la survie

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au même moment à Pittsburgh, Pennsylvannie.

Je me dépêche de m'habiller et de rassembler mes affaires. Mes escarpins en main , je cherche mon string dans cette chambre d'hôtel impersonnelle. Mon amant d'un soir ronfle doucement la bouche ouverte. Il faut dire qu'il est plutôt pas mal. Grand, même si cela ne se voit pas une fois  allongé, un corps de rêve, une tignasse blonde , assez longue pour que je  puisse tirer dessus pendant l'acte, une mâchoire carrée et une bouche gourmande. Je soupire. Il était plutôt bon au lit et il a même réussi l'exploit de me faire jouir trois fois. Oui mais voilà, une fois l'excitation passée, la réalité me revient dessus telle un boomerang. Mes sentiments, qui eux n'ont pas disparus bien au contraire se rappellent à moi .La culpabilité m'envahit alors ,telle une couverture ,non pas pour me réchauffer mais plutôt pour m'étouffer. Tout le monde me dit de passer à autre chose! Je l'ai fait! Enfin , sur le papier, parce que dans la réalité, c'est une autre paire de manche. Tant pi pour le string, ca lui fera un souvenir! Je me hâte de quitter la chambre sans un bruit et remets mes escarpins dans le couloir. Sissi et Mélody vont encore me passer un savon : je suis partie sans son numéro comme une voleuse. Je leur fais le coup à chaque fois. Sauf qu'elles ne comprennent pas. N'ayant  vécues elles-même que des amourettes, elles ne peuvent ressentir le vide qui a pris possession de moi depuis le jour où je l'ai perdu. J'ai tellement sombré dans un univers noir et sans vie que je peine aujourd'hui à sortir la tête de l'eau. Le seul qui , à l'heure actuelle, arrive à distiller un peu de lumière autours de moi, c'est Devon. Malheureusement, le poids que je lui fais porter sur ses épaules est très lourd et je crains qu'il ne me le reproche un jour.

-quel étage madame?

-rez- de- chaussé s'il vous plaît.

J'avais oublié que dans ces hôtels de luxe, ils avaient même des grooms pour s'occuper des ascenseurs, enfin s'occuper est un bien grand mot. Après leur royal "séant", enfin cul pour le commun des mortels, qu'ils ne pouvaient poser n'importe où du fait qu'ils étaient pleins aux as, maintenant c'était leur royal "doigt" qu'ils ne pouvaient appuyer partout. Pathétique! Quelle idée j'ai eu de le choisir lui , pour me retrouver dans ce genre d'endroit où je ne mets jamais les pieds d'ordinaire. Maintenant le groom me regarde avec un sourire pervers, me reluquant des pieds à la tête. Oh je sais parfaitement de quoi j'ai l'air avec mes longs cheveux noirs ébouriffés qui indiquent clairement la couleur, en gros "je viens de me faire baiser", ce qui n'est pas faux d'ailleurs. Mon mascara a du couler autours de mes yeux noirs . Mes nombreux tatouages qui dépassent de ma robe en cuir et mes escarpins complètent parfaitement l'idée que ce mec doit se faire de mon métier, alors avant que les portes ne s'ouvrent , je lui souris.

-cherche pas chéri, le tarif est trop élevé ! n'oublie pas de t'essuyer la bouche, il te reste un peu de bave là lui dis-je tout en désignant du doigt ma bouche charnue.

Tout en lui faisant un clin d'oeil je passe les portes d'ouverture de l'ascenseur sans me retourner. Par chance à cette heure de la nuit, où du matin je devrais dire, le hall est désert. J'avise un taxi qui me dépose directement devant le bar et enfourche ma Harley Davidson Sportster S, mon petit bijou que je viens juste de m'offrir et roule en direction du Club. Le prospect à l'entrée me laisse passer avec un signe de tête et je fonçe rejoindre Devon dans sa chambre au MC. Je ne croise personne dans les couloirs, le QG est désert. Tant mieux, je n'aurais pas besoin de répondre à des questions comme cela qui, quoiqu'il en soit, n'auront pas de réponse.  Je me déshabille rapidement et passe sous la douche pour enlever l'odeur de sexe, d'alcool et de fumée qui me collent à la peau, puis munie d'un caraco et d'un shorty, je me glisse sous les draps et respire son odeur, la seule qui peut apaiser cette culpabilité qui me ronge. Je pose ma tête sur l'oreiller et dans un soupir je ferme les yeux et m'endors rapidement. Le réveil se fait trois heures plus tard, je suis seule dans le lit. Je regarde le réveil et ferme les yeux: il est déjà huit heures et je suis à la bourre pour partir travailler. Non pas que mon patron soit sur mon dos constamment, c'est moi qui dirige le garage des Devil's Shadow. A presque vingthuit ans, je me suis fait une solide réputation de mécano qui n'est plus  à faire et qui a fait le tour des environs. Je suis spécialisée dans la customisation des motos et plus précisément en aérographie. C'est moi qui repeins et personnalise ses petits bijoux et je dois dire que je m'éclate. Après avoir obtenue mon diplôme en mécanique et étant fan de dessin, je me suis attelée à remonter une vieille Harley Davidson FXRDG DISC glide de 1984 en  personnalisant le réservoir et elle a été ma marque de fabrique. D'ailleurs elle trône fièrement à l'entrée du garage annonçant la couleur, enfin surtout l qualité de mon travail .C'est mon père, Sage, qui pour me remonter le moral il y a cinq ans m'a mise à la tête du garage, comme ci mon moral pouvait être remonté mais je m'étais bien gardée de lui dire après tous ces efforts et ces inquiétudes de père célibataire, ma mère étant morte très jeune. Je m'étais alors donné corps et âme à ma passion, remettant sur pied ce garage et lui donnant une nouvelle jeunesse en installant une cabine pour pratiquer l'aérographie : la peinture sur réservoir. Depuis peu, j'ai même des demandes pour des voitures de sport. Je m'y suis essayée sur un porsch carrera et je dois dire que le résultat vaut le détours, le propriétaire en est fou. Je sors de mon lit, direction la douche, histoire de me réveiller, puis m'autorise un détours en cuisine où je croise mon père en train de boire son café. Un calin rapide, histoire de ne pas avoir de questions, un termos de café à la main, je sais que je ne croiserai pas Devon ce matin, il est parti faire du shopping avec les filles, je tourne rapidement les talons, direction ma harley. Je cale le café sous un bras et de l'autre mets les gaz direction le garage , une dizaine de kilomètres plus loin, en direction du centre. Il faut dire que le MC est plutôt isolé et se situe à la sortie de la ville sur un immense terrain de cinq hectares délimités par des palissades de trois mètres de haut. Des barbelés au dessus et des dizaines de caméra viennent compléter le tout. Une vrai forteresse. A l'époque, c'était... le Sergent d'armes qui avait sécurisé les lieux. Une vive douleur apparait dans ma poitrine à cette pensée. Je me sermonne. Arrête Arlena! c'est du passé tout ça!

SAGA THE DEVIL'S SHADOW : STORM ET HELENA PARTIE 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant