Chapitre premier

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Chapitre premier

Mes amies ainsi que fidèles accompagnatrices, les Muses, et moi discutions avec ce jeune peintre. Lorsqu'un artiste prie pour qu'une Muse lui donne de l'inspiration et ce « déclic » qui lui manque, nous y allons généralement tous ensemble. Il nous arrive rarement d'inspirer un humain seul comme, la plupart du temps, ils finissent par avoir besoin de nous tous. Cette fois-ci, ce fut Euterpe qui vint apporter son aide. Elle commença à danser, tout en exprimant sa, si particulière, poésie amoureuse. Terpsichore vint rapidement la rejoindre. Ces deux-là sont particulièrement proches, du fait de leur amour commun pour la danse et la poésie. Mais il est vrai qu'elles ne sont pas les seules Muses de la poésie. Il y a aussi Erato, qui préfère les poèmes lyriques et choraux. D'une certaine façon, nous sommes tous poètes. Chacun différent et plus excentrique que le précédent, mais des poètes.

Pendant ce temps, Uranie m'expliquait une de ses nouvelles découvertes sur les étoiles. Elle m'apprit l'existence d'une nouvelle constellation, qu'elle avait décidé de nommer la Lyre en honneur l'instrument que j'apprécie tant jouer. Avant que je n'aie pu la remercier de ce présent, un cri attira notre attention. Un Hermès désemparé et paniqué, fonçait droit sur nous. Nous nous écartâmes aussi rapidement que possible, et évitâmes la collision de peu. Encore penaud de cet accident, Hermès se releva et se dépoussiéra comme il put. Il regarda partout autour de lui, comme pour se rappeler de ce qu'il faisait là puis s'avança vers moi.

— Bonjour mon frère. Je viens te porter un message de notre père, qui requiert ta présence au palais, ajouta-t-il en me présentant un parchemin.

— Il y a-t-il un problème ? demandai-je en prenant connaissance de ce qu'il y avait écrit.

— Je ne sais pas. Lorsqu'il m'a aperçu en train de flâner dans les allées, il m'a demandé de venir te trouver pour te parler de sa demande. Je n'en sais pas plus que toi malheureusement.

— Nous voilà bien avancés... Mais si c'est ce que Père veut, alors j'irai, ajoutai-je pour moi-même. Je dois partir pour l'instant mais je compte sur vous pour vous occuper de ce pauvre homme. Nous nous reverrons bientôt, adressai-je aux neuf sœurs.

— Nous pouvons donc y aller !

***

Sur le chemin, Hermès n'arrêtait pas de me fixer. Lorsque je tournais la tête vers lui et le questionnais du regard, il sortait la première blague qui lui traversait l'esprit et finissait toujours par se noyer dans les excuses. Le voir agir ainsi, si peu confiant, me rendait assez mal à l'aise. Qu'est-ce qui lui est arrivé pour qu'il agisse et soit aussi peu bavard comme ceci ? Ne pouvant plus supporter cette ambiance étrange et silencieuse, je le questionnai.

— Hermès... Te voilà bien silencieux et... calme. Je ne dis pas que c'est mal – au contraire – mais, t'est-il arrivé quelque chose ?

— Hein ? Oh nan, trois fois rien !

— Rien ? Comment est-ce qu'un rien pourrait autant fatiguer ton enthousiasme habituel ? le questionnai-je avant de faire une pause. Ecoute, je sais que je ne suis pas vraiment le grand frère idéal... surtout que l'on n'est pas partis sur de bonnes bases toi et moi..., grommelai-je en souvenir de notre première rencontre, mais je peux t'accorder de mon temps si... tu as besoin de parler.

Je n'arrive pas à croire que j'ai dit ça ! Il va commencer à penser qu'il peut faire comme il veut lorsqu'il est en ma compagnie. Et puis c'était quoi ma manière de parler à la fin ? Je veux bien avouer que je n'ai pas l'habitude de réconforter quelqu'un mais de là à en être gêné ? Bon respire et calme-toi Apollon.

La lyre et l'hyacinthe [en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant