- Ethan ? Ethan, est-ce que c'est toi ?
Tout en jetant son sac marin sur son épaule, Ethan Wilde se détourna du coffre de son véhicule de location. Une femme se précipitait dans ses bras.
Il chancela et l'attrapa par pur réflexe. Son cœur s'emballa à la seconde où il reconnut le parfum unique. Lindy Melton : la seule femme qu'il n'avait jamais réussi à oublier. La seule personne qu'il avait envie de revoir, alors qu'il était de retour dans la ville de son enfance. Et voilà qu'elle se jetait dans ses bras avant même qu'il ait franchi le seuil de son ancienne maison. Cette escapade décidée sur un coup de tête n'était pas une si mauvaise idée, tout compte fait.
- Je n'arrive pas à croire que tu sois là ! s'exclama-t-elle. J'étais persuadée que tu ne remettrais jamais plus les pieds ici !
Au lieu de la queue-de-cheval bondissante de leurs années de lycée, elle arborait maintenant un chignon bien trop strict, mais il l'aurait reconnue entre mille. Les lunettes à épaisses montures violettes d'autrefois avaient laissé place à une élégante paire à verres non cerclés, mais derrière, ses yeux étaient toujours de la même teinte changeante vert et or. C'était une femme ravissante, avec sa peau douce et veloutée et son visage en forme de cœur. Mais quelque chose dans son regard, dans la forme volontaire de son menton prouvait à l'observateur attentif qu'elle était loin d'être l'insignifiante et docile oie blanche que son physique de poupée pouvait laisser croire.
Lindy. Tout au long de son enfance, elle avait été sa voisine. Depuis la maternelle, ils étaient les meilleurs amis du monde ou du moins, l'avaient été jusqu'à leur dernière année de collège. Cette fameuse année où elle avait pris ses distances avec le mauvais garçon de Bell Gap. Pendant longtemps, elle avait été l'une des rares, pour ne pas dire seules personnes à pouvoir l'empêcher de faire les pires bêtises. Et des bêtises, il en avait fait ! Ce n'était pas pour rien qu'on l'avait surnommé « Tête Brûlée ».
- Tu m'as manqué, déclara-t-il.
Et c'était la pure vérité. Il prit ensuite une profonde inspiration afin de poser la question qui lui avait brûlé les lèvres durant tout le trajet :
- Y a-t-il quelque part un mari qui me fera tâter de son poing si je te vole un baiser pour fêter ces retrouvailles ?
Elle leva ses grands yeux au ciel.
- Un mari ? Tu plaisantes ?
Sans la lâcher, il s'écarta légèrement, la dévisagea quelques secondes puis, avec circonspection, déposa sur sa joue un très bref et très correct baiser. Lindy. Impossible de se l'ôter de l'esprit depuis que, deux mois plus tôt, il avait reçu cette invitation à la réunion des anciens élèves de leur promotion. Avant cela... il pensait aussi à elle, bien trop souvent. Mais parce qu'il était le plus grand lâche de ce côté du Mississippi, jamais il n'avait eu le courage de reprendre contact.
- Es-tu venue pour la réunion ? s'enquit-il.
Entre ses bras, il pouvait sentir son corps svelte et élancé. Elle était extrêmement séduisante... sensuelle même. Pourtant, jamais leurs rapports n'avaient été ambigus, jamais de gestes déplacés. Pour tout dire, il n'avait plus été aussi proche d'elle depuis... le bal de la Saint-Valentin de leur dernière année de primaire. Ah, et aussi les funérailles de sa mère, six ans plus tôt, lorsqu'elle l'avait, à deux reprises, pris dans ses bras pour le réconforter.
- Je vis toujours ici, l'informa-t-elle, indiquant d'une main fine, gracieuse et un rien nerveuse, la demeure qui se trouvait derrière eux.
Tout en se dégageant de son étreinte, elle lissa sa jupe, puis précisa :
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Leçon de seduction
Romance— Tu souhaiterais que je quoi ?! Debout devant la terrasse de Lindy, d’où il admirait les fleurs en pleine éclosion de son jardin, Ethan se retourna vers la jeune femme. Elle se tenait à quelques pas devant lui, ses minuscules pieds fermement planté...