Chapitre 12 : Piégé.

175 27 4
                                    

        En sortant de chez le CPE, j'oscille entre le bonheur d'avoir échappé à deux heures de maths, et le fait de savoir que lorsque le lycée téléphonera à mon père pour lui annoncer mon exclusion d'une semaine, j'aurais le droit à la cave. Sans aucun doute. Un frisson traverse tout mon corps rien qu'à cette idée. Je ne veux pas rentrer chez moi. Et si je m'enfuyais ? Ouais, non. Mauvaise idée. Je n'ai pas d'affaires, et vu le temps qui se rafraîchit de plus en plus, je mourrais sûrement de froid. Génial.

Je m'assoie derrière le bâtiment principal, le dos adossé contre la bâtisse. C'est un endroit tranquille avec peu de passage. On ne viendra probablement pas me déranger ici.

Je peux aussi tirer une croix sur le nouvel an. J'avais tellement hâte... si seulement je n'avais pas le sang aussi chaud. J'aurais pu éviter de m'emporter comme ça et simplement remettre cette petite fouine à sa place, mais non. Il a fallu que je le défigure. D'ailleurs ma punition est bien légère je trouve. Une semaine c'est très peu aux vues de ce que j'ai fait subir à ce cher Dan.

- Naoki ?

Je lève la tête, sortant de mes pensées, pour tomber sur la tête de chien battu de Cédric. Ça ne m'étonnerait même pas qu'il me dise qu'il a une affinité avec les canins. Quoique en regardant son uniforme de couleur claire, il contrôle les éléments. Mon idée est donc tuée dans l’œuf.

Je ne dis rien, attendant qu'il prenne la parole. Après tout, c'est lui qui est venu m'aborder.

- Je voulais te remercier pour tout à l'heure, bredouille-t-il.

- C'est rien, je réponds.

Il s'assoit à ma droite. Je suis trop fatigué pour lui dire de dégager, alors je le laisse faire.

En l'observant du coin de l’œil, je m'aperçois de quelque chose. Il est super grand. Il doit me dépasser d'au moins une tête ! Comment ça ce fait qu'il n'est pas réussi à se défendre ? Il n'est pas dépourvu de muscles, même si ceux-ci ne sont pas très développés, alors pourquoi ?

- Dis-moi, Cédric. Tu es beaucoup plus grand que Dan. Alors pourquoi tu ne lui en a pas collé une.

Il joue un instant avec ses doigts, comme un enfant ayant fait une bêtise. Je plonge mes yeux dans les siens couleur chocolat. Il hésite un moment, testant ma patience.

- Je.. je ne sais pas me battre, me répond-t-il finalement, peu fier de lui.

Je soupire de dépit. Non mais alors là c'est la meilleure. Je pose ma tête sur mes genoux, le fixant en silence.

Tout en lui m'évoque un petit animal perdu. Un cocker je dirais. Son visage est fin et anguleux, mais néanmoins masculin. Ce qui lui donne un air de cocker, c'est incontestablement ses grands yeux marrons tout mouillés.

Il joue timidement avec sa cravate verte. La proposition que je lui fais m'échappe sans que j'ai le temps d'y réfléchir à deux fois. C'est sûrement une énorme connerie mais tant pis.

- Si tu veux je peux t'apprendre à te battre.

Il me regarde, l'espoir illuminant ses traits.

- C'est vrai ?

Je hoche la tête.

- Seulement pour te défendre. Par contre je ne sais pas quand je pourrais le faire.

Je me surprends à penser que je pourrais instaurer une session commune pour tous les neutres qui en ont marre de se faire victimiser. Je suis sûr que ça rameuterait les troupes.

- C'est donc ici que tu te planquais.

Je me fige à l'entente de cette voix basse et rauque. Je ne veux pas me tourner vers le propriétaire de cette celle-ci. Je fixe mes chaussures, espérant que ce ne soit qu'une illusion, que cet homme ne soit pas vraiment là.

Ma poisse, une seconde peau.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant