77 gunshots

chapitre 4

Les semaines passent lentement pour toi. Tu te lèves à l'aube, mets tes vêtements, fais du vélo à travers les rues froides et brumeuses du matin jusqu'à la maison Moretti. Là, tu fais un rapport à Levi, qui a pris l'habitude de te réprimander.

C'est un peu dûr. Même si tu essaies de ne pas y penser.

Tu ne t'impliques pas trop dans le chaos, la plupart de tes efforts vont dans le bon fonctionnement du commerce de l'alcool. La plupart du temps, Levi t'emmène au café et la majorité de tes journées là-bas sont passées à regarder les autres jouer aux cartes tandis que les mules, viennent réapprovisionner leurs sacs.

C'est un autre de ces mercredis ennuyeux. Georgie a gagné trois parties de poker d'affilée, à la consternation de Robert, le grand homme que tu as rencontré lorsque tu étais venu postuler.
Dans l'ensemble, Levi a une assez grande escouade avec des dizaines d'opérations dispersées, mais il a quelques hommes de confiance qu'il garde à proximité : Georgie, Robert, Anton, Donnie. Et en tant que nouvel ajout, toi.

Anton et Donnie sont deux membres relativement nouveaux. Jeunes et enthousiastes, ils dirigent les missions plus personnelles de Levi. Ils livrent surtout des lettres et exécutent des shakedowns ou des coups comme ordonné.
Pour les nouveaux arrivants, il donne des missions banales mais la confiance de Levi en toi est si inexistante qu'il ne te fait même pas confiance pour aller démarrer sa voiture pour lui. Ainsi, tu es collée à ses côtés pour encore longtemps.

« Quelle journée ennuyante aujourd'hui », soupire Robert alors qu'il renonce à une autre partie contre Georgie. Il gratte la peau entre ses doubles-mentons et se tourne vers un jeune soldato dont le nom t'échappe. Le garçon semble encore plus jeune que toi.
« Va me chercher un autre verre de whisky, petit », lui dit-il. Le garçon hoche la tête et se précipite vers l'arrière.

Tu ne joues pas avec eux aujourd'hui. Tu es assises sur le rebord de la fenêtre, les jambes croisées, à regarder par la fenêtre. Tu vois des femmes au foyer dans leurs promenades de midi, des camions de livraison passent et exactement zéro chose d'intéressante se passe.
Tu regardes les quatre hommes à la table, mais décides de ne pas rejoindre leur jeu de poker. Les sommes qu'ils misent ne sont pas minimes, et tu ne veux pas perdre tes salaires durement gagnés en une journée. Qui sait quand tu devras fuir le pays à l'improviste?

Levi ne se joint jamais à leur jeu. Il passe son temps d'une manière similaire à la tienne, regardant gentiment par la fenêtre. En fait, même la façon dont tu t'assoies ressemble étrangement à celle de ton Capo que Robert et Georgie appellent parfois Levi piccolo.
Aujourd'hui semble être un autre jour très calme. C'est ce que tu pensais.

Après quelques minutes, le soldato que Robert a envoyé chercher plus d'alcool sort de l'arrière-salle, se grattant le cou.
« On a plus de whisky », annonce-t-il aux autres. Georgie s'arrête net alors qu'il était en train de distribuer les cartes pour une nouvelle partie de poker. Robert cligne des yeux.
Levi saute sur ses pieds du rebord de la fenêtre et marche vers l'arrière pour vérifier. Une douzaine de minutes plus tard, il sort avec une liste.

« Nous devons nous réapprovisionner », annonce-t-il. Tu gardes les yeux rivés dehors, tu écoutes attentivement, mais tu fais semblant de ne pas le faire. C'est peut-être une chance.
« Robert, tu y vas vendredi », ordonne Levi. Robert hoche la tête et pointe du doigt les deux soldatos dont tu ne te rappelles toujours pas les noms.
« Vous deux venez avec moi. »
Les soldatos ont l'air confus. Ils sont presque aussi nouveaux que toi.

« Où trouve-t-on exactement le whisky? »
« Nous avons une distillerie dans l'Iowa qui produit du whisky de grande qualité. Nous irons le chercher vendredi soir », dit-il.
« L'Iowa? On va quitter l'État? » demande l'un d'eux. Demande-lui quand. Dis-tu dans ta tête.
« Quand? »
Tu dois te retenir de sourire.
« Nous partons d'ici à 18 h vendredi soir », décide Robert en poussant un soupir. « Nous travaillons avec une petite équipe plus difficile à détecter. Moi plus vous deux », il pointe du les soldatos. « Une seule voiture, une de plus, et nous risquons que les flic s'y intéressent. »
« ça prendra toute la nuit? » demande l'un d'eux avec un soupir de souffrance. « J'ai promis à ma copine de l'emmener danser ce soir-là. »