Plus qu'un frère et plus qu'un ami

Chapitre 6: Dissiper la brume

Aerlinn préparait ses affaires dans sa chambre de Fondcombe. Elle avait profité des derniers jours pour faire connaissance avec les autres membres du groupe. Le nain Gimli était certes un peu bourru, mais au fond il était plutôt sympathique quand on apprenait à le connaître. Aragorn se révéla lui aussi être quelqu'un de très ouvert malgré sa dégaine mystérieuse, Aerlinn apprit même que celui-ci parlait couramment la langue des elfes, tout comme elle. Quant aux Hobbits, et bien, Frodon était plutôt calme, Sam, son jardinier, plutôt craintif et les deux derniers, Merry et Pippin, étaient... Assez spéciaux.

Tout était presque prêt quand quelqu'un toqua à sa porte. Elle ouvrit la porte et tomba avec étonnement sur Gandalf.

- Nous devons parler, dit simplement celui-ci avant d'entrer.

- Faites comme chez vous, railla Aerlinn avant de refermer la porte.

- Oh, merci.

Le magicien s'assit sur le lit d'Aerlinn et enleva son large chapeau gris avant d'allumer sa pipe. La jeune femme grogna de mécontentement devant l'attitude désinvolte de Gandalf.

- Gandalf, s'il-vous-plaît, ne fumez pas dans ma chambre. Je ne veux pas que mes vêtements empestent l'herbe à pipe.

- Vous êtes mauvaise langue, Aerlinn! répondit-il. L'herbe à pipe des Hobbits est l'une des meilleures. 

- En tout cas d'après eux.

Le magicien ricana mais n'éteignit pas sa pipe pour autant. Aerlinn soupira et continua simplement de faire son sac.

- Vous avez l'air déterminée quant à votre départ, commenta le vieil homme.

- Oui. N'est-ce pas ce que vous vouliez? répondit la jeune femme d'un ton un peu sec.

- Je ne veux que votre bien, Aerlinn, soupira-t-il. Mais il se trouve que certaines personnes ont besoin d'un petit coup de main pour les guider sur la voie de leur destin.

- Il est certain que vous aimez envoyer des gens dans des aventures contre leur gré.

Le magicien ricana et commenta:

- Vous passez trop de temps avec Bilbon.

Aerlinn rit à son tour et fit une pause dans son rangement.

- Peut-être... mais ne trouvez-vous pas, Gandalf, que les Hobbits sont des êtres pleins de ressources? Nous avons sûrement beaucoup à apprendre de leur culture et de leur peuple. La dernière fois je parlais avec Merry et Pippin de leurs habitudes de repas, saviez-vous qu'ils consomment six repas par jours?

La jeune femme releva la tête vers Gandalf et vit qu'il la regardait en souriant. Aerlinn sentit le rouge lui monter aux joues en remarquant qu'elle commençait à s'emballer. Elle se remit à son sac et finit par sortir sa robe bleue de son placard. Elle la contempla un instant, songeuse, puis la déposa délicatement dans son sac avant de le fermer.

- De quoi vouliez-vous vraiment me parler, Gandalf? demanda-t-elle en s'asseyant face à lui.

- Croyez-vous vraiment que je n'ai pas remarqué le fait que vous m'évitez ces derniers temps, jeune fille? répondit le magicien en s'appuyant contre le mur.

Aerlinn ne répondit pas tout de suite. Elle savait que Gandalf avait raison, et qu'elle avait passé la plupart de ses journées à Fondcombe à esquiver le magicien. Elle finit par rétorquer calmement:

- Et n'avez-vous donc aucune idée de pourquoi je vous évite?

- Je n'ai peut-être pas été complètement honnête avec vous, en effet... soupira le vieil homme en tirant sur sa pipe. Mais ne vous mérenez pas Aerlinn, si je l'ai fait, c'est que j'avais une bonne raison de le faire. Ce n'est pas à moi de vous rappeler qui vous êtes et ce que vous devez faire; c'est une tâche que vous devez accomplir seule.

- Je ne comprends pas, se braqua Aerlinn.  Que voulez-vous dire? Comment pourrai-je me souvenir de quelque chose dont je n'ai même pas conscience? Je veux dire, tout de même! Je sais que vous savez des choses à mon sujet, et vous voulez me faire croire que vous ne pouvez rien me dire?

- C'est exactement ça, confirma le magicien. Ce qui vous arrive est quelque chose que même moi je ne peux contrôler.

La jeune femme émit un petit rire nerveux avant de répliquer:

- Ha... Vous vous moquez de moi, pas vrai? Vous êtes un Istar, un Maia de surplus. L'un des êtres les plus puissants de la Terre du Milieu. Et vous ne pouvez rien faire contre une simple amnésie?

- Radagast est lui aussi un Istar et un Maia, pourtant il ne peut rien faire contre les araignées de la Forêt Noire. Le plus qu'il puisse faire est soigner les animaux.

Aerlinn ouvrit la bouche pour défendre son maître mais se tut en se rendant compte que Gandalf avait raison. Il y avait effectivement des choses contre lesquelles on ne pouvait rien, et Saroumane était la preuve vivante que même les Maiar pouvaient être corrompus. Alors elle soupira simplement, presque découragée. Gandalf se leva et posa une main sur son épaule.

- Allons, Aerlinn, ne perdez pas espoir. Je n'ai pas dit que retrouver la mémoire était impossible.

La rousse releva la tête et regarda Gandalf avec espoir.

- Que voulez-vous dire par là...?

- N'avez-vous pas déjà commencé à vous souvenir de votre passé, jeune fille?

Elle hocha la tête. En effet, et ce même si elle n'avait pas eu de nouveaux flashs depuis cette fameuse soirée où elle avait rencontré Bilbon, elle avait toutefois pu se souvenir de deux ou trois petites choses ce jour-là. Gandalf commença à partir et reprit:

- Vous aurez tout de même besoin d'aide, j'en conviens. C'est pour cela que nous allons faire escale en Lórien. Vous êtes prête, maintenant."

Puis il sortit, laissant Aerlinn sans voix. Prête? Prête à quoi? Et pourquoi en Lórien? Galadriel n'avait-elle pas rien pu faire non plus, lorsqu'elle s'était réveillée? La jeune femme soupira, se disant que comme tous les autres, elle avait dû lui mentir d'une façon ou d'une autre. Aerlinn secoua la tête, désireuse de chasser ces pensées de sa tête, et prit son sac avant de sortir de sa chambre.

Il était maintenant temps de partir pour une aventure.