Prologue

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Ses paupières étaient lourdes et ses membres douloureux. Un gémissement d'agonie s'échappa de ses lèvres gercées par le froid alors que de ses dernières brides de force, elle se relevait. La pièce était sombre. Aveuglée, elle se redressa, tremblante.  L'odeur acre de l'humidité réveilla ses sens et l'inquiétude la submergea. Traitresse, la nausée secoua son corps, et ses intestins se vidèrent sur le sol dans un écho écoeurant. Ses souvenirs noircis par la peur, la confusion du présent n'en était que plus angoissante.

Que faisait-elle là ? Où était-elle ? Qui l'avait emmené ici ?

Elle tâtât de ses doigts les murs qu'elle parvenait à atteindre, avançant maladroitement, avec crainte. Un interrupteur...il devait y avoir un interrupteur... Mais seul le froid du béton persistait sous ses doigts. Toujours ce même foutu béton.

Elle ne prit conscience de ce liquide chaud s'écoulant du haut de sa tête qu'à la douleur de son oeil inondé. D'un doigt tremblant, elle suivit le chemin poisseux et retint un sanglot lorsqu'elle en trouva la source. Par la grosseur de la bosse, elle avait dû être assommée. Ses yeux se plissèrent, elle devait remettre ses souvenirs en ordre. Elle devait comprendre.

Elle sortait la poubelle, ce coup de téléphone, Aaron..puis rien.

Un bruit de pas dans une pièce ou un couloir voisin. Elle s'immobilisa, « il » se rapprochait. C'était un pas rapide, contrôlé, presque rythmique bien que la personne semblait boiter. La personne boitait... La porte s'ouvrit dans un grincement sinistre. Prise d'un élan incontrôlé, elle hurla en fonçant sur l'individu. Elle rencontra un corps robuste qui par la violence de la rencontre chuta. Elle entendit un grognement suivi d'un mouvement précipité alors qu'elle courrait vers une potentielle issue. L'adrénaline aiguisait ses sens, accélérant son poux, sa respiration.

L'instinct de survie, dirait-on.

Elle devait trouver la sortie. Ce ne fut qu'au détoure d'un énième couloir qu'elle aperçu cette fenêtre entrouverte. Son unique sortie. Sa dernière chance, se répétait-elle. Elle l'ouvrit, grimpa d'une vitesse qu'elle ne s'en serait cru capable, puis reprit sa course effrénée. La nuit était tombée, mais elle la reconnue, cette ruelle. Elle connaissait cette foutue ruelle. On ne l'avait pas déplacé bien loin. Entre deux aspirations, ses idées se remirent en place. C'était pourtant si évident. Un rire vide et cruellement douloureux lui échappa : comment avait-elle pu être aussi stupide ?

Une main puissante l'arrêta dans son avancée.

Son hurlement déchira la nuit alors qu'une unique pensé traversait son esprit : C'était lui.

CorvusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant