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Justine décide pour nous deux qu'un rapide tour des lieux serait le bienvenu. Nous passons donc successivement devant un long couloir en L autour duquel s'alignent plusieurs portes de bureaux, deux salles de réunions totalement désertes, une série de vestiaires en revanche déjà bien encombrés malgré l'heure matinale, une vaste salle d'armoires et d'étagères détenant bien plus de médicaments que jamais encore je n'en avais vu et enfin, une porte en bois clair portant l'inscription « Salle de repos » gravée sur une jolie plaque de métal luisante.

— Et voici donc l'endroit où tu risques de passer le plus de temps après ton propre service.

La jeune femme appuie fermement sur la poignée, ouvrant ainsi la porte sur une petite salle rectangulaire dont je ne peux qu'observer avec admiration les trois murs de baies vitrées conférant à la pièce une incroyable luminosité. Le mobilier est bien plus simple que cette impressionnante excentricité architecturale et accapare en fait une grande partie de la salle : plusieurs armoires et casiers occupent la majeure partie du mur du fond et le reste de la surface encore accessible se retrouve en réalité totalement absorbée sous une longue table de bois verni entourée de chaises en tissu gris anthracite.

— Coucou tout le monde ! s'extasie Justine en pénétrant dans le local.

Je suis surprise de constater que je ne suis pas la seule à être arrivée en avance. Deux autres filles ont déjà pris position autour de la table, dans une stricte opposition l'une de l'autre. Et si la plus grande des deux reste parfaitement stoïque à notre entrée, ses yeux noirs soulignés d'un impeccable trait d'eye-liner rivés sur l'écran de son téléphone portable et ses longs cheveux bruns noués en une queue-de-cheval haute battant son dos au rythme de ses hochements de tête concentrés, la plus petite m'adresse un large sourire amical et un bref signe de la main. J'apprécie presque immédiatement l'étincelle illuminant son charmant regard occulté par de larges lunettes rondes et lui souris en retour.

— Je t'en ramène une autre, poursuit Justine à l'intention d'une personne que je n'avais jusqu'ici pas encore remarquée, une femme à la trentaine tout juste passée arborant un magnifique carré de cheveux bruns bouclés et un visage rond presque maternel.

— Bonjour Justine, tu vas bien ? se moque cette dernière en levant la tête de ses notes.

— Très bien Clarisse et toi ? répond nonchalamment la jeune femme tout en retirant de son casier une longue blouse blanche pour l'enfiler par-dessus son chemisier.

— Très bien merci.

Un large sourire illumine le visage de Justine tandis qu'elle prend soin de dégager ses cheveux coincés par l'épais col de coton blanc. Attrapant plusieurs dossiers visiblement posés sur la table à son intention, elle se fraye un chemin en direction de la sortie, non sans me souhaiter un rapide « Bonne chance » de circonstance.

La porte se referme dans son dos et je me sens tout à coup à nouveau bien seule. J'observe longuement le reste de la salle avant de me décider à reporter mon attention sur la dénommée Clarisse, occupée à me détailler en souriant doucement.

— C'est donc ta première année à toi aussi ?

Je hoche la tête.

— Parfait, annonce-t-elle en se penchant à nouveau sur son cahier de notes. Donne-moi ton nom et ton prénom que je vérifie ma liste.

— Laura Miller.

Clarisse fait lentement défiler son crayon sur la liste de cases à la recherche de mon patronyme. Je constate que nous ne sommes pas nombreux, la liste ne comportant qu'une petite dizaine de prénoms tout au plus et la recherche s'avère donc plutôt rapide. Clarisse dépose une petite croix à côté de la ligne qui m'est dédiée et m'invite à prendre place à mon tour autour de la table.

Galien vs Hippocrate [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant