La journée s'est écoulée et le soir, j'ai appelé Laura pour prendre un peu de ses nouvelles. Le téléphone n'a pas eu le temps de sonner qu'elle avait déjà décroché. Et quel bonheur de l'entendre enfin.Quelques années plus tard, Laura expliquera que c'est la première fois qu'elle s'est inquiétée pour moi, la première d'une longue série. Elle me dira que ce soir-là, elle a enfin cru au destin et à l'amour.
Je lui ai proposé d'aller se balader à la fête foraine et j'ai pu l'entendre sourire à travers le combiné. Choses promis, choses dues. Le lendemain, j'étais levé aux aurores, je m'étais préparé : parfumé, coiffé de près, habillé soigneusement. Tout était calculé : je l'emmènerait à la fête foraine, on mangerait des barbes à papa, des churros ou des bonbons peu importe, on gagnerait un nounours géant et on s'amuserait toute la journée. Le soir, après avoir fait des attractions et après avoir eu des bouffées d'adrénaline, je lui dirais la vérité. Je lui dirais que j'étais tombé amoureux d'elle le jour où je l'avais vu, que j'étais vraiment accro. Je lui avouerais mes sentiments, dans les moindres détails parce qu'il fallait qu'elle le sache...
Et puis la journée s'est déroulée exactement de cette façon, à un détail près : après une journée magnifique, après nos rires, nos câlins, nos nounours, nos bonbons, j'ai laissé tombé mon discours tout préparé. J'ai tout laissé tomber parce que je me sentais con et que j'avais pas le courage de faire ça.
J'ai simplement souri, je n'ai fait que ça : sourire. Puis alors que je la ramenais chez elle, Laura m'a embrassé et j'suis devenu fou d'elle. Fou d'amour. Fou de sa tendresse, de ses petites mains, de son caractère. J'étais tombé sous le charme. J'avais le béguin, le coup de foudre, appelez-ça comme vous voulez, mais sachez juste que ça s'est passé. Et j'étais persuadé qu'elle l'avait vu dans mes yeux.
C'est bien là, la plus grosse erreur de l'homme : penser que tout le monde lit en nous. J'étais certain qu'elle avait compris mes sentiments, certain qu'elle n'avait pas besoin de l'entendre, j'en aurais mis ma main à couper. Et finalement aujourd'hui, je me rends compte que tout ça est faux. Elle me l'a elle-même dit d'ailleurs : "Tu sais Djelil, je ne peux pas deviner ce que tu n'as jamais dit". Ces mots-là me déchirent encore le coeur à l'heure où je vous écris ces quelques mots..
On a passé la soirée ensemble, à se bouffer des yeux, à se raconter nos souvenirs d'enfance, même si j'en avais peu. C'est pour toutes ces choses-là que je l'aimais, parce qu'elle m'aimait moi, dans mon intégralité. Elle prenait mes peines, mes craintes et mes mauvais souvenirs avec elle et tout ça me soulageait. Je l'aimais de m'aimer autant. Je suis sûr que jamais, je ne trouverais une femme qui m'aimera autant qu'elle a pu m'aimer. J'l'ai su quand c'était trop tard, quand j'avais tout foutu en l'air.
Cette soirée-là à marqué le début de notre "relation", le début de notre "couple" un peu bancal. J'ai dormi à ces côtés, j'ai caressé ses cheveux toute la nuit et même si j'avais peu dormi, j'me sentais en pleine forme. J'avais comme "besoin" de ça, besoin d'elle et de sa présence pour aller mieux. Je suis parti le lendemain matin, après l'avoir longuement couvert de bisous.
Je suis rentré à la maison en étant un homme épanoui, heureux, chanceux de l'avoir rencontré. J'ai gardé ça pour moi, bien caché à l'intérieur de moi pendant plusieurs mois. Notre relation secrète me plaisait. Le problème, c'est que Laura a commencé à vouloir "plus" et que j'étais incapable de lui donner. Les messages se sont fait de plus en plus nombreux, les appels aussi. Elle avait besoin d'être avec moi plus souvent, me réclamait tous les soirs. E tout ça m'a rapidement dépassé. Alors au bout de quelques mois, j'ai commencé à m'écarter d'elle, bêtement, comme un enfant.
J'aurais dû lui dire la vérité, j'aurais dû lui dire que moi aussi, j'étais fou amoureux d'elle mais que j'avais peur de tout ça, peut-être que ça l'aurait rassurée. A l'inverse, j'ai pris mes distances sans jamais rien lui dire. Pourtant je sais bien qu'elle méritait mieux que moi et j'avais tellement peur de la voir partir pour un autre que je faisais tout pour qu'elle m'aime un peu plus fort, tout en restant assez distant pour ne pas me jeter dans le gouffre.
Alors mes SMS se sont raréfiés, mais étaient plus tendres. Mes visites étaient moins quotidiennes, mais toujours les mêmes, toujours aussi agréables. On s'aimait toujours aussi fort, mais avec plus de méfiance peut-être. Plus de "peut-être", moins de "je suis sûr".
J'l'ai jamais autant aimé qu'aujourd'hui, même si c'est trop tard. Ca non plus, j'l'ui ai jamais dit, mais j'aimerais qu'elle le sache.
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Djelil, l'Amour aux deux visages
RomansDjelil a décidé de ne jamais donner son coeur à une femme ; par peur qu'un jour, elle finisse par le briser. Il s'est donc construit tout un empire intérieur, difficile d'accès. Il vit au jour le jour et rien ne semble pouvoir l'arrêter, rien sauf l...