préparer mes affaires. Ma mère m'a aidé à rassembler les informations qu'elle possédait sur mon père et où je pourrais le trouver si je souhaite lui rendre visite. Je n'ai d'ailleurs pas encore de réponse à cette question, mais je verrais où le vent me portera.

Alors que je descends de l'avion, je me surprends à entendre parler coréen tout autour de moi. C'est stupide, mais comme je parle normalement cette langue dans un bain de français, c'est très étrange de n'entendre que ça tout d'un coup.

Je récupère mon bagage, passe la douane, et mon oreille s'habitue finalement très facilement à ce qu'elle entend. Je ne sais pas encore exactement comment je me sens. Je suis terrifié, perdu, angoissé. Je n'ai pas réussi à dormir une seule minute durant ce vol horriblement long. Le simple fait de monter dans l'avion a constitué une véritable épreuve pour moi. C'était la première fois que je tentais l'expérience, et finalement, ça s'est beaucoup moins mal passé que je ne l'imaginais. En réalité, ça s'est même très bien passé, mais j'étais tellement stressé qu'il était impossible pour moi de voir les points positifs.

En arrivant à l'endroit de collecte des bagages, j'étais persuadé que je n'allais jamais retrouver ma valise violette sur le tapis et que j'allais devoir partir à sa recherche dans tout le terminal. Ou qu'elle était restée à l'aéroport de Paris. Ou qu'elle avait carrément pris le mauvais vol pour atterrir à Jakarta !

En passant la douane, malgré mes papiers en règle, j'ai cru que je n'allais pas comprendre ce qu'on me disait. Ce qui est complètement idiot vu que le coréen est ma deuxième langue maternelle. J'ai alors pensé que je n'allais pas pouvoir entrer dans le territoire, qu'il me manquerait un formulaire, qu'il y aurait un problème. Mais passée l'attente de la longue file d'arrivants, cela m'a pris en tout et pour tout une minute et demie.

Je me tiens désormais en plein centre du terminal, immobile, sans savoir où donner de la tête. Je n'ai aucune idée d'où je dois aller, je ne suis pas certain de l'heure à laquelle je devais arriver, j'ai eu un peu de retard. Je ne trouve pas l'espace d'attente. La panique commence sérieusement à me gagner lorsque je réalise que je suis tout seul au milieu de l'aéroport d'Incheon à Séoul.

Mais tout d'un coup, j'entends mon nom résonner dans le hall, et un éclat doré traverse la foule.

Min-jun.

Le voilà devant moi. Toujours aussi beau que la dernière fois que je l'ai vu. Les mains dans les poches. Une écharpe autour du cou, et un béret porté sur le côté de son crâne.

Et instantanément, toute inquiétude disparaît.

Je ne sais pas encore ce que je ressens pour lui ni ce qu'il représente réellement pour moi. Je n'ai aucune idée de ce qu'il va se passer entre nous pour les jours, les semaines, peut-être même les mois à venir.

Mais je sais une chose.

Avec lui, je me sens bien.

Je me sens confiant.

Je me sens entier.

Alors je lâche ma valise et l'enlace, heureux de le retrouver.

Et pour l'instant, c'est tout ce qui compte.


FIN


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Ça y est, nous y sommes. C'est la fin de cette jolie petite histoire que je vous ai offert chaque jour comme un calendrier de l'avent.

J'espère que vous avez aimé partager le séjour de Raphaël et Min-jun autant que j'ai aimé l'écrire.

J'espère que vous allez tou·te·s passer une excellente soirée, que vous fêtiez Noël ou non. Et pour celleux qui le célèbrent, je vous souhaite qu'il soit rempli d'amour, de tendresse et de bienveillance. Et si ce n'est pas le cas, je vous envoie alors beaucoup d'amour, de tendresse et de bienveillance 💝

J'espère vous retrouver bientôt pour une nouvelle histoire, même si j'ai encore aucune idée pour la suite 🤡 

En attendant, si vous avez aimé mon écriture et ne l'avez pas encore lu, vous pouvez retrouver Hating, Craving, Falling sur mon profil Wattpad 😊

Très joyeux noël et belles fêtes de fin d'année, 

xx

Victoria

Lyon sous la NeigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant