Un garçon qui aime le rose

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    Je claque la porte. Violemment. Je suis pas d'humeur à être doux et souriant. Pas maintenant. Tiens ? Une explosion. Quel con. Il va détruire sa chambre si il arrive pas à calmer ses nerf.

- MEEEEEEERDE !!!

Et il crie en plus. Comme si j'avais pas assez mal au crâne comme ça. Mal qui se couple avec cette sensation désagréable, cette sensation comme si mes entrailles se mélangeaient, se tordaient et se nouaient entre-eux. Et le résultat : des larmes, incontrôlables. Des larmes de mal-être, de tristesse, de déception, de colère, voir de rage. C'est ça. Une rageuse déception, salée à en faire crever le peu de faune de la mer Morte. Et par la faute d'un imbécile qui n'en est pas un. Qui ne pouvait pas savoir. Mais bordel, quelle réaction merdique ! Il pense qu'à sa pomme. Puis y'a moi. Qui gâche ma première fois avec un mec ivre-mort, comme si c'était pas si grave. J'aurais pas de deuxième chance. Je ne pourrai pas barrer cette étape. Ou l'oublier. Je ne peux pas. Parce que contrairement à lui, je me souviens de tout, chaque détail je m'en rappelle parfaitement. Parce ce que ce genre de moment est gravé à jamais sur le disque dur. Et aussi parce que putain.
C'était magique.

Je me barre vers l'étage des filles. J'ai pas envie d'être seul. Je veux voir Mina, je VEUX Mina. Son aura absorbe les chocs et les transforme en compassion et en câlins. C'est peut-être égoïste, mais je veux que les autres aient de la peine pour moi. Partager la douleur, c'est un moyen comme un autre d'extérioriser. Et ça évite de démolir sa piaule en défoulant son alter dessus.
Plus que quelques marches, un couloir à traverser, une porte à repérer. La porte. Toquer à la porte. Je vais pas y arriver. Je sais pas pourquoi, je bloque sur cette action. Peut-être que finalement je culpabilise un peu de répandre mon malheur sur les personnes que j'aime. Ça y est, je m'en veux. La culpabilité, c'est exactement comme un corrosif. Ça ronge les tissus vivants. Ça ronge les tissus du cœur. Et ça monte à la tête, à la manière des vapeurs toxiques que dégagent certains produits chimiques. Et selon les personnes, ça se transforme, en peur, en colère. En stress. Je suis devenu un débordement de stress, je le sens. J'ai les dents serrées et je tremble. Mes cervicales sont tendues au maximum, à croire qu'elle veulent battre un record. Et c'est douloureux.
Mina.
J'enfonce la poignée, sans frapper, sans prévenir, sans retenir ma force. Au pire je casserais quelque chose. Mais là, je dois la voir, la ressentir près de moi, c'est vital, urgent.

Non. La porte verrouillée. Non non non non non non non ! Non ! Pas maintenant ! Pas là ! Pourquoi t'es pas ici, avec moi ?! Pourquoi ?!!!
Mina.
J'ai besoin de toi, c'est un cauchemar, reviens, me laisse pas seul, je- j'ai peur-je... Bordel !
OUVRE TOI PUTAIN DE PORTE !!!
LAISSE-MOI PASSER, JE DOIS PASSER JE DOIS LA VOIR !!!
OUVre toi...

Aller...

S'il te plaît...




- EIJIRO ?!!!

Une masse chaleureuse viens de se jeter sur moi. Un truc agréable, rassurant. Un parfum reconnaissable, un mélange de framboise et d'aubépine.
Des bras viennent me serrer, très fort. Comme si je pouvais disparaître. Des bras roses, avec des mains fines. C'est étouffant mais nécessaire.

- ... Mina..?

- Oui c'est moi. Tu m'as faite flipper voyons ! Tu sais ce que ça fais de voir ton ami s'acharner sur ta poignée de porte comme si sa vie en dépendait en pleurant et criant ton nom ?! Je reviens des douches, faut pas me brusquer comme ça !

- Je...

Ma pauvre Mina.

- Je suis désolé je-

Un sanglot me coupa. Un hoquet pour expulser l'horreur. Et de nouveau ce goût salé qui coule dans ma bouche.

- Je voulais pas que- que tu t'inquiètes que-

- Eijiro...

- Ch'uis ho-horrible je- je- j'ai pas... tu as dû avoir peur et-et-

- Bordel Eiji j't'en pris calme toi...

- Oui d'accord... Pa-pardon...

- Chuuuuut...

Cette fille est parfaite, elle continue de me soutenir malgré ça. Elle ne sait même pas encore la cause de mon malheur. J'ai les yeux qui piquent, ils me brulent depuis leur orbites, et ils refusent de virer ce trouble sur ma cornée.

- Aller Eijiro, lève-toi on va aller dans ma chambre cal-me-ment et tu vas me raconter. Tu sais que je déteste quand t'es d'humeur orageuse.

Me lever ? Ah ok. Je me suis recroquevillé sur moi même dans mon délire. J'avais même pas remarqué. Est-ce que...? Oui. Elle me sourit. Son sourire est si précieux. Si doux. Elle est marrante, à me ressortir cette histoire de météo. Il faudra que je brise ses rêves un jour et que je lui dise que je suis pas le soleil. Loin de là. Très très loin de là.

Et puis on entre, après qu'elle ai déverrouillé cette fichue porte. Sa chambre est toujours la même. Rose.

- J'aime le rose.

- Dis-donc j'espère bien que tu aimes le rose ! Je suis le rose !

- C'est pour ça que j'aime cette couleur. Elle te reflète.

Ok, alors je suis assez désespéré pour associer quelqu'un uniquement à une couleur. Yes.

- Bref. Tu veux me raconter ce qu'il se passe ?

- Euh-euh je...

- T'es pas obligé. Déjà, viens ici petit requin.

Elle s'assoit sur son lit, puis m'invite à partager un câlin.

- Par contre dépêche-toi de ramener ton joli petit derrière, je commence à avoir mal aux bras là.

- ...

Merci Mina. Tu comprends vite.
Je me love dans ses bras. Enfaite, je m'écrase complètement contre elle, qui était déjà adossée au mur. Prendre le temps de se détendre. De respirer et de ressentir cette respiration. Mina est mon amie. Elle veut mon bien. Merci d'être là.
Cette situation me permet d'oublier la précédente. Y'a plus d'alcool. Y'a plus de Bakugo. Y'a plus de larmes. Y'a plus de cris. Y'a plus de mal être.
Y'a que moi, Mina, et cette chambre rose. Le tendre silence, enveloppé d'une soie de bienveillance.

Enfin, seulement pour un temps.

- Je vais t'expliquer, mais j'ai besoin de temps.

- J'ai des guimauves dans mon tiroir.

Ah.

- Tu gères.

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Bonsoir (fuck si vous ne lisez pas cette fic le soir).

Vico

SHIT Où les histoires vivent. Découvrez maintenant