8.

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Mercredi,

— Bien dormi ? me demande Alexandra tout en franchissant ce matin-là le seuil de la porte de la salle de repos de la pharmacie.

Comme pour lui répondre, j'étouffe de la paume de la main un énième bâillement.

— Oui, oui. Je suis en forme, mens-je toutefois.

Comme à son habitude, la jeune femme se contente de sourire et je sais que la situation l'amuse sans doute beaucoup.

— Ça tombe bien, reprend-elle en s'avançant vers son casier pour en sortir deux dosettes de café qu'elle agite avec un sourire espiègle à hauteur d'yeux. On a pas mal de travail qui nous attend aujourd'hui.

Refermant ses doigts sur le plat de sa main, je la regarde glisser nos deux petits miracles dans la poche de sa blouse, saisissant de son autre main libre son PC.

— Alors en selle mademoiselle !

Il est huit heures cinquante lorsque nous mettons les pieds en salle des internes et j'ai pour la première fois le plaisir de la trouver vide ce qui nous permet de nous installer confortablement et nous faire couler un café chaud avant l'effervescence. Tout en portant le bord de son expresso très très très ristretto à ses lèvres, Alexandra prend le temps de jeter un coup d'œil au planning des entrées et sorties de la journée. Il est en effet visiblement très chargé à en juger par la quantité de notes et post-its informatiques laissés un peu partout sur le « plan secteur » informatique. Le regard d'Alexandra se fronce d'inquiétude. Je vois bien que quelque chose la tracasse.

— Tu sais, dis-je doucement, la coupant dans sa réflexion silencieuse, on n'a pas forcément besoin de se voir tout le temps. Je peux tout aussi bien recueillir toutes les informations seule avant notre débriefing de ce soir si ça peut t'arranger ?

La jeune femme me lance un regard approbateur.

— On peut faire ça oui. Mais tu te sens prête à devoir tout gérer toute seule ? Je ne veux pas t'affoler bien sûr, mais cela va te demander une certaine quantité de travail supplémentaire. Je veux juste être certaine que tu en es bien consciente ?

Je hoche la tête. Bien sûr que j'en suis tout à fait consciente ! Travailler sans Alexandra à mes côtés va sans aucun doute me demander de redoubler d'efforts et notamment envers Ethan, en charge du service, mais, après plusieurs semaines désormais passées en sa compagnie, je crois que je me sens prête. Enfin... je m'y suis préparée, physiquement. Et psychiquement aussi. J'essaie néanmoins de me persuader intérieurement que le travail n'est franchement pas ce qu'il y a de plus compliqué et que les quelques patients faits en solo depuis mon arrivée dans le secteur m'ont largement permis de me faire la main, mais je n'y parviens pas vraiment et une boule d'angoisse m'étreint tout de même la gorge tandis que je hoche la tête en guise d'assentiment.

— Très bien, approuve donc ma supérieure dont le regard est empreint d'un « merci beaucoup » certain. On n'a qu'à commencer tout de suite. Avec un peu de chance, tu auras le temps de faire toutes les chambres avant le passage de la visite médicale. On se retrouve à six heures, ça te va ?

Je retiens un soupir de soulagement, bien trop heureuse d'échapper à la corvée de la visite médicale ce matin. L'expérience du mois de septembre m'a très largement suffi, je crois...

Après avoir évoqué quelques derniers points avec ma supérieure et avoir rapidement réuni les affaires nécessaires à mes entretiens d'entrée, je m'empresse de sortir de la salle, espérant de toutes mes forces ne pas avoir à croiser Ethan et les autres avant leur service. Peine perdue toutefois puisque la silhouette que je heurte de plein fouet à ma sortie n'est autre qu'Ethan Barbier en personne, le nez plongé dans un dossier.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 05 ⏰

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Galien vs Hippocrate [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant