Chapitre 1

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Samuel prenait son bain de soleil quotidien sur la plage, son casque sur les oreilles, lorsqu'il entendit sa mère l'appeler de sa voix fluette :

- Tiens, mais je les reconnais. Sam, viens voir !

Le jeune homme de 19 ans se redressa, et à mesure que ses iris s'accommodaient à l'éclairage estival, il commença à reconnaître les silhouettes qui avançaient vers eux. Un beau garçon du Sud, aux airs espagnols et aux cheveux bouclés, c'était Arnaud ! Ça faisait une éternité qu'il ne l'avait pas revu à Capbreton ! Quelle bonne nouvelle c'était de retrouver l'ami avec qui il avait passé de si nombreux étés. Alors qu'ils n'étaient pas mêmes collégiens, ils pouvaient passer toutes leurs journées ensemble pendant leurs deux mois de vacances à faire les quatre cents coups à travers tout le village côtier. Si la famille de Samuel n'avait jamais cessé de revenir chaque été dans la belle maison des grands-parents, ce n'était pas le cas d'Arnaud qui n'était pas revenu dans le Sud-Ouest depuis le divorce de ses parents, alors qu'il avait 12 ans.

- Quel bon vent vous amène ? Nous ne pensions plus vous revoir ici ! lança la mère de Samuel au papa d'Arnaud.
- Il faut croire que l'endroit nous manquait, répondit le père en regardant son fils, nous avons décidé de louer un studio ici pour un mois avec ma nouvelle compagne et les petites sœurs d'Arnaud.

Arnaud aussi était content de revenir, de revoir les paysages qui l'avaient marqué des étés durant, et surtout de revoir Samuel. Il avait beaucoup changé en 6 ans, la dernière fois qu'il l'avait vu, c'était un adolescent prépubère de 14 ans qui passait son temps à jouer à Pokémon Platine sur sa DS. Aujourd'hui, il s'élançait du haut de ses 19 ans et avait pris un peu de carrure. Cependant, son attitude ne laissait pas paraître beaucoup plus d'assurance qu'à l'époque. Il avait 2 ans de plus que lui, mais paraissait toujours être le plus jeune des deux.

Les deux garçons laissèrent les parents faire à nouveau connaissance et se donner à cœur joie dans leurs conversations d'adultes et entreprirent de rattraper le temps perdu en se racontant leurs vies comme ils avaient eu l'habitude de le faire. Samuel avait toujours eu une sorte de fascination pour son ami Arnaud. Il pouvait l'écouter parler pendant des heures, le suivre dans des aventures toujours plus folles et exécuter ses plans les plus diaboliques pour venir à bout de la patience de leurs parents. Aujourd'hui encore il le subjuguait : son teint mat, ses cheveux bruns ondulés, les grands gestes qu'il faisait quand il parlait d'un sujet qui lui tenait à cœur, ou encore son imagination sans limites.

Tant d'aventures à rattraper, d'histoires à raconter ; le temps filait et le soleil s'apprêtait déjà à se coucher sur le Sud Ouest de la France. Comme s'ils avaient encore 9 ans, les deux camarades demandèrent à l'unisson à leurs parents si Arnaud pouvait rester camper avec Samuel dans la forêt derrière les dunes.

Dans la tente installée à une quinzaine de minutes du front de mer, à l'abri de l'humidité sous le feuillage estival de la pinède, les garçons enchainaient les bières en se racontant leurs anecdotes d'adolescence.

L'ivresse de la nuit rendait tout beaucoup plus flou aux yeux des deux jeunes hommes. Pour un peu, on aurait pu les imaginer se rapprocher, se sentir, se toucher. Mais rien de tout cela ne se fit, simplement des regards insistants et des intentions refoulées.

C'est à peine capables de tenir debout que Samuel et Arnaud prirent place dans leurs sacs de couchages respectifs avant de glisser presque inconsciemment dans un sommeil profond... Si profond qu'au réveil, le soleil brillait déjà intensément.

Sam fut le premier à ouvrir les yeux, baillant encore, confortablement emmitouflé dans son cocon. Il avait dû beaucoup transpirer, vu la sensation d'humidité qu'il éprouvait. Soudain, l'éveil de ses sens lui fit remarquer une odeur désagréable, évoquant l'urine. En passant ses mains autour de son entrejambe, il comprit immédiatement : il s'était pissé dessus dans son sommeil. Comment l'expliquer ?! Ça ne lui était pas arrivé depuis sa plus lointaine enfance. La matinée virait au cauchemar : pourquoi fallait-il que ça arrive le soir de ses retrouvailles avec Arnaud ? Sans même avoir le temps de paniquer davantage, son sang ne fit qu'un tour lorsqu'il entendit son ami s'éveiller et s'exclamer :

- Salut Samu, bien dormi ? Eh mais c'est quoi cette odeur de chacal ? Un sanglier nous a pissé sur la tente ou quoi ?

Ne répondant pas, Samuel fit mine de somnoler. Arnaud se leva pour aérer la tente lorsqu'il remarqua la vaste tache sombre autour de l'entrejambe de son ami.

- Oh mais Sam, me dit pas que... Tu n'as quand même pas... Tu ne tiens pas l'alcool à ce point ? s'exclama Arnaud avant d'éclater de rire. Bon, c'est rien, mieux vaut ça que passer la nuit à dégueuler. Mais quand même, à ton âge, imagine si t'avais dormi avec une meuf, la honte !

