Chapitre quatre

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Chapitre quatre :

Avant que je n'aborde seulement la campagne de Sparte, trois mois déjà s'étaient écoulés. Il faut dire que j'ai voyagé à la force de mes pieds et qu'il m'arrivait de rester plusieurs jours lorsque je rencontrais des mortels très avenants ou hospitaliers. Je finissais mon séjour chez eux, toujours en bénissant leur maison et leur famille. Evidemment, comme à chaque fois, j'ai aussi rencontré des mortels trop effrontés pour nous craindre, nous les dieux. Eux ont reçu une soudaine agitation, comme une maladie contagieuse ou une arrestation de la part des rois voisins, car ils auraient oublié de payer leurs impôts. Quel dommage ! Mais, passons outre ces malheureux évènements.

J'avais tout d'abord accosté Eleusis après trois semaines de marche. Là-bas, la vie y est très active pour les mortels. Ils célébraient par ailleurs le mariage de deux jeunes gens, unissant ainsi les familles les plus riches de la cité. Je suis sûr que mon cousin Eros aurait été désespéré de voir deux personnes s'unir pour une autre raison que l'amour... J'avais assisté aux festivités et j'avoue que ce n'était pas mauvais, pour des êtres humains.

Puis j'avais repris ma route, vers Corinthe cette fois-ci. Les premières nuits, je dormais à la belle étoile, jouant de ma lyre pour quiconque souhaitait m'entendre. Et un jour, lorsque je me suis réveillé, j'eus trouvé un panier rempli de fruits, de pain et de fromages. La même chose se répéta le lendemain. Chaque fois, je pouvais voir un jeune garçon les déposer lorsqu'il croyait que j'étais endormi puis repartais en courant vers des personnes que je supposais être ses grands-parents. J'avais donc décidé de l'attendre et de lui parler, si possible. J'avais été étonné de voir à quel point le petit pouvait me ressembler.

Ses grands-parents et lui avaient fini par me proposer de venir m'abriter chez eux, le temps que je voulais. Très vite nous avons créé de vrais liens et j'avais fini par apprendre le tir à l'arc à Cylian, car c'est ainsi qu'il se nommait. Mais je me suis souvenu que là n'était pas ma destination finale, alors je dus les quitter à regret.

La deuxième fois, lorsque je me présentai au pas d'une maison, je n'eus pas la même chance. Ces gens-là se fichaient des règles des dieux et martyrisaient même les pauvres gens de leur village. J'en avais vu assez pour comprendre et pour que je sois envahi par la colère. Ils avaient mystérieusement disparus une nuit et on trouva deux gros porcs à la place. Et ce fut ainsi de suite pour chaque hôte qui ne méritait pas cette appellation.

Bien vite je m'étais retrouvé dans les campagnes du sud, à vagabonder avec mon peu d'affaires. Il faut dire que pour une fois, Hermès n'avait pas tout à fait tort. Je m'étais remis à composer des mélodies bien meilleures et bien plus convenables. Changer d'air me faisait incontestablement du bien.

***

Après plusieurs semaines de marche, enfin j'arrivais à destination. « Ce n'est pas trop tôt ! » pensai-je. J'avais devant moi une ville ainsi qu'un palais très occupés. Les rues grouillaient de personnes plus pressées les unes que les autres. Je me fis même bousculé par une poignée de gardes alertes et dévalant les routes à toute vitesse. Ils zieutaient les alentours comme si leur vie en dépendait. Intrigué, je pris l'initiative de demander à un passant la raison de ce chahut.

— Vous êtes étranger, n'est-ce pas ? me demanda-t-il en regardant mon balluchon. Sinon vous auriez été au courant de la nouvelle. Elle court dans les villages alentours !

— Et quelle est cette nouvelle ?

— Le prince s'est encore enfui et on le cherche depuis trois jours. Le roi promet une grosse somme à qui lui ramènera son fils, conclut le domestique avant de reprendre sa tâche.

La lyre et l'hyacinthe [en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant