5. She likes that. And I hate that.

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PDV Ross

- Dis Rossy, qui est cette jolie jeune fille aux cheveux bleus là-bas ? Me demanda Rydel.

Je n'avais pas besoin de tourner la tête pour savoir de qui il s'agissait. C'était elle. Ça ne pouvait être qu'elle. Mon cœur se serra tandis que je tournais tout de même la tête dans sa direction. Je croisais le regard de la rousse, qui elle ne se dérangeait pas de nous regarder. Luce la frappa avant de regarder ses chaussures. Elles devaient être très intéressantes. Je sentais le regard de toutes ma famille sur mon cou alors je décidais de les regarder. J'haussais des épaules.

- C'est une fille de ma classe, marmonnais-je peu désireux de m'étaler sur le sujet.

- Une amie ?! Demanda ma sœur un peu trop jovialement à mon gout.

- Une amie ? Laisse-moi rire, je ne la connais pas. Et je ne l'aime déjà pas.

- Pourquoi ? Questionna Riker.

- Elle est comme vous. Elle aime ça. Et moi, je déteste ça.

Je savais que ce je venais de dire venait de jeter un froid sur la conversation. Je décidais donc de mettre fin à cet entrevue en descendant du capot de ma belle voiture pour me diriger vers mes cours. Mais une main en décida autrement. Je relevais lentement les yeux vers mon frère, Riker. Une lueur de tristesse luisait dans ses yeux noisette. J'avais l'habitude de cette lueur. Je me demandais même par moment si ce n'était pas plutôt du dégout que de la tristesse que je pouvais y lire. Du dégout suite à mon aversion. Il ne pouvait pas comprendre. Personne ne pouvait comprendre. En même temps qui comprendrait ? Qui pouvait comprendre les pensées d'une personne autre que soi-même ? Qui n'était pas assez égoïste pour essayer de comprendre ce que les gens pensaient avant soi-même. Avant de combler son propre bien-être. Personne. Personne ne passait son bien-être après celui des autres. C'était humainement impossible. Et j'en faisais les frais maintenant. Ma propre famille ne pouvait comprendre ou ne voulait comprendre. Je ne mettais pas encore pencher sur la question. Et là, je le sentais. Je sentais mon regard devenir de plus en plus glacial. Je sentais cette carapace que je mettais créer surgir. Je le voyais, ce bouclier destructeur. Ce bouclier qui me coupait du monde. Qui me coupait de ma propre famille. Invisible pour les gens, visible pour moi. Il m'englobait totalement éjectant toutes les personnes voulant venir à moi. La poigne de mon frère se faisait de moins en moins forte jusqu'à ce qu'il laisse tomber mollement son bras. Il gratta nerveusement sa nuque avant de soupirer. Quand il se décida finalement à parler, la sonnerie me sauva. Je partais en trombe les laissant seuls. Je ne voulais être que dans mon monde. Je ne voulais personne avec moi. Certes c'était ma famille et je les aimais mais dans les moments de ce genre, leur aide ne m'était d'aucune utilité. Et leur pitié non plus. Voilà, j'avais trouvé le sentiment dans les yeux de Riker, c'était de la pitié. Il avait pitié de ce que j'étais devenu. Il avait peut-être même honte. J'étais humainement égoïste moi aussi. Je ne pensais pas à eux, je pensais à moi.

- Lily ! Entendis-je.

Je relevais la tête. Sa voix avait traversé mon bouclier. Je la voyais, là, bloquait entre deux sportifs. Un petit sourire traversa mes lèvres avant de disparaitre de nouveau. Elle se dégageait finalement des deux garçons. J'accélérais le pas sachant pertinemment qu'elle avait cours avec moi. Je passais devant elle sans la regarder et franchissais le seuil de la porte pour aller m'assoir à côté de la fenêtre au fond de la classe. Elle rentra à son tour dans la salle tout en me regardant. Elle me fixait et je faisais de même. Je ne savais pas ce qu'elle pensait, je ne le voyais pas. Les autres filles, c'est facile. Elle me trouve plaisant à regarder. Mais elle, c'est différent. Je le sens, je le vois. Son expression. Son expression change toutes les deux secondes. De la tristesse, de l'incompréhension...elle ne sait pas quoi penser de moi. Elle ne sait pas comment interpréter notre conversation. Comment elle pourrait ? Comment elle pourrait comprendre ? Et pourquoi chercherait-elle à comprendre ? Dans quelques jours, elle m'aura oublié. Je serais le nouveau bizarre, le nouveau asocial. L'élève à l'écart.

....

Les deux heures de mathématiques étaient enfin fini. Agrippant mon sac, je sortais à toute vitesse de la salle. Je me dirigeais vers le self quand une petite main attrapa mon bras. J'entendais un souffle irrégulier à côté de moi. Je me retournais légèrement pour voir des cheveux bleus. Elle était à moitié penchée se tenant sur moi d'une main. Elle releva finalement la tête vers moi, un mince sourire sur les lèvres.

- Oui ? Finis-je par demander sèchement.

- Je voulais juste te poser une question, me dit-elle. Pourquoi n'aimes-tu pas la musique ?

- Ça ne te regarde pas, répliquais-je en dégageant mon bras.

Je partis directement en pensant que je me trompais. Elle. Elle chercherait à savoir ce que j'ai. Mais elle ne le saura jamais. Je ne l'approcherais pas. De toute façon, si elle connaissait la vérité. Elle ferait comme ma famille. J'aurais droit à ce drôle de regard indéchiffrable. Elle ne saurait plus sur quel pied danser avec moi. Elle ne saurait plus comment réagir et elle ne me regarderait plus dans le blanc des yeux comme elle venait de le faire il y a une minute.

....

-          Les cours étaient bien ? Questionna ma mère à toute la tablée.

Tout le monde hocha simplement de la tête.

-          De nouveaux amis ?

Nouveau hochement de la tête de tout le monde. Sauf ? Devinez qui ? Le vilain petit canard, Ross.

-          Ross ? Demanda mon père.

-          Non. Je suis l’asocial de la classe.

Je vis le regard triste de ma mère ce qui me brisa le cœur. Même si ça faisait mal, je ne pouvais y remédier. Je ne voulais y remédier.

-          Pourtant…commença Rydel.

Je la fusillais du regard mais cette dernière n’en fit qu’à sa tête.

-          J’ai vu une jolie jeune fille de sa classe qui regardait dans sa direction ce matin.

-          Je voulais déjà dit ! Je la déteste ! Je ne l’aime pas ! Et je ne l’aimerai jamais ! Criais-je en me levant de table et en frappant la table de mes poings.

-          Ross ! S’énerva mon père.

Je partais de cette pièce mais Riker m’interpella une dernière fois, calmement.

-          Tu ne l’aimes pas parce qu’elle est comme nous ou bien parce qu’elle te ressemble ?

Je me figeais sur place ne m’attendant pas à cette question.

-          Parce qu’elle est comme vous, lâchais-je finalement.

Mais tout le monde savait parfaitement que ce n’était qu’un pur mensonge. La question de Riker était vraie. Pourquoi ? Pourquoi je détestais cette fille ? Parce qu’elle pourra bientôt lire en toi comme dans un livre ouvert, Ross. La voilà la réponse. Et toi tu ne veux pas.

SMileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant