Chapitre 77 - Prit au piège

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La nuit avait été plutôt rude pour Livaï.

Et dans tous les sens du terme, que ce soit physique ou émotionnellement parlant.

Après avoir vu se dérouler sous ses yeux hier soir un acte qui lui semblait impardonnable, il avait décidé de prendre l'air à l'extérieur du QG et avait fini par croiser la route, sans le vouloir, des membres de Karl qui l'avaient tout de suite reconnu et l'avaient fait prisonnier.

Emmené de force, Livaï se sentait revivre des moments de sa jeunesse mouvementée. Et le pire dans tout cela, c'est qu'il n'avait même pas essayé de se défendre davantage. Il tenait à voir Karl en chair et en os pour s'expliquer avec lui.

Il avait donc été attaché dans une cellule et le responsable du gang avait tenu à s'occuper particulièrement de son cas par pur plaisir. Les coups de pieds et de poings avaient volé de tous les côtés et Livaï avait encaissé du mieux qu'il avait pu. La déchéance était violente mais il avait eu l'habitude toute sa vie de se faire tabasser de la sorte.

La journée était passée très lentement et il n'arrêtait pas de penser à ce qu'il avait vu la veille.

La main posée sur sa joue, leurs lèvres si proches pour finalement se posent l'une sur l'autre. Livaï serra les poings une nouvelle fois en repensant à Adam et Ellie qui s'embrassaient. Cette image lui était insupportable et tout ce dont il avait envie de faire était de détruire tout ce qui s'interposait sur son passage.

Il n'arrivait pas à croire qu'elle lui avait menti sur ses propres sentiments. Elle qui disait qu'elle ne ressentait rien pour ce foutu médecin. Sans le vouloir, Livaï sorti une phrase de sa bouche avec un dégoût prononcé :

- Mon cul, ouai...

Un des gardes qui le surveillait en marchant et l'avait entendu ronchonner, s'arrêta dans son élan pour se tourner vers lui et demander :

- T'as dit quelque chose, le nain ?

Livaï leva le regard vers lui et ne peut s'empêcher de rétorquer violemment d'un rire amer :

- J'me demandais justement quel genre de gros porc tu pouvais bien être.

Le concerné s'approcha des barreaux en s'emballant alors que l'un de ses collègues le retenait par le bras pour le dissuader de s'attaquer à Livaï.

- Arrête Jo, il n'en vaut pas la peine ! Rappelle-toi des ordres, Karl doit l'avoir en vie s'il veut se taper la môme.

Ni une ni deux, Livaï chopa l'autre par le col en écrasant sa tête de plus en plus contre les barreaux.

- Répète ça encore une fois et j'fais racler tes canines sur le sol, trou d'uc !

Il le relâcha précipitamment alors que l'autre se reculait pour prendre une grande inspiration.

- Je comprends mieux pourquoi on t'attache, t'es cinglé !

- Laisse-le Rolf, ça sert à rien de discuter avec lui.

Les deux semblaient être du même avis et s'en allèrent prendre un café en laissant leur tour de garde à d'autres membres du groupe.

Livaï s'assit sur le sol en s'adossant contre le mur. La journée risquait d'être très longue mais il n'avait guère le choix que d'attendre leur supérieur pour avoir quelques explications avec lui.

**

Alors qu'il regardait à travers les barreaux de sa cellule, le soleil était en train de se coucher derrière les murs.

Il n'avait aucune idée de l'endroit où il pouvait être et à vrai dire il n'en n'avait pas grand-chose à faire. Ce qu'il voulait par-dessus tout c'était avoir l'occasion de se retrouver en face de Karl pour lui assigner un énorme coup de tête dans le nez.

Ce connard ne perdait rien pour attendre. Livaï avait toujours su qu'il y avait quelque chose qui clochait chez lui. Il lui manquait plus d'une case, Livaï en était certain.

En plus de cela, Karl avait toujours eu une fascination perverse pour les jeunes filles ce qui le répugnait à un plus haut point. Ellie lui avait tapé dans l'œil c'était clair et il n'avait pas seulement l'intention de lui demander la vérité s'il tombait sur elle à nouveau.

Mais il préféra mettre de côté ses pensées pendant tout le reste de la nuit afin de veiller jusqu'au lendemain.

Il commençait seulement à baisser sa garde pour somnoler lorsqu'un bruit sourd le réveilla sur le champ. Livaï ouvrit en grand les yeux pour voir se dresser derrière les barreaux l'imposante silhouette de Karl.

- Salutation, l'Ackerman. Il engageait la conversation en dressant un sourire sur son visage.

Livaï lui lança un regard qui exprimait sa plus profonde répugnance et ne répondit pas. Son interlocuteur poursuivait ainsi la conversation :

- Je passais dans le coin quand j'ai su que mon équipe avait mis la main sur toi. Dis-moi ça t'arrive souvent de t'balader seul en pleine nuit toi aussi ? Nan, j'dis ça parce que c'est la fillette qu'ils ont chopé la dernière fois comme ça.

- Qu'est'tu veux ? Le coupait froidement Livaï.

Il posa ses deux énormes mains boudinées sur les barreaux avant de répondre :

- La vérité.

- La vérité ou la gamine ?

- Si je peux avoir les deux c'est encore mieux. Il répliqua en humidifiant ses lèvres avec sa langue ce qui eut le don de dégoûter Livaï.

- Te réjouis pas trop, t'auras pas l'occasion de retomber sur elle. Il répliqua avec assurance.

- Mh, tu sais caporal, ce n'est qu'une question de temps. Elle sait qu'tu as disparu et elle ne va pas tarder à venir t'chercher. Crois-moi, elle viendra de plein gré.

Livaï serra les dents à la fin de sa phrase.

- Pourquoi tu tiens tant à la voir ? Il lui demanda plus sérieusement.

Karl ne peut s'empêcher d'éclater de rire.

- Je peux savoir c'qu'il y a de si drôle ? Répliqua Livaï alors que l'homme s'en allait de l'autre côté.

- On en reparlera demain quand elle sera venue jusqu'à nous, qui sait, elle te dira peut-être la vérité en face des yeux. En attendant, mes gardes vont bien s'occuper de toi.

**

Assis confortablement sur son fauteuil garnit de plume d'oie, Karl lisait les nouvelles dans le journal. La journée avait été assez tranquille de son côté et il attendait qu'on lui apporte son repas.

Il écrasa son mégot de cigarette dans le récipient en porcelaine et se laissa servir lorsqu'une bonne lui dévoila le plat sous la cloche. Au passage, il en profita pour plonger son regard alléchant dans son décolleté plongeant.

Il attrapa sa serviette dans ses mains avant de la déplier pour l'insérer dans le col de sa chemise. Une délicieuse odeur de viande caramélisée se rependait dans toute la pièce accompagnée d'une douce saveur d'amidon de riz fumante.

Karl se mit rapidement à table en observant à travers la fenêtre la nuit qui tombait au loin. Il avait été surpris. Ellie n'était pas venue aujourd'hui. Il s'était vraiment attendu à la recevoir dans son QG mais la concernée n'avait pas mis un pied chez lui. Le temps commençait à lui durer.

Tabasser Livaï avait été un jeu d'enfant au début mais il s'était rapidement lassé du soldat qui était censé servir d'appât pour attirer la grosse marchandise. Ce qu'il voulait c'était pouvoir s'adresser à Ellie dans un premier temps, il n'avait pas réfléchi à la suite des événements et comptait laisser son imagination prendre le relais.

Pendant ce temps, il avait presque terminé son plat et lâcha un rot grassouillet en s'essuyant les lèvres pleines de sauce. Il but le fond du verre de vin qui accompagnait son menu et alluma une autre cigarette avant d'aller se coucher.

EllieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant