Avortement

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Ca y est la décision est prise, je vais avorter, les rendez-vous sont pris, il n'y a plus qu'à. 

Je ne souhaite de vivre à aucune femme un avortement comme première procréation. 

Même si tout le contexte autour n'est absolument pas favorable à un avortement, c'est dur. Dur de se dire que le premier enfant que tu as en toi tu lui ôtes la vie. Alors oui les premiers mois ce n'est rien d'autre qu'un haricot blanc, mais pour une femme c'est bien plus.

Avorter dans ma tête signifie que j'échoue de ne pas pouvoir assumer ce que la vie m'offre. Je pars du principe que la vie nous envoie aucune période que l'on ne peut pas traverser, mais pourtant cette fois-ci je ne peux pas. 

Le corps féminin est impacté, le psychisme est impacté, on se demande sans cesse si nous prenons la bonne décision, si on est pas égoïstes tout en se disant qu'on serait fous de le garder, si on ne le regretterait pas, l'avenir qu'on aurait pu lui offrir ou pas lui offrir justement, est-ce que cela peut impacter notre fertilité par la suite, est-ce que notre vie sexuelle va devenir différente, est-ce que ça fait mal ? 

Des tas de questions et dans ces moments-là on ne recherche juste de l'attention, de l'écoute, du soutien. 

Et malgré ça Nahyl me fait vivre l'une des pires semaines du mois. 

Nahyl se lève, part à 12h, ne prend même pas la peine de faire un repas avec moi, Nahyl rentre à 21h si ce n'est plus, pendant que je suis seule à attendre avec seule compagnie ces milliers de questions. 

Je me souviens sans cesse dire à Nahyl : 

C : "Nahyl c'est pas un Playmobil que j'ai dans le ventre, Nahyl revoit tes priorités, Nahyl parle moi, Nahyl si quelque chose ne vas pas dis-le moi"

Après tout Nahyl peut aussi vivre cette période difficile d'une autre manière que moi, mais Nahyl est fermé comme une porte de prison, il ne décroche pas un mot. 

Un soir je reçois un message de Nahyl aux alentours de 21h : 

N : "Ce soir je ne rentre pas dormir"

C : " Pourquoi ? Tout va bien ? "

Je m'endors et je me réveille à 00h en n'ayant aucune réponse de Nahyl, inquiète je lui renvoie un message pour savoir si tout va bien pour lui. 

N : " J'arrive finalement"

Je ne pose pas plus de questions, il m'expliquera en rentrant, les nuits sont tellement qu'illusion pour moi qu'à ce moment-là j'attends juste qu'il rentre pour être rassuré et pouvoir dormir. 

Je me rendors et me réveille à nouveau vers 2h30 du matin toujours pas de Nahyl. L'inquiétude monte, les nerfs aussi. 

C : "Nahyl tu es où je m'inquiète tu m'as dis que t'arrives il y a déjà 2h?"

N : "J'arrive dans 5 minutes"

Impossible de me rendormir. Les heures passent, Nahyl rentre à 5h du matin complètement ivre, une bouteille à la main. 

Il monte dans la chambre voit à mon visage que je suis énervée et me dit : 

N : " Wallah c'est pas le moment, me casse pas les couilles, me rend pas fou"

Nahyl se couche au lit et s'endort. 

Si vous saviez comme j'en avais marre, marre d'être si peu considéré, marre de voir que la situation ne l'alarme pas, marre de voir que même dans des moments où l'on doit faire face à deux il ne cesse de creuser un écart entre nous. 

Toutes les filles auraient imaginé les mêmes scénarios que moi, où était-il ? Avec qui ? Pourquoi aussi tard ? Pourquoi être ivre ? Pourquoi ne rien me dire ? Pourquoi me laisser sans réponses en sachant que le doute est l'une des pires inquiétudes pour une femme amoureuse ? 

Peu de temps après, la veille de l'avortement plus exactement, je prête ma voiture à Nahyl. 

Je passe l'après-midi avec Maria puisque Nahyl même la veille de l'avortement préfère me laisser seule et pour tout vous dire à la fin je ne demande même plus qu'il reste. Voir une femme énervée c'est dangereux mais voir une femme ne plus parler, se taire et ne rien dire c'est fatal. 

La journée s'achève la nuit commence à tomber j'écris alors à Nahyl : 

C : " Je suis chez Maria, peux-tu venir me récupérer en voiture ?"

N : " Et le s'il te plaît clocharde tu crois que je suis ton chien ? Tu crois que je suis ton toutou à me parler comme de la merde ? Tu rentres à pied bouffonne ça t'apprendras"

Pour un oubli de "s'il te plaît", sachant que ma phrase est interrogative et non affirmative, sachant qu'il a MA voiture, Nahyl m'impose de traverser la ville entière, à 21h passé, dans le noir, le froid en sachant que je ne l'ai pas vu de la journée et que le lendemain c'est le jour j de l'avortement. 

Humiliation totale personnelle et devant Maria. 

Note à moi-même pour plus tard : "Tous les morts ne sont pas sous terre. Une humiliation est pire que la mort."

Meilleure leçon de vieWhere stories live. Discover now