Chapitre 6 : Un tir en plein coeur

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Le bruit de l'explosion bourdonnait à ses oreilles. Elle avait été projetée par le souffle contre des sacs de céréales, amortissant la chute. Au loin, ou peut-être était-ce tout proche, des hurlements perçaient l'obscurité de la nuit. Apolline sentait l'odeur du fer, tandis qu'un filon écarlate s'échappait de sa bouche engourdie. Elle essayait de se relever, mais son corps fatigué ne répondait plus à son appel. Un poids reposait sur son dos, comme une chape de plomb. Elle peinait à ouvrir ses yeux collés par la suite. Elle le regretta aussitôt quand elle réussit. Il n'y avait que des kyrielles de monstruosités, peu importe où elle regardait. Hommes et femmes courraient dans tous les sens, cherchant une sortie, un endroit pour se sauver. La plupart étaient blessés, certains avaient même perdu un membre. Et le sol. Le sol était jonché de cadavres. La marquise avait l'impression d'être à plat ventre dans un abattoir. Seules la peur et la mort régnait dorénavant dans ce lieu. Où était passée la musique ? Les lumières et les sourires ? La mélodie qui l'avait fait dansée toute la nuit n'était plus qu'un lointain souvenir. Elle sentit leur présence avant de les voir. Des hommes entièrement vêtu de noir pénétrèrent à l'intérieur du palais. La vue de leurs attirails glaça le sang d'Apolline. Épées, haches, fléau, faux et même marteaux composaient l'armement du groupe. Une femme dont les jambes avaient été écrasé par le lustre tombé du ciel leva la main en criant à l'aide. Le meneur de la procession lui implosa négligemment la tête avec la boule en acier de son fléau. Les pointes acérées fracassèrent la boîte crânienne avec une facilité déconcertante. Elle n'avait été qu'un pissenlit qui dépassait au milieu de leur chemin. Mademoiselle des Dunes mordit son bras pour ne pas émettre de cris. La peur ébranlait tout son corps. Des gouttes de sueur perlaient son front tandis que des gémissements incontrôlés affluaient au bord de ses lèvres. Son cœur battait tant la chamade qu'elle craignait d'alerter les agresseurs, même distants de plusieurs mètres. Les voyant arriver jusqu'à son niveau, Apolline se fit la plus petite possible. Elle remercia le ciel que de son visage jaillisse du sang et que les sacs alimentaires la cachaient à moitié. En apnée, les yeux fermés, elle pria pour que ce soit suffisant. Les bruits de pas passèrent à côté d'elle, puis s'éloignèrent petit à petit. Elle les entendait néanmoins au loin pendant un temps qui lui parut infini. Les minutes passaient, elle n'osait toujours pas reprendre sa respiration, encore moins bouger. Ses sens pouvaient lui avoir menti, peut-être étaient-ils encore juste derrière elle. Le fardeau sur son dos devint d'un coup plus léger. Le cauchemar devint réalité. Elle se retourna sur la silhouette d'un géant, muni d'une hache double tranchant à deux mains. Les lames argentées scintillèrent dans la nuit, lui firent penser à deux demi-lunes. L'arme s'abattit sur elle. Un coup fatal. Qui allait la faire passer de vie à trépas. La marquise sentit la morsure du fer s'enfoncer dans son front. Et un hurlement sortir de sa gorge.

« AAAAAAAAAAAAAH !!!!! »

Elle se réveilla en sursaut dans son lit, les draps mouillés de sueurs. Aussi vite, sa servante vint ouvrir la porte et lui éponger le front tandis qu'elle était encore paralysée par la crise de panique. Les souvenirs étaient si frais qu'ils auraient pu dater de la veille. Et les cauchemars qui provoquaient des terreurs nocturnes, datant de ce jour, étaient devenu réguliers. À chaque fois, Lise l'entendait et venait à sa rescousse. Elle ne lui posait pas de questions. Elle laissait les horreurs s'évaporer sans demander à sa maîtresse de mettre des mots dessus. Au bout de vingt minutes, et une fois l'adrénaline retombée, cette dernière s'était enfin calmée. Exténuée par ce qu'elle venait de revivre à posteriori, elle s'enfonça dans son lit et se rendormit aussitôt. C'était comme ça en réalité que les gardes et soldats de la ville l'avait retrouvé, mais le choc de ce qu'elle avait vu continuait à la hanter. Cette femme qui s'était fait transpercer le crâne, ça aurait pu être elle.

Lise referma la porte sur la dormeuse et sursauta, elle aussi, quand une silhouette colossale projeta son ombre sur elle.

- Vous m'avez fait peur, c'est malin soupira-t-elle

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 11, 2022 ⏰

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