Une décennie de vide.

Prologue : Amour d'été.

-Papa, on arrive bientôt? Demanda la jeune femme, descendant de son lit pour aller vers son père qui était derrière le volant.

Ils étaient partis depuis deux semaines de chez eux, en van, juste eux deux, parce que c'était juste eux deux depuis des années. Et c'était les vacances d'été, Saskia avait enfin du temps. Étudiante, elle était très prise, studieuse et sérieuse, elle avait passé l'année et même la précédente à travailler ardemment, et son père -qui était aussi son meilleur ami au fond- avait décidé de la récompenser avec un voyage en van. En deux semaines ils avaient fait quelques arrêts et détours pour arriver à leur point d'arrivée, profitant des paysages, du beau temps, de la joie d'être sur la route, du temps ensemble. Contrairement à beaucoup de jeunes de son âge, les meilleures vacances au monde pour Saskia n'était pas d'être avec ses amis loin de tout et passer ses soirées à faire la fête, pour elle la meilleure chose était d'être avec son père. Ils n'avaient que dix neuf ans d'écart tout les deux, ses parents l'ayant eu très jeunes et par accident, mais ça n'avait pas empêché qu'ils l'aiment et s'aimaient de tout leur coeur. Elle avait eu une belle enfance, il n'y avait qu'un point noir dedans. Et puis Ewen, était son père à n'en pas douter, il suffisait de les voir pour le savoir. Ils faisaient la même taille, blonds tout les deux, Saskia avait de longues boucles, alors que l'homme avait des cheveux plus courts, des yeux bleus avec des éclats verdâtres dedans pour lui, et des émeraudes brillantes pur elle. Elle avait aussi récupérer la carrure de son père, la vraie différence finalement était que la blonde avait un visage rond quand le sien était plus allongé. Elle avait le visage de sa mère. Mais ce qui faisait que son père et elle s'entendaient aussi bien, c'est qu'ils avaient le même humour, les mêmes centres d'intérêts, un amour et une fierté pour l'autre incommensurable. Ils étaient de nature rêveuse et douce, mais avaient aussi leur caractère, et n'hésitaient jamais à se faire entendre, mais ils tendaient aussi facilement la main pour aider quand une personne avait besoin. Saskia était fière de lui ressembler et d'être sa fille, alors ce voyage ensemble lui faisait sincèrement plaisir, la rendait heureuse. Elle prit place sur le siège passager, près de lui, et posa ses genoux sur le tableau de bord, attendant la réponse.

-Dans une trentaine de minutes je pense. Lui répondit son père en lui jetant un coup d'oeil. Tu étais encore entrain de travailler. Reprocha-t-il doucement.

-Comment le sais tu? S'étonna la blonde.

-Quand tu travailles tu finis toujours par glisser ton crayon dans tes cheveux pour les attacher. Remarqua Ewen. Sa fille réalisa alors et récupéra le stylo. Ta mère le faisait aussi tout le temps.

-Je lui ressemble un peu alors. Sourit tendrement Saskia.

-Plus que tu ne le crois. Souffla l'homme, le regard sur la route. Tu me ressembles plus, mais parce que je t'ai élevée seul une majeure partie de ta vie, mais ça n'empêche pas que je la retrouve tellement en toi.

-Pourquoi tu ne m'as jamais parlé de votre rencontre et de votre vie avant moi et même après ma naissance avant...? Demanda la blonde laissant la phrase en suspens, il avait comprit et elle savait le sujet sensible.

-Avant l'accident? Comprit l'homme.

-Oui. Murmura-t-elle.

-Pendant longtemps parler de ta mère était trop compliqué. Elle était le plus grand bonheur de ma vie tu sais. Avant toi bien sur. Après toi c'était vous deux. Sourit l'homme nostalgiquement. Je pourrais t'en parler si tu veux entendre notre histoire, je pense que je pourrais maintenant.

-On pourrait prendre le temps pendant les vacances, quand on sera arrivé. Proposa Saskia, un peu incertaine. Quand tu seras prêt.

Son père acquiesça doucement, et Saskia n'insista pas. Le sujet était délicat, pas tabou, juste douloureux, pour eux deux, mais pas de la même manière. Quand la blonde avait huit ans, sa mère avait été violemment renversée sur la route, et était morte sur le coup alors qu'elle était sur le chemin du retour. Son père avait été abattu, elle aussi. Elle avait perdu sa mère mais il lui restait encore son père, une perte immensément douloureuse mais en même temps elle n'avait pas tout perdu. Alors que lui avait perdu l'amour de sa vie, alors il avait mit du temps avant de s'en remettre. La grand mère d'Saskia, Ruth, avait alors passé quelques semaines chez eux, pour l'aider avec la petite fille et le quotidien. Son père n'était pas devenu absent avec elle, juste moins heureux et moins plein de vie comme il l'était avec elle avant. Mais il était toujours là, et Saskia avait trouvé en lui quelqu'un qui la comprenait. Des fois les soirs où ça n'allait pas, elle allait le voir et ils dormaient ensemble dans le lit parental, Ewen la serrant pour qu'elle se sente mieux et plus vivante. Il avait fallu quelques mois pour qu'il arrive a redémarrer, et puis finalement même quand ça allait mieux, qu'ils étaient plus heureux, ils avaient continué de dormir entre père et fille des fois, quand l'un ou l'autre avait un peu moins le moral. Et Saskia avait continué de grandir avec un trou dans le coeur de la forme de sa mère, mais avec un père fantastique, et ils avaient évolués ensemble dans le bon sens. Mais aujourd'hui elle avait vingt ans et plein de questions sur qui était sa mère, comment elle était, parce que en douze ans, son souvenir d'elle était devenu moins précis.