Samuel était trop sous le choc pour arriver à formuler quelque pensée cohérente. Il bégaya un semblant d'excuse car il s'en voulait d'infliger cela à son ami. Arnaud détendit l'atmosphère :

- Nan mais t'inquiètes hein, c'est un accident ça peut arriver. Ça m'a juste surpris c'est tout. Bon on va se dépêcher de remballer il faut que t'ailles mettre ton sac de couchage à la machine sans que tes parents le remarquent.

Aucune allusion à cet incident ne fut faite durant le reste de la matinée. Les garçons rejoignirent la famille de Samuel pour déjeuner, avant de partir en balade pour l'après-midi.

Alors qu'ils marchaient depuis plusieurs heures, alternants passages en forêt et dunes de sables, Samuel prévint :

- Ça t'ennuie qu'on rentre ? Je dois vraiment pisser, c'est plus supportable...
- Mais non, pas déjà ! On est à mi-chemin . J'ai vraiment envie de revoir la vue du sommet de la dune, ça m'a tellement manqué... Tu veux pas juste faire dans ton maillot ? On ira se baigner juste après, suggéra Arnaud d'un air innocent.

Samuel, sceptique devant la proposition saugrenue de son compagnon de randonnée, fit mine de protester :

- Mais enfin, t'es malade ? Je vais quand même pas me vider dans mon maillot, c'est crade.
- T'inquiète je te dis, ça m'arrive souvent quand je pars marcher seul. Ça sèchera vite. De toute façon, pas question de faire demi-tour, conclut sur un ton ferme Arnaud

Sur ces mots, Arnaud reprit le cours de sa route, suivi par Samuel qui se dandinait de plus en plus, à la manière d'un enfant ayant du mal à se retenir. Au bout de quelques minutes seulement, Arnaud devina son ami s'immobiliser derrière lui, et entendit un filet ruisseler à l'intérieur de son maillot, le long de ses jambes. Il se retourna malicieusement et observa Samuel s'abandonner malgré sa gène grandissante. Pour autant, l'intéressé ne pensait presque pas à sa honte, mais bien au soulagement procuré par cet acte désespéré. Alors que le ruissellement s'amoindrissait, Samuel sentit son sexe se dresser dans son maillot, comme pour matérialiser sa sensation de plénitude. Arnaud n'en manqua pas une miette, mais n'attarda pas davantage son regard sur son ami pour ne pas le mettre dans l'embarras, ou se voir prêter des intentions ambiguës.

Arnaud attendit que son ami ait fini pour lui rire au nez :

- Hahaha il l'a vraiment fait, j'y crois pas. Je plaisantais, hein, jamais j'aurais pensé que tu le ferais vraiment. Et en plus tu bandes ? Mais quel tordu...
- Tu fais chier, viens on avance... grommela Samuel sur la défensive. Il avait bien trop honte pour se défendre des moqueries de son camarade, alors il encaissait et continua son chemin.

Si la route pour se rendre à la plage paraissait surmontable en temps normal, elle parut interminable au garçon qui devait la parcourir avec un maillot trempé de sa propre pisse. La sensation d'humidité et de chaleur le gênait pour marcher et il sentait qu'il commençait à être irrité, mais le pire de tout était l'odeur qui le suivait à la trace tout le long du trajet. Lorsqu'il aperçut enfin la mer, il courut pour mettre un terme à son supplice, abandonnant derrière lui son ami qui ricanait en le regardant s'éloigner.

La baignade eut le mérite de laver Samuel de ce moment d'humiliation, et de lui permettre de terminer la journée sur un moment agréable. Les deux amis profitèrent du coucher de soleil dans l'eau avant de retourner se sécher sur la plage. Arnaud proposa à Samuel de remettre la soirée campement dans le même esprit que la veille.

- Oh tu sais je suis un peu fatigué ce soir, je pense que je vais simplement rentrer chez mes grands-parents pour être en forme demain.
- T'as peur de te pisser dessus à nouveau ou quoi ? Allez, ça va être fun, en plus il reste des bières.
- Non vraiment, je suis K.O. Ça m'a assez fatigué pour aujourd'hui tes conneries. Si tu veux, on aura qu'à camper à nouveau ensemble le reste de la semaine.
- Bon comme tu voudras. Je passe te chercher chez toi demain matin.

Sur ces paroles, les deux compères se séparèrent pour rentrer dîner avec leurs familles respectives. Samuel ne savait plus quoi penser de ses retrouvailles avec Arnaud. S'il avait d'abord été ravi de retrouver son ami d'enfance, il ne pouvait s'empêcher de porter un nouveau regard sur lui : il voyait un jeune homme séduisant toujours aussi sûr de lui. Son premier accident nocturne l'avait glacé de honte, mais il n'y pouvait rien. Ce qui perturbait bien plus Samuel, c'était la facilité invraisemblable avec laquelle il avait agi selon les consignes d'Arnaud et s'était naïvement fait dessus, en plein jour, sans aucune pudeur et avait même ressenti du plaisir. Plaisir qu'il n'expliquait pas plus qu'il n'arrivait à le dissimuler. Pourquoi n'avait-il pas simplement pissé dans la nature ? Arnaud le rendait vraiment fou...

Un été plus chaud que prévuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant