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Valentina

La seule chose que j'entends sont les lames frottant la glace, ce bruit qui avec les années est devenu aussi apaisant qu'une douce musique. Tout est calme, du moins c'est ce que je pensais jusqu'à maintenant.

Bien-sûr il fallait qu'ils viennent briser le calme dans lequel était plongé la patinoire avec leurs cris ressemblant à ceux d'animaux en rute. Comment je suis censée m'entrainer pour mon programme libre quand coté j'ai une bande de crétin, qui hurlent et font taper leurs palets contre les bords du terrain. Malgré la porte qui sépare le terrain de hockey et la patinoire "artistique", impossible de se concentrer quand ils sont là. Pourquoi faut-il qu'ils en fassent autant juste pour taper dans un pauvre petit palet en caoutchouc ?

Je sors donc de la patinoire pour aller chercher mes écouteurs dans le vestiaire. Une fois ceux-ci vissés dans mes oreilles, j'active leurs réduction de bruit, Dieu bénisse Apple pour cette invention de génie.

Une fois sur la glace, je m'échauffe tranquillement, tour de piste en avant, en arrière, allés en cigogne, retour en arabesque et bien sûr croisés avant et arrière. Une fois bien échauffée, je mets en route la musique de mon programme "It's All Coming Back to Me Now", me vide la tête et commence à patiner. Avec les années les patins sont devenus comme une extension de mes pieds, je suis devenue aussi à l'aise sur la glace que sur la terre ferme. À vrai dire, je pense être plus habile sur la glace que sur la terre ferme quand j'y réfléchis. Cette musique m'emporte à chaque fois, je suis seule dans mon monde, tout s'enchaîne machinalement, les Axel, les Salchow, boucles piqué, tout s'enchaîne de manière harmonieuse, les sauts précèdent les pas, puis les pas précèdent les sauts. Il n'y a plus que moi sur la glace, personne ne peut me déranger pendant ma routine.

Alors que je m'élance pour mon triple Axel, je me heurte à un mur de plein fouet et tombe lamentablement sur la glace, j'étais pourtant assez loin des murs, je ne comprends pas vraiment jusqu'à ce que je vois d'autres patins sous mes yeux, je suis donc pris un autre type de mur que celui en béton. J'entends le mur en question ricaner, je lui assène un regard noir en me levant et quitter la glace avant de lui la faire manger.

Je m'assois sur un des bancs et enlève mon gilet, ma chute m'avait occasionné une douleur dans le bras gauche, je le masse donc avec une crème à l'arnica. Je souffle en le voyant venir droit vers moi, un sourire en coin collé sur le visage. Je jure que s'il ouvre la bouche pour le parler, je lui enfonce un patin dans le crâne. Il s'assoit à côté de moi, génial il va encore déblatérer je ne sais combien de conneries à la seconde.

Il faut faire attention autour de soi quand on patine, surtout si on fait des sauts de cabris.

Y'a un chemin hors glace qui mène ici, suffisait de le prendre.

C'est vrai, mais vous embêtez en passant près de vous, c'est quand même vachement plus drôle.

Je te préviens que si à cause de toi je ne peux pas aller à Oberstdorf, tu es un homme mort.


Je me lève du banc et repart sur la glace, en entrant sur celle-ci je ne savais pas si je tremblais de froid ou de colère, je refais quelques tours de pistes, mon bras me fait souffrir, mais je continue à m'entraîner, mon rêve d'aller faire les championnat d'Europe ne peut s'envoler comme ça, juste à cause d'un bras, pas à 1 mois de la compétition. Le moindre petit saut me fait serrer les dents, je sors donc de la glace et vais m'asseoir sur le banc où j'étais précédemment, il est toujours assis et cette fois-ci il me regarde comme un merlan frit. Je commence à délacer mes patins hargneusement.

Pourquoi fallait- il que ça tombe sur moi, il pouvait pas pousser une autre patineuse, complètement nulle, genre Polina, non il fallait que ce soit moi, parce que je suis son attraction préféré, m'énerver est son passe-temps quand nos entrainement sont en même temps.

It's not just slidingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant