Chapitre 4

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« Le bonheur parfait est quelque chose de très proche de la tristesse. »

Charlie Chaplin





Cela faisait maintenant un peu plus d'un mois qu'Alice voyait régulièrement Vanessa Rousseau. 1 mois qu'Agathe s'inquiétait. Le mois d'Octobre débutait dans une atmosphère peu commune, à laquelle Alice parvenait difficilement à s'habituer.

Bien qu'elle savait la curiosité d'Agathe bienveillante à son égard, elle en avait horreur. Ses regards, ses questions...Alice n'en avait rien dit, trouvant son attitude plus maladroite qu'autre chose. Du moins, jusqu'à ce vendredi. Une matinée trop longue, trop épuisante. Et alors qu'elle s'était permise une pause avant de reprendre, Agathe avait déboulé dans son bureau. Elle s'était assise avec un certain empressement qui la fatigua instantanément  :

–  Alice, qu'est-ce qui cloche avec Rousseau ?

–  De quoi est-ce que tu parles ?

–  Depuis son arrivée, tu n'me parles plus, on n'sort plus non plus, tu m'évites ! Alors dis moi. Qu'est-ce qui ne va pas ?

Agacée, Alice tentât de ravaler sa colère. Elle s'inquiétait pour elle, c'était ''gentil''.

– Je n'peux pas en parler.

–  Je n'dirais rien !

–  Je m'en moque. Secret professionnel.

–  Je ne parle pas de tes patients, mais uniquement de Rousseau. Enfin ! C'est évident qu'elle se drogue ! Tu n'as pas à t'occuper de tous les cas sociaux de cette ville !

–  Agathe ça suffit.

Agathe réceptionna son injonction comme une gifle cuisante, humiliante. Pour qui se prenait-elle ? Elle n'était plus une enfant.

–  Très bien.

–  Pourquoi rends-tu les choses plus compliquées qu'elles ne le sont déjà ?

Souffla Alice, ses doigts appuyant fermement contre ses tempes. Elle avait mal à la tête, elle était fatiguée.

–  Mais je fais ça pour toi !

Avait hurlé Agathe en se levant brusquement, effritant le peu de patience restant chez Alice.

– Non. Tu fais ça parce que tu n'sais plus quoi foutre de ta vie. J'te déconseille de venir fouiner dans mon travail.

Un reniflement dédaigneux secoua la secrétaire. Elle se retourna puis claqua la porte derrière elle.Agathe s'écrasa dans son fauteuil, furieuse. Elle fourra ses mains dans sa longue chevelure dans un geste rageur, les nouant maladroitement. Elle crevait de chaud. Elle jura en sentant sa chaine s'emmêler dans une de ses mèches. Elle observa la petite croix qui pendait au bout de celle-ci. Qu'est ce qui n'allait pas chez elle ?

Elle sursauta lorsque la sonnerie du rez-de-chaussée retentit. Elle appuya précipitamment sur le bouton permettant à la personne d'entrer, puis, tenta de retrouver contenance.
Un homme entra. Elle ne l'avait encore jamais vu. Il devait tourner autour de la trentaine. Bel homme, pensa-t-elle.

– Que puis-je faire pour vous ?

– j'aimerais prendre un rendez-vous.

Elle ouvrit une nouvelle page sur son ordinateur, prête à prendre les informations nécessaires.

– Oui, à quel nom ?

Elle sentait poser sur elle son regard. Peu habituée, elle se sentie rosir. Il était rare que les hommes la regardent, elle, et pas une autre. Lorsqu'elle sortait avec Alice, elle devenait invisible. Une ombre.

CorvusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant