Chapitre 5 : Une discussion à coeur ouvert

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Hormis quelques étagères et un colocataire endormi à l'autre bout, la salle semblait abandonnée. C'est du moins ce que se dit Goupil en ouvrant les yeux sur son nouvel environnement. Sa tête le lançait encore et rendait son esprit confus. Les souvenirs s'entrelaçant à l'intérieur, il avait du mal à distinguer le rêve de la réalité. Il tenta de se relever mais une implacable géhenne le maintint au fond du lit. Il n'avait pas ressenti la blessure avant, si bien qu'il ne put retenir un embarrassant râle de douleur. Surpris, il releva le drap qui le recouvrait. Le tissu soulevé laissa entrevoir les bandages qui partaient de son ventre jusqu'à son dos pour l'enrouler entièrement. Timidement, il approcha ses doigts au niveau de l'épicentre. Un feu de forge s'était installé dans sa poitrine tandis qu'une crispation marqua son visage. La douleur était profonde, lancinante. Comme choqué, il revit soudainement la scène, sa tentative de fuite, ses agresseurs sur ses talons, la lame pénétrant ses chairs, éclaboussant de son sang le toit où il s'était réfugié. Puis le bond dans le vide, le froid du torrent qui l'avait accueilli, et l'obscurité qui s'était emparé de ses yeux alors qu'il perdait connaissance. Comme pris d'angoisse, il n'arrivait pas à calmer sa respiration. Les attaquants l'avaient peut-être récupéré, peut-être qu'ils attendaient qu'il soit en meilleur état pour exécuter le coup de grâce lors d'une cérémonie officielle. Mais pourquoi n'était-il pas attaché alors ? Et que faisait dans la pièce l'autre blessé ? Il n'eut le temps de se poser plus de questions avant d'entendre de l'autre côté de la porte des bruits de pas. Le rythme était rapide, et se rapprochait dans sa direction. Jetant un coup d'œil désespéré autour de lui, il chercha le moindre objet à portée de main pour se défendre. En vain. La porte s'ouvrit sur une jeune femme couverte d'un vêtement ample qui passait par-dessus ses épaule, et se terminant au genoux. Fait de laine et affecté de couleur blanche, il était resserré au niveau de la taille par une ceinture de tissu. Son visage n'était pas facile à discerner de là. Un voile lui couvrait la tête, le cou, et les côtés du visage. Habitué aux longs cheveux d'autres femmes, Goupil fut piqué de curiosité par les cheveux cachés, néanmoins courts de celle-ci.

- Bonjour Sœur Tyllege salua le deuxième patient après avoir été tiré du lit par le bruit environnant.

- Vous allez mieux monsieur Jérôme ? lui demanda-t-elle. Vous n'avez plus mal au ventre ?

- Oui, je me sens plus en forme, grâce à vous.

- Je suis ravi de l'entendre. Néanmoins, ingurgitez cette dernière décoction avant de partir. Et arrêtez de manger tous les champignons à votre portée voyons ! ajouta la religieuse, comme si elle grondait un enfant. Voyez où ça vous amène après.

Le silence qui suivit et la rougeur apparaissant sur le visage de l'homme suffirent à assurer à Rose que ce premier avait bien compris la leçon. Elle lui apporta la boisson, l'aidant à boire pour qu'il n'en renverse pas à côté. Puis, elle entreprit le rangement des draps et le nettoyage du lit quand elle entendit le second patient se plaindre de l'absence d'attention autour de son cas.

Goupil maugréait. Une fois l'observation passée, il s'était attendu à ce que la jeune femme vienne s'occuper de lui. Que nenni. Il l'a regardait bouger les affaires ici et là comme si elle ne le voyait pas. Comme s'il était invisible. Son sang bouillait dans ses veines, on pouvait même en discerner une se dessiner sur sa tempe. Il remuait de façon ostentatoire, prenait de longues et bruyantes respirations ou alors se raclaient la gorge pour exprimer son mécontentement. Si son comportement paraissait puéril, Goupil n'en avait cure. Il avait sauté dans le vide après avoir été poursuivi puis transpercé, il méritait bien un peu d'intérêt et de tendresse. Le glouton avait quitté la chambre, et pourtant lui attendait encore. Sa patience arrivant à bout, il tonna du plus fort qu'il put.

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