XI

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« Nous avons tous un Ange-gardien qui nous relève lorsque nous tombons. »

Isabelle Sarter-Tisne


Cela peut arriver ainsi sans que l'on comprenne comment. Un jour, nous rencontrons certaines personnes et pour une raison inexplicable, nous nous sentons plus liés à ces étrangers que quiconque, plus proche d'eux que de notre famille la plus proche.

Peut-être ces personnes portent en elles des anges qui nous sont envoyés dans un but plus supérieur, pour nous enseigner une leçon importante ou pour nous garder en sécurité pendant une période périlleuse. La seule obligation à avoir est de leur faire confiance, pareillement si elles vont de pair avec la douleur ou la souffrance, la raison de leur présence deviendra claire en temps voulu.

Bien que voici un mot d'avertissement. Nous pouvons apprécier ces dites personnes avec la plus grande abnégation, mais rappelons-nous qu'elles ne nous appartiennent pas. Leur but n'est pas de nous sauver, sinon de nous montrer comment nous sauver nous-même. Et une fois cela accompli, le halo se lève et les anges quittent leurs corps. Alors est grand le risque que les personnes quittent notre vie.

Non ! Il est hors de question qu'Isabelle meure et le laisse seul ! Pas alors qu'il l'a sauvé de ce trou noir qu'est la dépression ! Pas alors qu'elle l'a sauvé de la manipulation d'une vipère ! Cet amour partagé entre eux est trop cher pour qu'il le laisse disparaître !

- Louis ?

L'interpellé, jusque là assis dans un fauteuil près de la cheminé de ses appartements, relève brusquement la tête vers son épouse venant de passer le seuil de sa porte. Il ne manque ni la lettre dans sa main, ni son expression mécontente.

- Quelles nouvelles m'apportez-vous, Marie ?

- Elles ne sont pas des plus plaisantes, je le crains.

La reine ne perd point de temps pour tendre la missive à son mari, qui la saisit tout en se levant de son siège. Sa lecture finie, il darde un visage blême sur sa vis-à-vis ne s'étant toujours pas déridée.

- Quand cette lettre est-elle arrivée ?

- Dans le début de la soirée, de la part de François de Hautecourt. Comme vous avez pu le lire, la condition d'Isabelle a fortement empiré en bientôt quatre jours. Et ce n'est qu'une partie de ce qui m'accable.

Le souverain cligne des yeux au ton sec et froid de sa femme. Il fronce les sourcils à son tour, l'énervement s'emparant de lui.

- Parlez franchement et dites-moi quelle contrariété vous ai-je causé pour mériter votre colère ! J'ai juré de sauver Isabelle depuis que j'ai appris son empoisonnement et je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour réaliser cette promesse !

- Cette promesse ? N'en n'aviez-vous pas déjà fait une autre auparavant et qui pourtant est aujourd'hui brisée ? Avez-vous oublié l'avertissement que je vous avais donné il y a un mois de cela ? « Prenez garde à la protéger, car ni vous ni moi ne voudrions qu'il lui arrive malheur » !

- Seigneur, Marie, n'allez point me faire de leçons sur les serpents qui constituent notre cour ! Pour cet art de connaître les hommes, qui est si important, je vous dirai qu'il se peut apprendre, mais qu'il ne se peut enseigner* ! Et je suis parfaitement au courant qu'il faut toujours s'attendre à risquer un coup de poignard dans le dos ! C'est toujours l'impatience de gagner qui fait perdre*, y compris dans ce cas-ci !

Force est de reconnaître à Marie-Thérèse qu'elle ne peut répondre à cela. Elle ne peut décemment pas nier que son époux sait mieux que quiconque le genre d'échiquier mortel sur lequel chacun d'eux se trouvent, bien malgré eux.

L'Amour du SoleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant