Au sein de mon imagination, j'erre dans les ténèbres qui tapissent cette conscience en ébullition. Je ne sens pas mon corps physique, mais j'arrive à percevoir quelques picotements dans mes bras et mes pieds lorsque je nage dans cet océan sombre. Ou peut-être que je vole à l'intérieur d'un nuage brumeux et poussiéreux. Après tout, ici je suis libre de penser, alors je pourrais choisir de nager ou de voler.
Dans ce subconscient, je me perds dans une forêt si dense que je ne vois pas le ciel au-dessus de moi. Sentant le désespoir me remplir les poumons, ma gorge se serrait telle l'emprise d'un serpent sur sa pitance. Tombant à genoux parmi les arbres qui m'entouraient, j'étouffais en silence et j'allais m'éteindre en pensant que je rejoindrais les membres de cette marée feuillue. Lentement, mes yeux se fermèrent après cette longue agonie pour goûter à nouveau aux ténèbres envahissantes de mon âme.
Etrangement, je pus rouvrir les yeux et me retrouver face à un enfant tout de noir vêtu. Sa voix angélique résonnait dans l'espace qui nous entourait, me rendant compte que la forêt avait fait place à un amas de ronces gigantesques. Encerclés par cette prison épineuse, je contemplai mon jeune compagnon d'infortune, qui semblait me connaître. J'avais le sentiment de l'avoir déjà rencontré mais impossible de me remémorer quoi que ce soit dans cet endroit si froid. Il me fixait de ses grands yeux bleus et me répétait à nouveau ces mots que je n'avais pas entendu auparavant tant je peinais à me remettre de mon récent étouffement.
« Tu ne devrais pas être ici. Ta place n'est pas ici. »
Je lui expliquais ma mésaventure mais en guise de réponse il me répéta la même chose.
« Tu ne comprends pas. Il n'y a que moi qui suis perdue ici. Je n'ai aucune échappatoire, cette prison est mienne jusqu'à la fin. »
« Comment puis-je sortir d'une geôle dont on ne peut s'évader ? » lui demandais-je
« Je ne sais pas, je ne suis qu'un enfant. Mais toi, tu peux partir quand tu le souhaites, il te suffit de le vouloir et tu pourras t'en aller. »
Je voulais bien, lui répondis-je. Mais j'étais plutôt étonnée de voir cette enfant enfermée dans un tel endroit et acceptant si docilement sa condition.
« Il s'agit certes de ma prison, mais j'y suis retenue pour mon bien. Il y a bien longtemps, tu m'as promis que j'y serai en sécurité. Alors tu dois repartir, sinon je ne pourrais plus être en sûreté. »Ces paroles résonnaient au plus profond de moi.
Ou devrais-je dire à l'intérieur de l'enfant que j'étais.
Je sentais désormais la peur qui me tenaillait. Celle qui m'avait forcé à enfermer cet innocent et à le couper de ce monde si cruel. J'étais confrontée à un choix si difficile et pourtant si simple.Confrontée à mes pensées, je fus projetée dans cette obscurité devenue si familière à mon périple.
La peur m'avait toujours tenue dans ses serres et j'en étais sa prisonnière.
J'avais renié ce que j'étais avant même de le découvrir. L'horreur de cette nuit passée, je rouvris les yeux sur un lendemain que j'espérais plus chaleureux.
Et si, ce que je croyais être perdu n'attendait seulement qu'à être retrouvé, alors peut-être que le désespoir cache en réalité une promesse oubliée.
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Rêver pour espérer
Historia CortaUn petit recueil de récits de rêves que je partage ici avec vous :)