Chapitre deux

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Chapitre deux

Après que j'eus toqué, j'ouvris la porte grâce aux poignées et m'avançai dans cette vaste pièce. Plus loin, se trouvaient mon père ainsi que ma belle-mère. Tous deux étaient assis sur des sièges majestueux, en raison de leur titre, autour de la longue table et semblaient contrariés. Leurs voix commençaient à se hausser jusqu'à finir en cris. Ils se levèrent d'emblée, puis, pour annoncer ma présence et peut-être les calmer, je toussotai. Ils se retournèrent vers moi puis, lorsqu'ils se rendirent enfin compte qu'ils se donnaient en spectacle, ils se rassérénèrent. Ma belle-mère s'assit et mon père vint à ma rencontre. Il me prit dans ses bras et m'invita à prendre place sur le siège à côté de lui. Nous commençâmes à échanger des banalités : il me posait des questions et j'essayais de lui répondre avec le plus de respect et intérêt possible. Ma belle-mère continuait de me fixer et de me jeter des regards noirs ; elle devait sûrement encore se plaindre d'avoir à supporter la vue d'un des enfants illégitimes de son mari, ou attendre que je fasse un faux pas.

— Mon fils. Si je t'ai fait parvenir jusqu'à moi n'était pas pour que nous conversions simplement sur le beau temps.

— Oui Père. De quoi voulez-vous me parler dans ce cas ?

— Et bien Héra, ici présente, est venue me confier que tu aurais forcé une de ses prêtresses à se...

— Qu'il a forcé, intervint-elle.

— Laisse-moi terminer, veux-tu ? lui répondit mon père d'un ton menaçant. Je disais donc, tu aurais, pour faire bref, forcé une de ses protégées à se mettre nue devant toi et tu l'aurais touché. Peux-tu me dire si cela est vrai oui ou non ?

Je le regardais lui et sa femme, incrédule face à cette accusation. Il est vrai que j'ai tenté de séduire une de ses prêtresses mais elle m'a immédiatement rejeté et je suis vite passé à autre chose. Mais cela s'était passé il y a plus de trois ans de cela déjà. Pourquoi m'en parler maintenant, dans ce cas ?

— Je suis navré mon père mais je crois que vous faites erreur. Cela n'était pas moi.

— Arrête de mentir ! Ma prêtresse est venue me le dire et je n'ai fait que rapporter les faits à notre roi. Oserais-tu insinuer que je mens ? me menaça ma belle-mère.

— Je n'insinue rien du tout. Je vous dis simplement qu'il y a erreur sur la personne. Peut-être s'est-elle trompée en disant de quel dieu il s'agissait ? ajoutai-je déterminé à m'innocenter.

— Foutaises. Maintenant avoue ce que tu as fait si tu ne veux pas que j'allonge ta punition, continua-t-elle avec mépris.

— Et pourquoi devrais-je être puni pour un crime que je n'ai pas commis ? Père, dites quelque chose ! Ce genre de problèmes ne devraient-ils pas être résolu devant la totalité des dieux olympiens ? Parce que c'est bizarre, j'ai l'impression qu'il en manque beaucoup ! déclarai-je avec énervement.

— Tu vas te calmer, oui ? Montre-nous plus de respect, bâtard !

— Vous deux, baissez d'un ton ! Vous me donnez la migraine à crier comme cela, intervenait enfin mon père.

L'insulte d'Héra avait eu l'effet d'une claque. Peut-être est-ce parce qu'elle m'en avait donné une quand elle pensait que je la rendais coupable. Ce qui n'est pas tout à fait faux, puisqu'elle est celle qui est venue raconter tout cela à Père. Pourquoi est-ce qu'elle s'en prendrait à moi ? Est-ce parce que je suis un fils illégitime de son mari et qu'elle ne souhaite pas s'avouer qu'elle a été cocue une fois de plus ? Mais si c'est vraiment pour cela... c'est bien osé de la part de Père de me laisser être accusé à sa place. Trouvant que cette hypothèse pourrait bel et bien être la cause de ce quiproquo, je regardai mon père et lui demandai si je pouvais lui parler, à l'écart, lors d'un instant. Celui-ci accepta et nous nous plaçâmes à une bonne distance afin qu'Héra ne puisse nous entendre.

La lyre et l'hyacinthe [en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant