Chapitre Deux.

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Quand j'ai passé la porte et l'ai refermée derrière moi, je cours et me jette sur mon lit double en soupirant.
Jenny est sympa, mais là, c'est pas cool. Elle est allée parler avec le bel inconnu et la connaissant, elle va lui poser un tas de questions indiscrètes et dire que c'est de ma part. Je vous jure que demain matin, samedi, je l'étrangle...
Je suis tellement fatiguée de ma journée que je m'endors, sans manger ni m'être mise en pyjama.

Le réveil sonne 7h45. J'ouvre les yeux et me les frotte. Je remarque que je suis toujours habillée et soupire.
Quelle étourdie je suis, je pense, ironique.
Je me lève et vais prendre une douche.
L'eau est chaude, ça me détend. Je réfléchit. J'ai de la chance, demain je ne fais qu'une demie journée puisque c'est samedi. Heureusement, le brun ne sera pas là, et j'espère que mardi il aura oublié...
Je sors finalement du flot chaleureux et enroule une serviette autour de mon corps. Je me regarde dans le miroir quelques instants sans bouger.
Est-ce que je lui plais... je me demande.
Je secoue la tête.
Quelle idiote.
Je brosses mes cheveux châtains et les sèche, puis passe une simple trait d'eye-liner au-dessus de mes yeux. Je me dirige ensuite vers ma chambre et m'habille rapidement.
Mon téléphone vibre sur ma table de nuit.

De : Tom alias bouffon ❤
Jenny a la gerbe, elle viendra pas aujourd'hui... A+

Je ne répond pas, entre nous trois on sait que les "ok." sont complètement inutiles.
Je saisit un bol que je remplis de céréales et un verre de jus, puis m'installe sur la chaise de mon bureau et lis un peu. Mon téléphone vibre de nouveau, mais cette fois c'est l'alarme de 8h35 qui me signale qu'il faut que je parte au boulot. J'enfile ma veste de cuir et sors de l'appartement, fermant à clé derrière moi.

Je marche dans les rues, le soleil est levé, il fait déjà jour depuis quelques minutes, une heure tout au plus. Je respire l'air encore frais de la matinée en regardant les vitrines des boutiques sur mon passage. Je prends ensuite le tramway jusqu'à la place St. Laurent, là se trouve le café Le Petit Jour dans lequel je travaille, et qui ouvre dans un vingt-cinq minutes, à 9h15.
J'enfile mon tablier et vais dans la salle pour passer l'éponge sur les tables.
Quand j'arrive à celle de l'inconnu, j'aperçois son carnet sur la banquette bleue. Je le prends et l'observe. Il est entouré d'un lacet, fait du même cuir marron et usé que la couverture. Les coins sont abîmés, signe que le jeune homme l'utilise beaucoup. Et il est bombé, donc bien rempli. Pas seulement de mots, mais aussi de papiers. Je sais que certaines personnes mettent des photos, des petits objets, même des tickets de métro, parfois, alors je suppose que c'est pour ça qu'il est bombé. Je le range dans la petite poche de mon sac à main, me disant que je lui donnerais mardi quand il reviendra, ou si il revient pour le prendre, je saurais où le trouver.

9h15, je tourne la pancarte du café et entend que Thomas arrive. Il vient me voir et me fait la bise.

« Toujours en retard, je lui dis, taquine.
- C'est ça, ta gueule, me répond-il en souriant. Et toi, toujours aussi moche ? »

Je le pousse. Je sais qu'il rigole, il aime bien m'embêter avec ça car contrairement à la plupart des filles, je ne me trouve pas laide. Je ne dirais pas que je suis magnifique, loin de là, mais je suis consciente d'avoir un certain charme.

« Et toujours célibataire, si tu t'apprêtais à me demander... je dis en tirant la langue.
- Hé hé... 20 ans, belle, avec toutes tes dents et toujours personne en poche ? Même pas un plan cul ? »

Je lui donne un coup dans l'épaule et on se chamaille encore quelques minutes jusqu'à ce que les clients arrivent. Alors je me mets à servir les cafés et autres petits-déjeuners que l'on nous commande.

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