14. I would be an empty shell, freeing the monster in me.

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PDV Ross

Je m’astiquais nerveusement mon stylo, observant le dos de Luce. Ses longs cheveux bleus cachaient le dossier de la chaise. Je voyais à sa posture qu’elle n’était pas du tout à l’aise. Je faisais un tour de la classe, tout le monde la regardait, chuchotait entre eux. Et le pire, le professeur la regardait bizarrement au lieu de l’aider. Je fulminais intérieurement. Aujourd’hui devait être réellement éprouvant pour elle. Déjà qu’elle n’osait pas venir au lycée, ils ne l’aidaient pas. Surtout cette… Carla. Elle était la pire de tous. Certes ma réaction vis-à-vis d’elle avait été brutale mais normal. C’était sa « meilleure amie », elle aurait dû comprendre. Non, à la place, elle l’a regardé avec dégout  et secouait toujours négativement la tête. Moi, elle me regardait avec horreur, elle pensait que c’était moi qui faisais ça à Luce. Le seul problème, c’est qu’elle se trompe lourdement et ne fait que rapporter tout ce qui se passe au criminel. Un crac se fit entendre tandis que j’ouvrais précipitamment la bouche. Je venais de casser mon stylo mais personne n’y fit attention. Je décidais de prendre mon crayon à papier pour continuer. Un papier atterrit sur ma table, je détournais juste le regard pour tomber sur la blonde de ce matin, Lily je crois. Si je me fiais à ce que j’avais vu ce matin, elle était très proche de Luce, comme une sœur.  Je dépliais le papier avant de lire.

«  C’est Lily si jamais tu as oublié.

Je voulais te remercier encore de prendre soin de Luce. Je ne sais pas ce qui te pousse à le faire mais j’espère que c’est pour de bonne raison. Toutefois, j’aimerais parler avec toi à ce propos. Je peux très bien aussi héberger Luce ou du moins, on peut s’entraider. Ça doit commencer par le fait qu’elle doit aller à la police. Bref, il faut qu’on se parler. Voici mon numéro ********** »

Je tournais de nouveau mon regard vers Lily avant d’hocher de la tête. Cette dernière souffla, surement heureuse avant de se reconcentrer sur le cours que nous donnait ce magnifique – ennuyeux – professeur.

Luce m’attendait devant mon bureau, le regard dans le vide. Lily ne partageait pas cette heure de cours avec nous. Je lançais des regards inquiets à Luce tandis que je rangeais mes affaires. Je lui fis un sourire chaleureux qu’elle ne me rendit bien évidemment pas du tout.

-          Et si on allait manger avec Rydel, Rocky et Riker ? Lui proposais-je.

Je vis de la vie revenir un peu dans son regard avant qu’elle n’hoche énergétiquement la tête pour confirmer mes propos.

-          D’accord, soufflais-je, je vais envoyer un texto à Ryland. Et toi, demande à Lily si tu veux.

-          Non, elle doit aller chercher son petit frère, ça ira.

J’hochais de la tête avant de placer mon sac sur l’épaule. Je sortis mon portable décidant d’appeler Riker. Ce dernier décrocha après la deuxième sonnerie.

-          Ross ?

-          Oui, c’est moi. On peut manger tous ensemble ?

-          J’allais te le proposer. Bien sûr, venez dehors. Rydel s’est déjà approprié une table. On vous prend le repas. Ryland vient ?

-          Je ne crois pas, dis-je en l’apercevant partir avec une fille. Il a l’air occupé si tu vois ce que je veux dire…

-          Déjà !? Il n’a pas perdu son temps ! Bien, on vous attend tous les deux.

Je raccrochais avant de regarder Luce qui souriait à la scène que nous offrait mon petit frère. Je souris à mon tour, finalement Ryland servait à quelque chose. On se dirigea vers la cour de l’université. Certains jouaient avec un ballon ou se prélassait juste sur l’herbe. Je repérais ma sœur qui faisait de grand signe. Très discrète. Luce se précipita pour aller dans ses bras. Je laissais échapper un petit rire tandis que Rydel la serrait fortement dans ses bras. Rocky arriva et fit voler Luce dans les airs qui riait maintenant aux éclats. J’observais de loin la scène. Luce avait adopté la famille Lynch et la famille Lynch l’avait totalement adapté. Je ne pouvais m’empêcher de trouver cela bizarre. Je ne connaissais Luce que depuis peu et pourtant j’avais cette envie de la protéger. Je savais parfaitement que c’était pour me pardonner moi-même, me laver de mes pêchers. Mais je ne pouvais m’empêcher de trouver cela étrange. Si Luce savait mon passé, si Luce savait ce que j’étais réellement. Elle aurait le même regard que ces camarades. Elle ne me sourirait pas, elle ne s’approcherait pas de moi et même de loin, j’arriverais à lire parfaitement sur ses lèvres « monstre ». Je le savais, je savais qu’un jour Luce s’échapperait. Et mes essaies de me pardonner moi-même s’envoleront avec Luce. Elle était devenue en quelques jours, rapidement, mes ailes. Luce était mes ailes, celle qui m’aiderait dans le futur à avancer. Et elle pourra faire le contraire, elle décidera elle-même de me les arracher s’il le fallait. Luce est ma vie comme ma perte.

SMileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant