Lenny souffle longuement, il va enfin pouvoir aller parler à Miguel. Depuis quelques jours, Lenny ne se sent pas bien, il se questionne, est-ce que leur plan est vraiment le bon ? N'est-ce pas un peu... trop ? Déjà, les Verts ont subi bien des supplices, entre blessures morales et physiques. La haine de Lenny s'est un peu apaisée, et il se demande, il a des doutes sur la validité de ses actes. Il ne pourra pas vivre sans Miguel, ça c'est sûr. Mais doit-il détruire les fautifs avant ? Il était très occupé ces derniers jours, alors sa visite à Miguel s'est fait attendre.
Il enclenche la poignée de porte et entre. Comme d'habitude l'ambiance est morose, Lenny suffoque, l'air est lourd, sale. Personne n'a osé toucher à cette chambre depuis son départ. Ça se voit que Miguel n'avait pas prévu de mourir, tout est en désordre, des choses commencées ne seront jamais finies. Lenny scrute la pièce silencieusement, il l'attend. Alors il s'assoit sur le lit défait, provoquant une marée de poussière. Il reste quelques longues minutes seul, dans cette atmosphère lugubre.
Tout à coup, l'air poisseux disparut pour laisser place à de la légèreté, de la douceur. Instantanément, Lenny sentit une présence derrière lui et se retourna. Miguel.
"Hola Lenny !" Cette voix... Cette voix enfonça un pieux dans le cœur de Lenny autant qu'il le soulagea. "Que passa ?"
La lumière chaleureuse lui tape gentiment sur le visage. Il prit une grande inspiration et regarda Miguel droit dans les yeux.
" J'ai des doutes Miguel. Je ne sais pas si... Je ne sais pas si c'est vraiment ce que t'aurais voulu que je fasse. Je sais que tu m'as aidé mais... Je ne sais pas. Ça m'a l'air un peu inhumain. "
L'expression de Miguel changea directement, passant de son sourire habituel à une mine inquiète pour son ami. Miguel se rapproche de Lenny et s'accroupit pour être à sa hauteur.
" Comment ça ? "
" Bah on les a déjà fait pas mal souffrir, Liam et Twain ont des blessures à vie. Ils ont peur de marcher seuls dans la rue, voire de juste marcher dans la rue. Je ne sais pas si... Si ça vaut le coup de les finir. Qu'ils tombent avec nous. Et puis ce n'est pas totalement de leur faute non plus. C'est moi qui n'ai pas pu te sauver... "
" Dis pas ça Lenny ! C'est de leur faute, pas la tienne ! T'as essayé de me sauver, aussi fort que t'as pu. C'est pas toi qui m'a plombé de balles encore et encore. Et est- ce qu'ils se sont excusés une fois ? Non. Culpabilise pas. Tu fais la bonne chose crois moi. "
Lenny baisse les yeux.
" T'as raison, c'est des monstres. Tu ne méritais pas ça. T'aurais pas dû finir comme ca t'au-"
Quand il relève les yeux pour faire face à Miguel, celui-ci est changé. Ce qui frappe Lenny directement c'est ses yeux, ils sont écarquillés, ont l'air vides, avec un filtre grisâtre retirant toute leur couleur. Ce qui le touche ensuite c'est cette peau pâle lui donnant un air maladif, puis bien sûr sa blessure au ventre d'où coule à rythme irrégulier du sang. Ça ne s'arrête jamais. Lenny reste bouche bée, difficile de savoir comment réagir, même si ce n'est pas la première fois. Ça se finit toujours comme ça. Il ne sait tellement pas comment réagir qu'il en oublie de respirer. Et quand il se rend compte qu'il étouffe, il se lève et court vers la porte en la claquant derrière lui.
Il est à moitié allongé sur le sol, une main le soutenant, l'autre contre son torse, comme si ça allait l'aider à respirer. Sa vision est trouble, mais ça va aller. Comme ça va à chaque fois. Lenny se laisse tomber par terre en reprenant son souffle. Personne ne viendra le sortir de la de toute manière, il a tout le temps du monde.
•••
Cette fois, MT a tout prévu. Il a réuni des dizaines et des dizaines de pains de c4. Son plan est simple. S'introduire dans le quartier des Vagos la nuit. C'est petit comme stratagème, mais ça marche. Le seul but, détruire ces *** en une fois, en un magnifique feu d'artifice.