Idées et réalités

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Magnus planchait ardemment sur la remise en route possible de la fontaine de la place. Il avait fait appel aux architectes du Palais. Ils étaient deux et se crépaient régulièrement le chignon ce qui compliquait et ralentissait la tâche. Il était d'ailleurs en pleine réunion avec eux et ils se chamaillaient pour la énième fois en l'espace d'une heure. Avec un soupir lasse le Prince intervint.

- Raphaël, Simon vous voulez bien vous taire deux minutes. J'en peux plus de vos enfantillages.
- Mais Prince...

Magnus leva le doigt en signe d'avertissement.

- J'ai dit... Se taire Simon. Merci.

Un ricanement venant du second architecte valu à ce dernier un regard noir de Magnus. Il se pinça l'arrête du nez, fatigué de sa journée alors qu'elle n'en était qu'à ses prémisses. Les deux hommes semblèrent avoir compris qu'il fallait qu'ils se tiennent à carreau. Le Prince reprit alors.

- Je ne veux plus entendre parler du visuel architectural de la fontaine. Je veux du fonctionnel. C'est à dire de l'eau coulant de cette dernière et pas un monument à la gloire de père ou de ma personne.

Les deux hommes hochèrent de la tête et se lancèrent dans les solutions possibles tout en détaillant les plans de la ville et ses circuits hydrauliques. Lui-même n'y comprenait rien. Il n'avait jamais étudié de près ou de loin ce domaine et laissait donc ces deux énergumènes se dépatouiller avec ça.

En parallèle de cette recherche, il avait contacté le jardinier principal de la cour pour apprendre les bases de cultivation, il cherchait un moyen pour le côté éducation, qui au final était tout aussi vital s'ils voulaient plus tard être apte à trouver un métier qui leur convienne. Ainsi qu'un moyen pour qu'ils aient accès aux soins. Il y avait tellement d'urgence dans tout un tas de domaine qu'il lui était difficile de trouver une ligne de conduite à suivre.

Il avait donc fait appel à son ancien précepteur, Ragnor. Ce dernier lui avait tout enseigné. De sa première lettre à ses mathématiques avancés en passant par la bienséance. Ce dernier avait alors proposé ses propres services le temps de trouver de jeunes précepteurs, ce que Magnus s'était empressé d'accepter.

Pour le médical, il avait rencontré Catarina Loss, une soignante de la cour qui s'ennuyait ferme et cherchait de vrais malades à s'occuper et non de simples pustules ou ongle incarné. Il lui avait proposé de l'aider dans son projet d'une petite clinique pour démuni et cette dernière avait bondi de joie.

Tout semblait se mettre en place et il avait hâte de retourner dans les bas-fonds et faire part de ses avancés. De plus, un certain regard aux yeux bleus le hantait chaque nuit, l'empêchant de trouver attrayant quiconque d'autre. Il se devait de le revoir. Entendre enfin le son de sa voix.

Il se reconcentra sur les deux architectes. Ils avaient l'air d'avoir enfin trouvé un terrain d'entente.

- Prince débuta Raphaël. Nous avons réussi à nous mettre d'accord.
- À la bonne heure.

Le ton était légèrement sarcastique et les deux hommes étaient légèrement nerveux.

- Allez, dites moi tout. J'ai besoin de concret avant d'y retourner.

Simon pointa du doigt le côté Est de la cité.

- Ici nous avons un puit qui ne sert qu'en de rares occasions, par exemple lorsque le temps est plus aride que d'habitude ou lors de grandes festivités. Étant donné qu'il existe encore des canaux hydrauliques qui partent de la fontaine, nous avons juste besoin de vérifier leur étanchéité et l'état d'usure.

Magnus hocha de la tête. Cela s'annonçait prometteur. Il avait enfin du concret.

- Quand pensez-vous que l'on peut commencer.
- Nous pouvons réunir nos collaborateurs et d'ici deux jours lancer le chantier.
- Parfait. Demain j'irai donc les prévenir afin qu'ils ne soient pas surpris de votre venue. Merci pour votre travaille. Je dois m'enquérir d'autres tâches et dois donc vous laisser.

Sur les terres arides | MalecOù les histoires vivent. Découvrez maintenant